"Écoutons les Français, comprenons leur colère et leur résignation"

Avant de repartir ce soir sur les routes de France, Jean Lassalle a rendu compte du mécontentement des Français. "Ils me disent que ça ne va pas du tout, que ça va péter", s'est alarmé le député sur le plateau de La Matinale de Canal+.

Ariane Massenet - Jean Lassalle, vous êtes député des Pyrénées Atlantiques et on a beaucoup parlé de vous il y a deux mois, quand vous avez décidé de partir à pied à la rencontre des Français. Vous faites étape depuis vendredi à Paris, vous repartez tout à l’heure continuer votre périple, c’est ça ?

Jean Lassalle - Oui, ce soir.

L’idée de départ c’était de prendre le pouls des Français ? Savoir quelles étaient leurs préoccupations ?

J’ai l’intuition profonde, depuis la rentrée de septembre, que l’état de notre pays s’aggrave, notamment au niveau de la relation sociale entre les individus. J’ai fait de nombreuses campagnes électorales dans ma vie, je suis élu depuis 1977, et jamais je n’ai senti cette tension. J’ai voulu aller à la rencontre du peuple des citoyens très librement et c’est ce que j’ai effectivement constaté.

Mais du coup, qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que les politiques ne sentent pas ça, ne captent pas l’inquiétude des Français ?

Si. Je fais partie d’eux, je suis élu comme eux. Seulement, moi je ne pouvais plus le supporter. Je pense qu’ils captent, le problème c’est la transmission ici à Paris, et la représentation que s’en font les citoyens sur le terrain.

Alors qu’est-ce qu’ils vous ont dit ces citoyens sur le terrain ? Qu’est-ce que vous avez senti chez eux ?

"On vous déteste."

Nous les journalistes, ou les politiques ?

Les politiques mais…

On n’est pas loin derrière.

Voilà.

Nous sommes assimilés aux politiques.

Mais vous êtes un peu moins graves. Nous, on nous déteste, quel que soit le niveau social.

Pour quelles raisons ?

Premièrement, ils disent : "Vous continuez à nous faire des campagnes électorales, comme du temps de Giscard d’Estaing et Mitterrand, alors que ça a un peu changé. Vous allez faire campagne l’an prochain pour les Européennes comme si on était six autour de la table. Vous nous prenez vraiment pour des moins que rien, et en plus vous ne tenez pas l’ombre d’un début de ce que vous dites". Deuxièmement, ils m’ont dit une chose : "M. le député, on ne sait pas où mènera votre affaire mais en tout cas vous venez à nous, ne travestissez pas nos mots, ne dites pas le contraire, ne dites pas que vous avez vu que ça allait à peu près bien. On n’est pas content du tout, ça ne va pas". J’en vois à peu près cent par jour, depuis deux mois comme vous l’avez rappelé. Troisièmement hélas, c’est peut-être le plus dur, la plupart me disent : "Ça va péter, dites-le M. le député". Alors je le dis.

Qu’est-ce que vous allez faire de toutes ces remarques que vous avez engrangées maintenant ? Vous les avez notées, qu’est-ce que vous allez en faire ?

Voyez-vous Ariane, dans un premier temps, il faut écouter. Je crois que les démocraties ne se sont jamais prémunies parce qu’elles n’ont pas osé réagir. Les partis démocrates n’ont pas osé réagir et ont laissé les violents prendre la parole. On est à ce moment-là, je crois, honnêtement. Donc il faut que l’on puisse faire remonter cette colère qui est aussi du désarroi, parce que ce n’est pas que de la colère. C’est une perte d’identité, c’est une résignation. J’ai lancé les Cahiers de l’Espoir parce qu’il faut apprendre à travailler ensemble. Il n’y a plus que deux Français sur dix qui travaillent régulièrement qui de temps en temps se réunissent.

Gilles Delafon – S’il y avait une mesure que vous pourriez prendre demain matin après avoir entendu tout ce que vous avez entendu, ce serait quelle mesure ?

Tout d’abord je dois vous dire que je ne peux pas rentrer immédiatement dans le système…

Je comprends.

Mais je dirais : "Commençons par apaiser notre relation à l’Assemblée Nationale" parce que c’est hyper mal vu. Ils comprennent qu’il faut qu’il y ait du débat, mais pas de l’insulte, pas des mots déplacés.

Ariane Massenet – Et d’un point de vue personnel, de l’expérience physique ? Parce que vous faisiez de quinze à vingt kilomètres par jour, je crois.

Gilles Delafon – C’est un ancien berger, Jean Lassalle !

D’ailleurs ça me sert, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas vraiment marché et en plus je n’avais aucune envie de marcher parce que je ne savais pas si j’y arriverais avec ma sciatique et le reste. Deuxièmement, je n’avais pas non plus besoin de marcher, parce qu’on a dit "Le pauvre, il avait besoin de se retrouver un peu, il est atypique", mais j’ai Saint Jacques de Compostelle juste à côté de chez moi. C’est une formidable aventure, on ne le fait qu’une fois dans sa vie. Moi je n’ai pas pu y échapper, j’ai tout fait pour y échapper parce que je n’avais pas envie de le faire, vraiment. Mais c’est formidable parce que les Français parlent, ils sont en colère mais ils le disent très franchement si vous ne trichez pas avec eux et si vous les écoutez, si vous ne les interrompez pas. Ils peuvent me suivre, lorsqu’une dame vient récupérer son mari en disant "écoute Chéri, ça suffit", il peut me revoir le lendemain et on peut continuer, et il vient marcher avec moi. Ensuite, à ce moment-là, si vous les avez écoutés, vous découvrez qu’ils aiment la politique, ils voudraient en faire, ils voudraient participer, s’engager. Le problème c’est qu’ils ne savent ni avec qui, ni comment, ni pourquoi. 

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