"Faisons le grand pas nécessaire vers la simplification du droit du travail"

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Après l'accord sur l'emploi survenu entre les syndicats de salariés et le patronat, François Bayrou a appelé à entamer "le grand pas nécessaire vers la simplification du droit du travail" et "vers la sécurisation des entreprises aussi bien que des salariés", mercredi 16 janvier sur BFMTV.

Pour le leader centriste, il est aussi temps de "lever les blocages d'un État et d'administrations publiques qui, à force de réglementations et de contrôles multiples, se paralysent eux-mêmes". "Ma certitude est que nous pouvons faire des économies et servir mieux les Français", a-t-il soutenu.

JJ. Bourdin - Vous dites à Hollande : "Tranchez, assumez l'urgence publique". Ça veut dire quoi ? C'est un avertissement que vous lui lancez ? Qu'est-ce que vous lui dites ?

François Bayrou - Je lui dis que nous avons ce matin sous les yeux Renault, 7.500 suppressions d'emplois après les 8.000 de Peugeot. Ce qui se passe dans l'automobile est extrêmement éclairant, même aveuglant. Nous avons un grand concurrent allemand, qui gagne beaucoup d'argent et qui crée beaucoup d'emplois dans des conditions très favorables pour les salariés. Chez nous, nos deux grands constructeurs nationaux ont des problèmes de stratégie d'entreprise et qui frappent les salariés.

"L'ÉTAT ACTIONNAIRE A UNE RESPONSABILITÉ STRATÉGIQUE"

Nous avons besoin d'une stratégie nationale. Il y a deux aspects dans ces affaires. Il y a la stratégie de l'entreprise. L'État, nous, sommes actionnaire chez Renault à hauteur de quinze pour cent et donc un gros actionnaire. Le rôle de l'État dans la stratégie de Renault me paraît, depuis des années, sujet d'interrogation : à quoi sert-on ? Nous avons cette responsabilité dans la stratégie d'entreprise. Nous avons une deuxième responsabilité : quelle est la place, le soutien, apportés à l'industrie et à la production en générale, dans notre pays ? J'ai fait de ce sujet un sujet emblématique de mon action politique depuis des années. Nous avons sous les yeux cette question. Il faut une stratégie nationale !

Ça veut dire que le gouvernement et le Président de la République n'en ont pas ?

Ne soyons pas simplistes. Dans la conférence de presse de François Hollande, en novembre, la stratégie apparaissait. Les accords entre les syndicats de salariés et le patronat ont un contenu positif. Il y a les décisions sur la flexibilité, sur les mutuelles pour les salariés, sur la possibilité pour un salarié de garder ses droits à la formation et au chômage, etc. Mais est-ce qu'elles suffisent ? Elles vont favoriser la situation, mais pas créer des emplois tant que nous n'aurons pas fait un pas décisif, qui passe par la simplification des contrats de travail. Nous avons encore ajouté des empilements de taxes sur les CDD de courte durée... Je pense que toute complexification est nuisible à l'emploi. Quand vous êtes une PME, une TPE ou un artisan, tout ce monde du droit du travail extraordinairement labyrinthique est pour vous une menace, une difficulté et un risque. Le grand pas nécessaire vers la simplification, vers la sécurisation pour les entreprises aussi bien que pour les salariés, n'a pas encore été fait.

"LES ADMINISTRATIONS SONT DEVENUES AUTO-BLOQUANTES"

La Cour des comptes demande, comme vous, des actions vigoureuses. Le gouvernement est-il vigoureux sur ce terrain là ? On nous dit qu'il faut maintenir l'objectif de déficit à trois pour cent, mais on nous promet des milliards de nouvelles dépenses publiques...

L'engagement de respecter les trois pour cent de déficit cette année, c'est bien. Mais pour l'instant, les économies n'apparaissent pas. Ma certitude est que nous pouvons faire des économies, lutter contre des dépenses exagérées et servir mieux les Français. Vous savez très bien ce qu'il se passe : quand vous demandez une décision de l'État et des administrations, vous n'êtes jamais au bon guichet. On vous promet que ça va être pris et puis c'est renvoyé. Ou bien, c'est au Conseil général qu'il faut aller, mais en fait c'est au Conseil régional, et puis finalement à la Mairie, puis à la préfecture, … Vous savez bien cet éternel jeu de billard et de ping-pong dans lequel les citoyens, les usagers de l'administration, sont renvoyés comme une balle passive. On a l'impression qu'on ne peut jamais prendre une décision en temps et lieu. Le nombre de décisions annoncées par l'État, sous tous les gouvernements, qui six mois après n'ont toujours pas été prises et appliquées... L'État et les administrations publiques sont devenus auto-bloquants. Ils se paralysent eux-mêmes à force de réglementations et de contrôles multiples. Ce sont ces blocages là qu'il faut lever !

Est-ce que vous êtes favorable à une loi qui obligerait un industriel à céder une usine rentable promise à la fermeture ? C'était une promesse de François Hollande.

Je pense que c'est une bonne idée. Je vais vous raconter l'histoire d'une entreprise qui s'appelle Celanese, basée sur le bassin de Lacq, qui était le dernier producteur européen d'une substance indispensable à toutes les industries de chimie : l'acide acétique. Elle a été rachetée par un fonds de pension américain. L'Europe lui a dit : "Attention, pendant quatre ans, vous n'y touchez pas, vous maintenez ouvert". Au bout de quatre ans et un jour, ils ont fermé. Ce qu'était venu acheter le fonds de pension, ce n'était pas l'usine, c'était les clients. Il n'y a plus aucune usine d'acide acétique en Europe, l'activité a été transférée en Arabie Saoudite. Ça n'est pas prudent : l'indépendance de l'Europe n'est plus assurée. Il s'agit là d'une opération de spoliation organisée, devant laquelle les pouvoirs publics sont restés muets. Quand il s'agit d'une entreprise qui marche, de surcroit dans un domaine stratégique, il est de la responsabilité de l'État d'ouvrir la possibilité de la transférer à d'autres entrepreneurs et entreprises.

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