"Face à la barbarie sans frontières, il faut une mondialisation de la sécurité"

François Bayrou a renouvelé son "soutien sans faille" à l'intervention française au Mali, jeudi sur le plateau de la Matinale de Canal Plus. Un soutien encore renforcé par la prise d'otages en Algérie, qui témoigne à ses yeux d'une "barbarie sans frontières" face à laquelle les États doivent rassembler leurs forces.

Apolline de Malherbes – Est-ce que la prise d'otage d'hier vous faire nuancer votre soutien au président de la République ?

François Bayrou - Au contraire, ce qui est en train d'apparaître aux yeux de tous, c'est qu'il s'agit d'une barbarie sans frontières, dont la cible n'est pas l'État du Mali, tel ou tel pays, la cible est générale. Ce que cette barbarie veut mettre en place, c'est un khalifat, un État dont la loi serait fanatique, imposée à tous. Vous savez bien ce que ça veut dire : nous avons vu des destructions de mausolées historiques, des couples qui avaient eu des enfants hors mariage tués par lapidation, des flagellations, les femmes sont interdites de sortie, il suffit de fumer pour être aussitôt fouetté très durement en public. Tout cela, c'est une barbarie. Qui peut l'accepter ?

Cela révèle une guerre mondiale ?

Je ne sais pas si on peut employer le terme de guerre mondiale, mais c'est la guerre d'une barbarie qui veut un retour en arrière de mille ans face à des pays et des sociétés qui ont choisi la liberté personnelle.

"LES ÉTATS DOIVENT RASSEMBLER LEURS FORCES"

Est-ce que la France a bien fait d'accepter d'y aller seule ?

Ce qui s'est déclenché la veille et l'avant veille de l'intervention française, c'est que ces groupes ont décidé d'attaquer le Sud du Mali et la capitale, Bamako, pour avoir un État tout entier qui serait la base arrière du terrorisme dans la région. C'est à nos portes, c'est un pays francophone et il y a 6.000 Français là-bas. Nous sommes inquiets d'avoir 8 otages, mais nous en aurions eu 6.000. Le président de la République n'avait pas le choix. Il fallait qu'il agisse vite et de manière déterminée. Je pense qu'il a fait ce qu'il fallait faire.

Mais nous sommes les seuls à avoir les mains dans le cambouis. Est-ce que la France peut rester seule ?

Nous ne sommes pas seuls. Il y a un soutien logistique, en terme de renseignements et en armes. Nous sommes les seuls pour l'instant à être présents sur le terrain, mais vous avez entendu que des troupes du Niger arrivent aujourd'hui. La prise d'otages hier en Algérie montre que beaucoup d'États européens et les États-Unis vont devoir rassembler leurs forces pour faire reculer cette barbarie sans frontières.

Ne pas y être allé avant, est-ce la preuve de l'échec de l'Europe de la Défense ?

Elle n'existe pas encore. Le conflit est la révélation, le symptôme, que cette Europe de la Défense serait importante et précieuse. Nous n'avons pas d'avions de transport, nous sommes obligés d'aller en chercher ailleurs. Nous n'avons pas de drones, ces avions sans pilotes qui survolent des zones pour apporter des renseignements précis et faire des photos. Tout cela ne peut se faire qu'ensemble, en mutualisant les efforts. Nous vivons, en ce début de XXIe siècle, un temps où nous voyons que l'Europe est indispensable mais qu'elle n'existe pas encore. La responsabilité, l'action des gouvernants et des responsables publics conscients, c'est de faire naître cette Europe dont nous avons besoin pour vivre. Demandez aux familles qui ont des otages en Algérie. Vous voyez bien que nous avons besoin de forces conséquentes pour lever ce genre de menaces.

PRISE D'OTAGES : "NOUS DEVONS FAIRE CONFIANCE À L'ALGÉRIE"

L'Algérie dit qu'il n'y aura pas de négociations avec les terroristes. Est-ce que vous redoutez un bain de sang ? Est-ce que la France doit prendre le contrôle ?

La France ne peut pas agir seule. L'Algérie est un État souverain. C'est un État qui a une tradition militaire très forte. Nous devons lui faire confiance. Cette barbarie menace tous les États de la grande zone autour de cette région du Sahel. Tous les États d'Afrique du Nord, tous les États d'Afrique de l'Ouest, tous les États européens. C'est aussi un des effets de la mondialisation : tout le monde travaille chez tout le monde, les entreprises et les expatriés sont présents sur le terrain. C'est la situation de dizaine de milliers de familles. Face à cette mondialisation, il faut une mondialisation de la sécurité.

François Hollande et le gouvernement ne communiquent pas sur les otages depuis hier matin. Il n'y a pas de confirmation officielle sur le nombre d'otages français. Comprenez-vous ce silence ?

Je fais confiance, et je l'ai toujours fait sous les gouvernements précédents, aux autorités en place lorsqu'il y a des problèmes aussi délicats et graves que ceux-là. Il y a une très grande expérience de la diplomatie et du renseignement français sur les prises d'otages. Je leur fais confiance et je n'ai aucune raison de mettre en doute les choix stratégiques qu'ils font.

Votre soutien est donc sans faille sur l'intervention au Mali et la gestion de cette crise ?

Mon soutien est sans faille. Il y a des questions dans lesquelles notre survie comme pays, comme société, est en jeu. Sur ces questions là, il faut que l'on ait une solidarité absolue. Selon moi, les questions qui touchent au chômage et à la crise économique devraient être du même ordre, car elles menacent tout autant l'avenir du pays.

Cela veut-il dire que vous soutenez le président de la République, quel qu'il soit, ou que vous trouvez que l'homme François Hollande a été à la hauteur ?

Je trouve qu'il a agi comme il fallait : avec détermination, promptitude, sans tergiverser. Et il le fait sans volonté de se mettre en scène, ce que je trouve bien. Ça mérite qu'on le soutienne et qu'on l'aide.

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