"Faut-il un ministère de la Culture ?", avec Jean-Jacques Aillagon et François Bayrou

Jean-Jacques Aillagon, Président des Arts décoratifs et ancien ministre de la Culture, était l'invité du 6e "Rendez-vous de la démocratie", mardi 26 février. Revivez l'événement en vidéo et au travers de la synthèse rédigée par les étudiants du MoDem Sciences-Po.

Jean-Jacques Aillagon, ancien Ministre de la Culture, successivement Président du Centre Pompidou, du Musée de Versailles, et des Arts décoratifs, est une figure incontournable des politiques culturelles en France. A l’occasion de ce 6ème Rendez-vous, M. Aillagon est venu répondre à la question : "Faut-il un Ministère de la Culture ?" 

La question sonne comme une provocation, a-t-il concédé ; pourtant, de nombreux pays sont dépourvus d’un Ministère de la Culture. En France, sous la IIIe et la IVe République, l’Etat a longtemps mené des politiques culturelles efficaces, avant même qu’un Ministère de la Culture ne soit créé, en 1959, pour André Malraux. 

A chaque élection présidentielle, le débat autour de la nécessité d’un Ministère de la culture ressurgit : pour les ultralibéraux, par exemple, la culture doit être le ressort spontané de la société civile, et à ce titre, toute intervention de l’Etat dans ce domaine ferait courir le risque d’une "culture d’Etat". 

Dans les années 1980, le Ministère de la Culture a bénéficié d’une personnalité forte à sa tête et d’une considérable manne budgétaire. Aujourd’hui, il doit s’adapter aux changements et aux nouvelles contraintes. 

Le Ministère de la Culture doit s’adapter aux évolutions du domaine culturel 

Jean-Jacques Aillagon a apporté son diagnostic sur les changements à l’œuvre dans le monde de la culture, soulignant notamment : 

- La montée en puissance des collectivités locales dans l’action culturelle, dans le cadre de politiques de décentralisation ou par initiative propre. 

- L’émergence de nouveaux acteurs : industries culturelles privées, fondations, particuliers, collectionneurs. La puissance publique est-elle encore au cœur de l’activité culturelle ? 

- L’explosion de l’offre sous l’effet de la révolution numérique. La numérisation et le compactage des œuvres, facilite et accélère leur diffusion. Pour le partage de la culture, il s’agit d’une chance extraordinaire. 

- La culture mondialisée. Dans ce contexte de mondialisation culturelle, une politique culturelle européenne devient indispensable. Un programme de « capitales culturelles » a été lancé, une initiative intéressante, mais insuffisante. 

Le paysage a changé, sans que le Ministère de la Culture n’ait suffisamment repensé son action auprès des citoyens. Cela pose la question de l’adaptation des politiques culturelles aux changements et la question de la modernisation de l’Etat dans son ensemble. 

Les recommandations de M. Aillagon 

L’action culturelle de l’Etat et des collectivités est nécessaire : il en va de l’épanouissement et de la dignité des citoyens, du rayonnement culturel de la France et du principe d’un accès égal des citoyens à l’offre culturelle, dans des conditions équivalentes et sur l’ensemble du territoire. Mais cette action culturelle publique doit gagner en efficacité. Jean-Jacques Aillagon a proposé quelques pistes d’amélioration. 

- Un Ministère de la Culture élargi, capable d’embrasser l’éducation, la culture et la jeunesse… Pour Jean-Jacques Aillagon, la culture et le savoir sont inséparables. L’école est en ce sens le premier espace d’acculturation universellement accessible. 

- Un meilleur aménagement culturel du territoire. En matière de politiques culturelles, l’Etat devrait, selon M. Aillagon, repenser sa relation avec les collectivités locales, de manière à rendre ces politiques plus lisibles par les citoyens. M. Aillagon a salué le succès de l’installation du Centre Pompidou à Metz et du Louvre à Lens. Il s’agit de faire en sorte que les établissements nationaux ne soit pas strictement parisiens. 

- Une politique globale de la culture. La politique de la culture ne peut se résumer à un entassement de décisions : il appartient au Ministre d’énoncer clairement ses choix et ses priorités. 

- Une utilisation plus efficace des moyens budgétaires. Aucun Etat d’Europe ne mobilise autant de moyens que la France pour son action culturelle : 7,4 milliards d’euros, un chiffre important. 

- Une politique européenne de la culture. L’Europe doit faire valoir à la fois la richesse de ses cultures nationales et son socle culturel commun : antiquité gréco-romaine, christianisme, pensée des Lumières… 

Simplifier d’urgence l’organisation administrative 

François Bayrou est revenu sur le problème du manque de lisibilité de l’organisation administrative et politique, tant au niveau des collectivités qu’à l’échelle européenne. Cette excessive complexité des institutions contribue à éloigner les citoyens et des décideurs, alors même que la transparence est aujourd’hui consacrée comme exigence fondamentale. 

Sur la bipolarisation gauche/droite dans la culture 

Bien que l’on puisse attribuer à la droite une vision plus « patrimoniale » de la culture, et à la gauche un tropisme pour les « actions culturelles », Jean-Jacques Aillagon a surtout plaidé pour des « objectifs de convergence nationale » en matière de culture, qui dépassent les intérêts partisans et la précarité des ministres successifs. 

Sur l’autonomisation des institutions culturelles 

Pour M. Aillagon, l’Etat doit être capable de déléguer aux institutions le soin de mettre en œuvre des pans de la politique culturelle. Les succès du Musée du Louvre et du Centre Pompidou sont la démonstration des bienfaits d’une relative autonomisation, étant entendu que l’Etat doive néanmoins conserver ses moyens d’évaluation.

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