Dossier : "Europe, les chantiers prioritaires en 2013"

Image n°868

Alors qu'en période de crise les replis nationaux s'accentuent, de nombreux problèmes auxquels la France est confrontée trouvent pourtant leur réponse dans l'Union européenne. Croissance, emploi, régulation financière, gouvernance : tour d'horizon des chantiers prioritaires pour 2013.

« En Europe, nous sommes à la croisée de chemins et presque à l’heure des choix », prévient Marielle de Sarnez. Forte de son expérience de parlementaire, la vice-présidente du Mouvement Démocrate pressent plus que jamais cette situation « dans les instances européennes où partisans du repli sur soi et partisans de plus et mieux d’Europe, forment finalement, au-delà de leurs différences de sensibilité politique, deux manières de penser qui s’opposent absolument ».

Il est vrai que l'Union européenne est à un tournant décisif. Stabiliser la zone euro, se donner les moyens d'une régulation publique des acteurs financiers, retrouver l'audace des politiques communes pour renouer avec la croissance et l'emploi, améliorer et démocratiser la gouvernance : voici les chantiers prioritaires que les députés du Mouvement Démocrate et leurs partenaires, regroupés au sein du Parti démocrate européen (PDE), se sont fixés pour les deux années à venir. Réunis en décembre à Bruxelles, ils ont pu compter sur la participation de Guy Verhofstadt, président de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux, Mario Monti, président du Conseil des ministres italien, et Michel Barnier, commissaire européen délégué au Marché intérieur et aux Services. Ensemble, ils témoignent du rassemblement des pro-européens qui est en train de s'opérer.

« La crise financière, qui s’est radicalisée en crise bancaire et des finances publiques, n'a pas eu pour origine des dérives européennes mais américaines. Toutefois, cette crise a confronté l'Europe à son avenir », rappelle Mario Monti, président du Conseil des ministres italien. « Cette crise est née du comportement irresponsable et insensé de banquiers à qui nous avions tout permis. Nous devons en finir avec l'économie ultra libérale. Il faut remettre de l'ordre, de la transparence, de l'éthique dans les marchés financiers, là où tout cela avait disparu depuis vingt ans. Ces marchés doivent revenir dans les rails et être à nouveau au service de l'économie réelle. Nous devons revenir enfin à l'économie sociale de marché compétitif », abonde Michel Barnier.

Un incendie qui commence à être maîtrisé

Aux yeux de Mario Monti, ce chemin est en train d'être accompli : « Nous avons répondu par une série de mesures. Si nous avons pu déplorer une certaine lenteur de l'action de l'Europe face à la crise, car il n'est pas facile de tomber d'accord à vingt-sept, elle a été efficace ». Single Market Act (en savoir plus), pacte pour la croissance, renforcement de la réglementation, bouclier anti-spread (NDLR: rachat illimité de titres obligataires souverains) : de nombreuses réformes ont été menées ou entamées, conjointement par le Parlement, la Commission et la Banque centrale. Elles permettent pas à pas de stabiliser l'euro. Des pays comme l'Italie ont travaillé dur « pour se conformer à tous les critères de la zone euro et ainsi éviter que ne se propage l'incendie », souligne le président du Conseil des ministres italien.

La Grèce, pays le plus fragilisé ces derniers mois, est en meilleure voie : « Les membres de la zone euro ont enfin débloqué 34,3 milliards d’euros d’aide, lui permettant de recapitaliser ses banques et de couvrir ses rachats de dettes », salue Marielle de Sarnez. Premiers effets positifs, la notation de la Grèce vient d’être relevée, réduisant de facto son exposition très fragilisée, venant dire enfin au peuple grec que ses lourds efforts n’ont pas été vains, et confortant la zone euro dans sa détermination à sauvegarder la monnaie unique », analyse la secrétaire générale du PDE.

Deuxième bonne nouvelle pour l’Europe : l’accord sur la supervision bancaire européenne qui ouvre la voie vers une intégration renforcée et la création d’une véritable Union bancaire. « Nous avons pris les bonnes décisions. Aucun marché, aucun acteur n'échappera à une régulation publique », détaille Michel Barnier. Dans un premier temps, cela se traduira par le contrôle par la Banque centrale européenne des principaux établissements financiers de l’UE. Les eurodéputés du Mouvement Démocrate préparent déjà la suite : une extension à toutes les banques européennes. « Cela va permettre de consolider le système financier européen, nous préservant à l’avenir d’une crise systémique telle que celle que l’on a connue en 2008 et dont nous sortons avec peine », pointe Marielle de Sarnez.

« Retrouver l'audace des politiques communes »

Mais ces points ne règlent pas le fond problème. « L’Europe est en crise et tout laisse à penser, indicateurs, statistiques et analystes, que notre continent va connaître dans les années qui viennent un contexte économique très dégradé. Il sera nécessaire que l'Union mette en œuvre des politiques économique, industrielle, de recherche et de formation, au service de tous les européens, et capables de répondre aux nouveaux défis du monde. Je pense en particulier à la nécessité d’avoir une stratégie européenne pour construire demain une filière photovoltaïque », poursuit Marielle de Sarnez.

Nous n'avons pas besoin d'une harmonisation totale où disparaitraient les États-nations, mais il faut une politique de convergences. Aujourd'hui, nous avons un gros camion allemand et, dans l'autre sens, une petite auto grecque qui s'écrase au milieu de l'autoroute », explique Guy Verhofstadt. Le président du groupe démocrate et libéral au Parlement européen interroge : « N'est-ce pas dramatique de voir chaque pays discuter et essayer d'influer sur M. Mittal ? Je l'ai tenté, lorsque j'étais premier ministre de la Belgique. Je vois le gouvernement français le tenter à son tour. Mais où est notre politique stratégique de l'acier ? Dans le secteur de l'automobile, c'est la même chose ! Soyons sérieux, nous ne sauverons pas tout le monde sans politique industrielle européenne », analyse-t-il. « Plus que jamais, nous devons retrouver l'audace des politiques communes. Il est temps de réconcilier Jean Monnet et Charles de Gaulle », ajoute Michel Barnier.

Pour Mario Monti, cette « meilleure intégration » doit s'appuyer sur le marché unique européen : « Sa création avait représenté un formidable pas en avant. Ce marché doit maintenant être confirmé comme un instrument très fort au service de la croissance », estime le président du Conseil. Malheureusement, « ce marché unique est jusqu'à présent la première victime de la crise, car la crise entraine des réflexes nationaux », pointe Michel Barnier. Le responsable européen constate « que le marché unique est de plus en plus impopulaire, alors qu'il est de plus en plus nécessaire ». « S'il fonctionnait, si nous replacions l'homme au cœur, il serait l'une de nos meilleures réponses à nos difficultés, car il permettrait d'aller chercher 2 à 4 pour cent de croissance », ajoute le commissaire.

Gouvernance efficace, démocratie renforcée

Tous s'accordent à dire que ces politiques communes ne pourront être menées sans une réforme de la gouvernance. « Nous aimons l'Europe, mais nous n'aimons pas ce qu'elle est devenue et là où elle s'est égarée. L'Europe est mal ficelée. Le labyrinthe institutionnel dans lequel nous sommes plongés est offensant parce que personne ne connaît un des dirigeants de l’Europe, ne sait sur quoi on prend des décisions, ni ne connaît le mécanisme des prises de décision. Le Parlement européen est complètement zappé et effacé. Une reconstruction nécessaire de l’Europe », juge François Bayrou.

« Nous sommes encore trop souvent dans l'indécision. La Commission, affaiblie, n'utilise pas son droit à l'initiative. C'est le Conseil européen, c'est-à-dire les représentants des gouvernements des États membres, qui est aux manettes », déplore Guy Verhofstadt. « Quelle méthode de gouvernance voulons-nous ? Cette sorte de Congrès de Vienne permanent, de nations unies incapables de décider car fonctionnant toujours à l'unanimité ? Ou un vrai gouvernement, qui réponde de ses responsabilités devant le Parlement européen et une seconde chambre composée des gouvernements des États-membres ? », questionne-t-il. « Nous devons respecter le pluralisme et l'égale dignité de tous, défendre et remettre en vigueur la méthode communautaire, comme une coopérative où l’on fait les choses ensemble, avec une Commission de plein exercice en charge de la défense de l’intérêt général européen », détaille le président du Mouvement Démocrate.

Le premier enjeu est finalement celui de la démocratie. « À l'occasion des élections européennes de 2014, nous devons avoir un vrai débat politique européen, plutôt que vingt-sept débats nationaux indifférents les uns aux autres. Sinon, nous prenons le risque de perdre les peuples en route », prévient Michel Barnier. Dans cet objectif, François Bayrou propose l'élection du président de l'Union européenne au suffrage universel. « Il incarnerait, face aux intérêts nationaux, l’intérêt supérieur de l’Union. Il assurerait la coordination du Conseil et aurait autorité sur la Commission », souligne le leader centriste. « Renforcer les mécanismes démocratiques permettra aux citoyens de mieux comprendre l'Union européenne et de s'y sentir réellement partie prenante », conclut Mario Monti.

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par