Égypte : Marielle de Sarnez souligne la gravité de la situation

"Nous voyons bien tous : ce qui se passe en Egypte est très grave. La situation économique y est catastrophique, s'y ajoute une crise politique, une crise institutionnelle, constitutionnelle et démocratique. On a le droit ici de s'interroger sur le contenu du texte qui va être soumis à référendum. 

Au fond ce projet de constitution au lieu d'empêcher les abus, j'ai le sentiment qu'il laisse la porte ouverte à toutes les interprétations et justement à tous les abus en matière d'égalité femmes-hommes, en matière de protection du droit des minorités, en matière de respect des libertés publiques. Donc je m'interroge. Je m'interroge aussi sur le climat. Ce climat de violence extrêmement lourde, de clivages très forts entre pro-islamistes et anti-islamistes, n'est pas propice à la tenue d'un référendum. 

J'ajoute que les Egyptiens n'ont aucune information sur le vote, cela m'a été confirmé hier par le blogueur Mahmoud Salem au téléphone. 90 pour cent des juges ont refusé désormais de superviser ce référendum. Oui, on peut s'interroger. 

Je crois que le Président Morsi devrait donner des signes d'apaisement, devrait reprendre la dialogue, reprendre la concertation, entendre les préoccupations tout à fait légitimes de l'opposition et faire un geste en repoussant, pourquoi pas, la date de ce référendum. 

Rien ne sert jamais de passer en force. La fondation d'une démocratie ne peut se faire par la force. Quant à l'Union européenne, si elle ne peut rien imposer, elle peut rappeler haut et fort ses exigences."