"L'Etat va essayer de trouver une organisation qui puisse prendre la dette de la SNCF, sans la comptabiliser dans la dette publique du pays"

François Bayrou était l'invité d'Apolline de Malherbe dans "BFM Politique", ce dimanche 8 avril 2018. Nous vous invitons à revoir la troisième partie de l'émission pendant laquelle le président du Mouvement Démocrate a répondu aux questions du journaliste Mathieu Jolivet de la rédaction de BFM business.

Mathieu Jolivet : Bonjour François Bayrou.
 
François Bayrou : Bonjour.
 
Mathieu Jolivet : Vous êtes un des premiers en France à avoir tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années sur le poids de la dette. Très concrètement, est-ce que l’Etat aujourd’hui doit, et peut se permettre de reprendre la dette de la SNCF, qui est aux alentours de 47 milliards d’euros ?
 
François Bayrou : Oui, et il y a encore d’autres milliards complémentaires. Je pense que l’Etat devra le faire d’une manière ou d’une autre. Et quand je dis d’une manière ou d’une autre, il va essayer, vous savez que les gestionnaires financiers sont très habiles pour ça, de trouver à juste titre, une organisation, une structure, qui puisse prendre la dette le moment venu quand on pourra vraiment le faire, peut-être d’ici deux ans, sans que ce soit la dette publique du pays. Alors ça ne signifie pas que tout sera facile ni réglé à partir de ça. Mais je crois que c’est ça la stratégie qui est en train d’être réfléchie, ou recherchée.
 
Mathieu Jolivet : Et vous la soutenez ?
 
François Bayrou : Il n’y a aucune possibilité de traiter de la SNCF sans une reprise substantielle de la dette.
 
Mathieu Jolivet : Au niveau de la méthode, est-ce qu’Edouard Philippe s’y prend bien ? Parce qu’on sait très bien aujourd’hui, sur cette question de la dette, ce qu’il demande aux cheminots, mais en revanche il n’abat pas son jeu. Il dit que l’Etat prendra ses responsabilités – c’est-à-dire une reprise d’une partie de la dette – s’ils acceptent les réorganisations qu’on leur demande, mais on ne sait pas quand, on ne sait pas à quel niveau. Quel est le bon niveau de reprise ?
 
François Bayrou : On voit bien qu’il y a une négociation au moins souterraine. Il y a une négociation apparente, et il y a aussi probablement des conversations souterraines, en tout cas c’est comme ça qu’il faut faire pour arriver à une sortie de crise, qui devra nécessairement intervenir. Je le répète, le gouvernement ne peut pas reculer sur cette affaire, et quand on regarde la réalité de l’état des réseaux, de l’état des mécanismes, des aiguillages, des armoires électriques, du réseau ferré, des voies, on voit bien que ça exige une mise à niveau si l’on veut que la SNCF survive, et se développe. Et c’est dans cette négociation qu’on va trouver la voie de reprise d’une partie substantielle de la dette. Substantielle, pour moi, ça veut dire important.
 
Mathieu Jolivet : Un tout autre sujet – en 2006, vous étiez érigé contre le plan de privatisation des autoroutes. Aujourd’hui, le gouvernement s’apprête – ce sera présenté dans la loi PACTE que devrait présenter Bruno Le Maire au moins de mai – il s’apprête à privatiser Aéroports de Paris mais aussi la Française des Jeux. Est-ce que vous vous opposerez à nouveau à cette démarche ?
 
François Bayrou : La Française des Jeux, c’est d’une toute autre nature que les autoroutes. Il n’est pas de la vocation de l’Etat d’être organisateur de jeux de hasard. Donc je pense que de ce point de vue-là, on peut avoir une réflexion qui soit ouverte. Aéroports de Paris, la situation est un peu plus complexe. Aéroports de Paris, ça peut rapporter quoi ? 9 milliards, d’après ce que vous écrivez, sur lesquels on en allouera la moitié à un fonds, donc ça fera un total de 4 milliards, 4 milliards et demi, je faisais le calcul récemment avec le ministre de l’Economie. Or, la dette du pays est de 2245 milliards. 4 milliards, par rapport à 2245 milliards. Ça mérite qu’on ait une réflexion approfondie, pour savoir ce qui est en jeu dans cette proposition de privatisation d’Aéroports de Paris. Et est-ce qu’il est légitime que l’Etat se dépouille ainsi ? Est-ce qu’il y a des revenus possibles dans Aéroports de Paris ? Est-ce qu’on peut, par des associations public-privé, faire monter en gamme et en puissance ce métier, cette industrie de gestion des grands aéroports dans le monde, et est-ce que cela ne peut pas à terme rapporter plus ? Sur les autoroutes, j’étais absolument certain qu’on faisait fausse route. Je suis allé tout seul au Conseil d’Etat, à titre privé, pour m’opposer et pour contester la privatisation.
 
Mathieu Jolivet : Et il se trouve qu’aujourd’hui, la plupart des hommes politiques vous donnent raison, à posteriori. Merci beaucoup. 
 
 
 
 
 

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