Ébola : "L'Europe doit réagir et se mobiliser collectivement avant qu'il ne soit trop tard"

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Marielle de Sarnez et François Haab, Chef du Service d’Urologie des Hôpitaux Universitaires Est Parisien, cosignent cette semaine une tribune sur l'épidémie Ébola, qui ne cesse de progresser en Afrique. Ensemble, ils en appellent à une prise de conscience collective et européenne, ainsi qu'à une collaboration plus poussée pour améliorer l'aide apportée.

L'Ouest et le Centre du continent africain sont frappés de plein fouet depuis plusieurs mois par une épidémie de virus Ébola aux conséquences sanitaires, sociales, économiques et humaines sans précédent. Les retentissements humains et géopolitiques seront majeurs pour les pays les plus durement touchés avec, comme le rappelait récemment la présidente du Libéria, le risque de « désintégration sociale et politique de certains pays ». Pour la deuxième fois de son histoire, après la pandémie HIV, le Conseil de sécurité des Nations Unies est intervenu sur ce dossier considérant que le seul cadre sanitaire était largement dépassé.

La problématique est double : quelles ressources ou aides doivent être apportées aux patients contaminés ? Quelle logistique doit-on développer pour stopper ou limiter la dissémination de l'épidémie ? Sur ces deux questions essentielles, si l'OMS a pu au fil du temps édicter des règles et des principes généraux, leur mise en œuvre à la demande même des États concernés nécessite un soutien opérationnel et une expertise de soins dont les pays occidentaux ont la parfaite maîtrise. Sur le terrain les ONG internationales, et particulièrement MSF, sont totalement et courageusement mobilisées. Elles apparaissent d'ailleurs aujourd'hui pour les populations concernées comme un acteur essentiel à leur survie. Mais elles n'ont pas les ressources humaines, financières et logistiques, pour faire face à une telle épidémie.

On assiste, enfin, depuis quelques jours à une mobilisation des États. Le Président Obama est intervenu le premier pour annoncer la mobilisation de moyens humains et logistiques au Liberia gravement touché. Plus récemment la France a annoncé par la voix du président Hollande l'ouverture d'un centre de traitement en Guinée Forestière. La Commission européenne s'est certes mobilisée en apportant une aide financière indispensable, qu'il faudra d'ailleurs probablement augmenter quand on aura la capacité d'analyser les ressources financières nécessaires pour redresser ces pays. Mais il manque une voix européenne et une action concrète, opérationnelle, concertée des États membres. L'Europe doit exister politiquement en portant un message de solidarité et d'engagement qui, pour être à la fois efficace et visible, doit se concrétiser dans autre chose que du soutien financier.

Les États membres, réunis au sein du Conseil des chefs d'État et de gouvernement, doivent montrer aux peuples touchés par cette terrible épidémie, aux Européens et au reste du monde, que lorsque l'essentiel est en jeu, comme une pandémie menaçant l'existence individuelle de dizaines de milliers de personnes mais aussi à terme notre propre sécurité, l'Union européenne est capable de se regrouper et de mener une action commune, concertée, mutualisant les moyens des Etats membres pour faire la différence. Or une course contre la montre est engagée. Les populations sont à bout. Elles acceptent de plus en plus difficilement les mesures de confinement qui leur sont imposées et font face à de nombreuses pénuries d'approvisionnement. Le choc culturel est également immense, les conditions effroyables des décès compromettent les rites funéraires traditionnels, ce qui ajoute une souffrance insoutenable pour les familles et les proches des victimes.

Les pays de l'Union européenne avec leur savoir-faire ont les moyens d'apporter cette aide tant attendue. Cependant une coordination des actions que chaque pays est probablement prêt à engager est indispensable. L'anticipation des conséquences économiques et géopolitiques sur les États de la région doit être une priorité. Une fois l'épidémie passée, il conviendra de mettre en œuvre une stratégie préventive qui dépasse largement le cadre du simple développement vaccinal. Une politique européenne de recherche devra également être élaborée et soutenue notamment sur les nouveaux antiviraux et nouveaux antibiotiques. Si malheureusement de précieuses semaines ont d'ores et déjà été perdues, l'Europe doit réagir et se mobiliser collectivement avant qu'il ne soit trop tard.

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