Union européenne : "Schengen va mourir si l'on ne met pas en place des contrôles aux frontières extérieures"

Invitée d'i>télé jeudi 5 mai, Marielle de Sarnez a défendu l'idée d'une Europe unie, capable à la fois de protéger ses frontières extérieures et de bâtir un droit d'asile assumé et respecté en son sein.

A Londres, le travailliste Sadiq Khan est en passe de remporter la mairie face au conservateur Zac Goldsmith. Si vous étiez londonienne, vous auriez voté pour qui ?

Pour Sadiq Khan. Pour une raison extrêmement simple : il est très européen. Il a dit vouloir être, s'il est élu maire de Londres, le meneur de la campagne contre le Brexit. Ça me fait très plaisir qu'une personnalité politique qui va, peut-être, dans les heures qui viennent, devenir maire de Londres, rappelle que l'Europe c'est bien et qu'il faut y rester. Il croit en cet idéal européen.

Il est issu d'une famille pauvre, musulmane – on l'a beaucoup rappelé pendant la campagne. Une telle success story serait-elle possible en France ?

Oui, on a beaucoup rappelé qu'il était issu d'une famille musulmane. Je ne pense pas qu'il faille le qualifier par sa religion, je vous le dis comme je le pense. J'ai regardé sur Google son nom, j'ai vu qu'il avait une superbe histoire. C'est un Européen, il est fils d' immigré pakistanais, son père était conducteur de bus. Il a fait toute une campagne pour que ça aille mieux pour les Londoniens, les plus modestes d'entre eux parce que lui-même vient d'une famille modeste, dans les domaines du transport, du logement... Je trouve que c'est intéressant dans un pays comme la Grande-Bretagne qui est parfois très ultra-libéral économiquement. De ce point de vue, je trouve qu'il a un profil intéressant, attachant mais, le qualifier par sa religion, c'est quelque chose que je me refuse à faire.

Inversement, qu'est-ce que vous reprocheriez à Zac Goldsmith ?

Pas assez européen ! C'est exactement cela. On voit bien que les conservateurs sont gênés aux entournures par cette affaire européenne ; tout ça parce que David Cameron a, à l'intérieur de son parti, notamment Boris Johnson, le maire de Londres sortant, qui fait campagne pour le Brexit. Donc l'Europe s'est invitée dans cette campagne. Si les Londoniens choisissent un maire européen, ce sera pour moi un signal positif. Mais attendons les résultats !

Vous faites le parallèle avec le référendum ?

Je dis que ça a un sens, peut-être.

Quel est l'intérêt des Britanniques, selon vous, à rester dans l'Union ?

L'intérêt britannique est de rester dans l'Union et de ne pas s'isoler face aux défis qui sont ceux du monde aujourd'hui. On l'a vu tout à l'heure quand on a parlé de la Syrie, de Palmyre, des bombardements sur le camp de réfugiés, et je pourrais continuer la liste des défis extrêmement lourds et extrêmement importants qui se rajoutent aux défis économiques que l'on connaît tous aujourd'hui en Europe. Évidemment que l'union fait la force, c'est quelque chose de simple mais qu'il convient vraiment de rappeler.

J'aimerais que l'on se penche à présent sur une phrase d'Angela Merkel prononcée cet après-midi en Italie. La chancelière allemande a appelé ses collègues européens à défendre les frontières extérieures de l'Union européenne pour éviter un retour aux nationalismes. Les mots sont forts.

Elle a raison ! Il faut défendre les frontières extérieures. Schengen va mourir si les Européens, les chefs d’État et de gouvernement, ne sont pas capables de mettre en place ce qu'il faut mettre en place aux frontières extérieures.

Vous êtes d'accord également sur les risques ?

Nous voyons bien qu'il y a des risques d'isolationnisme, des égoïsmes nationaux qui prennent le pas sur le collectif, nous le voyons tous les jours. La responsabilité des chefs d'Etat et de gouvernement – Angela Merkel de ce point de vue a raison, j'aimerais entendre François Hollande sur cette question mais je ne l'entends pas – est d'avancer pour avoir des frontières extérieures qui soient sécurisées. Des frontières où l'on contrôle les ressortissants européens à leur entrée et à leur sortie, où l'on contrôle les ressortissants des pays tiers. Que l'on fasse comme les grands pays du monde !

Comment on le fait, très concrètement ?

On le décide ! Si on le décide, on peut le faire. Les États-Unis le font. Sur leurs façades maritimes, ils ont des garde-frontières, des garde-côtes. Mettons en Europe des garde-frontières, des garde-côtes et mettons des contrôles aux frontières extérieures de l'Union européenne et de Schengen.

Érigeons des frontières physique, c'est ce que vous nous dites ?

Je parle de contrôles, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas du tout envie de dire. Je ne suis pas de celles qui pensent qu'il faut reconstruire des murs. Lorsque j'en vois, je pense que ce sont des échecs absolument terribles.

Mais comment pouvez-vous contrôler les frontières sans des blocages physiques ?

Il faut des contrôles, comme le font les États-Unis d'Amérique, par exemple. Il faut aussi – je parlais des réfugiés il y a quelques minutes – que l'on ait un droit d'asile respecté, assumé, et que ceux qui veulent rejoindre l'Union européenne, par exemple les Syriens dont les vies sont en danger, puissent le faire par des voies légales sans passer par des passeurs.

Demain, cela fera quatre ans que François Hollande a été élu à l’Élysée. Un mot pour qualifier ces quatre ans ?

D'abord, cela passe très vite. François Hollande dit que ça va mieux, je pense que les Français sont à l'opposé de ce jugement dans ce qu'ils vivent tous les jours. Et, plus grave encore, j'ai le sentiment que François Hollande est reparti en campagne. Nous sommes à nouveau en campagne pré-électorale. Cela veut donc dire que l'on zappe complètement un an de mandat et cela m'inquiète pour mon pays. Il y avait encore du temps qui aurait pu être utile. Là on est en campagne, on fait des cadeaux et des annonces à peu près tous les jours... Mais Nicolas Sarkozy avait fait la même chose à la fin de son mandat la dernière fois, ça ne lui avait pas porté chance, je pense que ça ne portera pas chance non plus à François Hollande.

François Bayrou, lui, n'est pas en campagne, il soutient Alain Juppé. C'est un soutien inconditionnel ? Le MoDem est derrière Juppé ?

Ce que je sais, c'est que le pays a besoin d'être rassemblé pour opérer un redressement dont nous avons besoin. Les Français ont besoin de vivre mieux demain. Et, pour vivre mieux, je vous le dis vraiment, il va falloir dépasser les affaires partisanes et pouvoir nourrir des rassemblements plus larges. Il va aussi falloir des changements importants dans la manière de gouverner.

Mais c'est vraiment un soutien sans condition aujourd'hui alors qu'Alain Juppé n'a pas encore présenté son programme ?

Tout le monde sait qu'Alain Juppé a au moins cette volonté de rassembler. Je trouve que de ce point de vue, c'est intelligent. Qui pourra faire croire qu'il va relever le défi de toutes les difficultés auxquelles il faudra faire face, que ce soit dans notre école, dans notre économie, dans notre société, avec simplement les réflexes partisans d'hier ? Il va falloir dépasser tout ça.

Si c'est Nicolas Sarkozy qui remporte la primaire à droite, François Bayrou se présentera ?

Mon souhait, c'est qu'Alain Juppé remporte la primaire, j’œuvrerai dans ce sens-là. Si Nicolas Sarkozy est élu, ce que je ne souhaite pas, à ce moment, nous l'avons dit et redit, nous serons libres.

 

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