Discours de Jean-Michel Blanquer à l'Université de rentrée

Retrouvez l'intégralité du discours de Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education Nationale, prononcé et introduit par François Bayrou, ce samedi 30 septembre 2017 à notre Université de rentrée, à Guidel.

Introduction du discours de Jean-Michel Blanquer par François Bayrou

Mes chers amis, nous avons eu beaucoup de temps forts depuis l’ouverture de ces journées de rentrée : passionnants, entraînants et très suivis, parce que le nombre que vous êtes et tous ceux qui ne peuvent pas trouver une place assise est impressionnant.

Mais parmi ces temps forts, celui que nous allons vivre maintenant compte beaucoup à nos yeux et compte beaucoup à mes yeux. Pour ne rien dissimuler, Jean-Michel Blanquer est le premier ou la première des personnalités que j’ai appelée quand nous avons préparé cette université de rentrée. Alors ce n’est pas seulement parce que il y a comme une espèce de fraternité des anciens ministres et actuels ministres de l’Education nationale, parce que justement, cette fraternité souffre des exceptions.

Je veux simplement dire que nous avons choisi comme sujets principaux ou parmi les sujets principaux de notre réflexion, le modèle social français. Et je veux que vous sachiez qu’à mes yeux, la question du modèle éducatif est intimement mêlée à la question du modèle social. J’allais dire même que c’est probablement le premier échelon du modèle social. Ce n’est pas seulement le soutien aux gens qui sont en difficulté.

D’abord, et avant tout, c’est cette entreprise que l’Etat doit aux citoyens, qui est une entreprise d’émancipation, de libération, de toutes les suggestions qu’on subit. Et depuis très longtemps, il y a un affrontement sourd sans que les citoyens en prennent la mesure. Car s’ils avaient été informés, ils trancheraient. Et ils trancheraient – je n’ai aucun doute - dans le sens que Jean–Michel Blanquer et moi, et peut être pourrais-je rajouter un troisième nom : Jean-Pierre Chevènement.

Il y a ceux qui pensent que l’Education nationale est une animation, que les cadres à partir desquels se bâtit une culture, ces cadres, au fond, appartiennent au passé, qu’on peut les abandonner, qu’on peut choisir autre chose, que ce n’est pas grave et que le poids de ces cadres au fond était un poids sur les enfants.

Cette thèse est pour moi, la plus injuste socialement qu’on puisse trouver. Parce que de deux choses l’une : ou bien vous êtes nés dans un milieu où on vous apporte, où vous absorbez en même temps que la vie, une culture qui va vous rendre capable de juger, de parler, de vous exprimer, d’impressionner. Mais si vous n’êtes pas nés dans ces milieux là -  et nous sommes quelque uns – dans cette histoire. Si vous n’êtes pas nés dans ces milieux là et si l’Ecole ne vous apporte pas la culture générale, alors vous êtes dans la vie – et surtout dans la vie numérique où nous allons vivre - vous êtes comme dans une jungle sans boussole et sans carte. C’est une immense injustice. Mon compatriote béarnais Bourdieu a beaucoup réfléchi sur la transmission des inégalités en tirant des conclusions qui ne sont pas nécessairement les plus justes. Mais si vous choisissez de priver l’enfant de ce que l’Ecole doit lui transmettre comme cadre pour sa culture, pour sa réflexion, pour sa connaissance du temps, sa connaissance de la géographie, de la littérature, alors vous servez au fond la domination des dominants, la transmission de la domination dans les familles qui ont la chance – et je ne leur fait pas ce reproche d’avoir tout cela - et c’est la raison pour laquelle, nous appartenons Jean Michel Blanquer et moi et beaucoup d’autres que j’ai cités, à une deuxième Ecole, celle qui veut que l’Ecole, tout en veillant  à l’épanouissement de la personnalité, au respect des enfants, à leur accompagnement, au rire, à l’humour, que cette Ecole là, elle transmette. Et qu’ils sortent de l’Ecole, même dans les âges tendres – comme on disait – dans les plus petites classes avec une culture générale, parce que la culture générale, c’est l’outil impossible à échanger pour être libre dans la vie et entendu.

Et je veux donc rendre hommage à Jean-Michel Blanquer pour la politique qu’il conduit,  et surtout pour cet axe. Après pour le reste on peut toujours discuter des petits bouts, mais sur le fond, l’orientation majeure que ce gouvernement a portée, cette orientation est absolument précieuse.

Dois-je ajouter un mot ? Si on m’avait dit que c’était un gouvernement de gauche qui avait supprimé les humanités classiques, c’est à dire la clé pour comprendre la langue et la pensée, alors je suis sûr que Jaurès, que Blum, que Victor Hugo, que Voltaire seraient sortis de leur tombe pour leur faire rendre gorge parce que c’est la trahison la plus absolue de ce que ce courant de pensée – songez à Victor Hugo -  a voulu apporter à la France.

Alors je suis heureux que ce soit notre courant, au sens large, l’élection d’Emmanuel Macron, la nomination de Jean-Michel Blanquer, qui a permis cette refondation de l’Ecole au sens le plus juste et le plus propre du terme. Et je suis certain que ceci est le plus grand service qui pouvait être rendu à la France.  

Merci Beaucoup.

 

Discours de Jean-Michel Blanquer

Merci, merci beaucoup François pour ces propos, merci d’avoir ainsi resitué les choses au niveau auquel elles doivent être situées c’est à dire un niveau fondamental, un niveau philosophique, un niveau social, un niveau politique. Parce que, bien entendu, l’éducation c’est la colonne vertébrale de toute société. Il se trouve que, dans l’histoire de France c’est la colonne vertébrale de la République, que c’est par l’école, par l’éducation que la République vit, qu’elle se perpétue, se transmet et que finalement on doit partir de choses assez simples pour ensuite aller vers des choses plus complexes. Et partir de choses simples c’est dire ce que vient de dire François Bayrou : c’est à dire que l’école doit tout simplement transmettre des connaissances et des valeurs.

On entend souvent des discussions autour de l’école et même des questionnements sur son but, sur ses objectifs. Et bien, pour moi, dire cette chose si simple - c’est à dire transmettre des connaissances et des valeurs - c’est d’une certaine façon remettre l’école au milieu du village et faire en sorte que nous ayons une base solide pour aller de l’avant. Alors j’ai voulu, en venant ici, non seulement vous rendre hommage à tous, rendre hommage au MoDem - qui est désormais un pilier fondamental de la majorité qui doit faire réussir ce quinquennat - rendre hommage évidemment à son président : parce que merci François pour tous ce que tu fais pour la réussite de ce gouvernement, tout ce que tu as fait pour que nous réussissions à être aujourd’hui vraiment en situation de faire changer la France et en situation d’accomplir les idéaux qui sont ceux que nous partageons mais aussi pour réfléchir au futur et avoir des échanges sur, bien entendu, l’ensemble des défis que nous avons à relever. Et pour ce qui me concerne sur l’éducation. Pour cela il faut se faire comprendre et aujourd’hui j’ai le plaisir justement de pouvoir un petit peu exposer pourquoi nous faisons ce que nous sommes en train de faire. Et je vais le faire en respectant le thème qui est le votre aujourd’hui, ce thème c’est celui de l’équité sociale, d’une certaine façon celui du contrat social. Et donc l’école est au cœur du contrat social et je voudrais dire aujourd’hui qu’elle l’est d’au moins 3 façons, 3 façons que nous sommes en train de renouveler et pour lesquelles nous avons besoin de la mobilisation, en réalité, de toute la société française au travers de vous bien évidemment - dans les responsabilités que vous exercez - et puis au travers de tous nos concitoyens. 

Le premier de ces éléments, c’est le plus fondamental - peut-être parce que c’est le plus immatériel et il était déjà présent dans des interventions précédentes, je le sais - cet élément est celui que j’ai mis au cœur de ce que je fais - et ce n’est pas gagné d’avance parce que nous partons d’une situation qui n’est pas simple -  cet élément c’est tout simplement la confiance. La confiance, c’est ce qui caractérise les sociétés qui vont bien. La société de confiance est en quelque sorte l’idéal que poursuit toute société et l’école est dans la même situation : les écoles qui vont bien sont des écoles de la confiance. Ce sont des écoles où la société fait confiance à l’école et où l’école fait confiance à la société. J’ai beaucoup travaillé sur différents systèmes éducatifs du monde entier. Vous savez qu’un de mes points de repères c’est la comparaison internationale et avec les sciences et l’expérimentation, c’est ce sur quoi je m’appuie pour prendre des décisions, pour essayer d’améliorer les choses. Et ce qui m’a frappé à un moment donné, ce qui a été une sorte de révélation à un moment pour moi, à certains moments je regardais des systèmes dont on voyais qu’ils allaient très bien et qui n’était pas si différents du système français et quand je réfléchissais à l’ingrédient qui manquait pour faire la différence et bien je me rendais compte qu’en fait ce n’était pas des éléments techniques, ce n’était pas tel ou tel détail, c’était l’état d’esprit, c’était la confiance, c’était le fait que la société ait confiance en son école. François Bayrou vient de faire référence à la IIIe République et très souvent il y a une certaine nostalgie - pour l’école de la IIIe République - diffuse dans la société française.  Cette école n’était pas parfaite, loin s’en faut. Elle avait bien des défauts en réalité, peut-être qu’elle n’incluait pas beaucoup plus que celle d’aujourd’hui, peut-être qu’elle avait toute une série de difficultés, il n’en demeure pas moins que cette école, si parfois nous avons une nostalgie pour elle c’est parce que cette école jouissait d’une confiance totale de la société en elle, de même qu’elle était productrice de confiance pour la société. Tout le monde était persuadé que grâce à l’école il y aurait de l’ascension sociale en vertu de la logique que François Bayrou vient justement d’expliciter, c’est à dire qu’elle amenait tout le monde à cette culture d’ensemble, à cette culture générale qui ensuite était le socle de tous les développements futurs. Et c’est évidemment l’idéal que nous devons perpétuer, et même poursuivre, et même approfondir, nous devons faire évidemment bien mieux que ce qui se faisait il y a plusieurs décennies. Mais la nostalgie qu’il y a parfois, ce n’est pas une nostalgie de cette école - il est évidemment impossible et non souhaitable de la reproduire - mais la nostalgie de cette confiance et cette confiance, oui, il faut la retrouver, oui, il faut la recréer mais elle ne se recréer pas par une décision, du simple fait d’une décision qu’aurait pris un ministre bien inspiré, elle se recrée par des logiques vertueuses, par un cercle vertueux de la confiance que j’essaie d’enclencher aujourd’hui justement en prenant les différentes mesures qui ont caractérisées cette rentrée mais aussi en ayant un plan que je souhaite exposer devant vous. Et donc ce cercle vertueux de la confiance c’est ce que nous devons enclencher avec des méthodes qui sont nouvelles et qui justement changent, changent par rapport au passé en particulier. Vous le savez, en arrivant j’ai dit que je ne ferai pas une nouvelle loi, j’ai dit aussi que je ne changerai pas abruptement les programmes, je l’ai fait parce que je pense qu’il doit y avoir une sagesse dans la continuité des ministres de l’Education nationale qui ont compris ce que je suis en train de dire : c’est à dire que la solution ne viendra pas d’une loi miracle, la solution ne viendra pas d’une baguette magique, la solution ne viendra pas même d’une seule mesure, elle viendra d’un ensemble de mesures et d’un climat qu’on aura su créer. Et ce climat c’est un climat qui doit être caractérisé par un certain pragmatisme, par un certain bon sens – j’ose le mot même si parfois on me fait le reproche de l’utiliser. Pragmatisme, bon sens et – j’ose aussi le mot – lumières, au pluriel, dans l’héritage des Lumières.

Nous devons avancer non pas au doigt mouillé, non pas par de bonnes idées qui nous traversent la tête de-ci de-là, tout simplement parce que nous pouvons regarder ce qui se passe ailleurs dans le monde, regarder ce que certaines sciences nous disent, regarder ce que l’expérience nous a appris. Je suis frappé de voir parfois que le débat interne sur l’école reste si franco-français, que certains qui s’affirment si progressistes, si ouverts sur le monde font partie de ceux qui regardent le moins possible en dehors de France, ils font semblant de ne pas voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Et donc j’ai un travail avec vous, avec des personnes qui connaissent bien le sujet, un travail pédagogique à faire pour expliquer pourquoi on fait les choses.

Et on les fait non pas parce que l’on serait de droite ou parce que l’on serait de gauche, on les fait parce que nous sommes Français, parce que nous sommes fiers de notre tradition scolaire, fiers de notre histoire scolaire qui est magnifique, qui est une des plus belles du monde et que nous avons envie que cette histoire se projette dans le futur avec des éléments de tradition, des éléments de modernité, des éléments qui nous ancrent dans ce que nous sommes, et des éléments qui nous font partir vers le nouveau monde qui est devant nous, qui est plein de risques mais aussi plein d’opportunités. Et ces risques et opportunités ce sont d’abord et avant tout des opportunités pour nos enfants. Nous devons les préparer à cette réussite future en leur donnant des racines et des ailes, en leur donnant le sens de l’endroit d’où ils viennent, de la société française dans sa trajectoire mais aussi le sens de ce que sera la civilisation future caractérisée par une immense révolution scientifique et technologique et pour laquelle ils ont besoin d’avoir des outils : c’est à dire d’un côté cette culture générale, ces savoirs fondamentaux qui permettent de savoir où on est, et aussi bien entendu des compétences qui permettent de s’adapter, d’être tout simplement un citoyen, une personne, un professionnel, qui savent se mouvoir dans le monde. Ce sont des objectifs fondamentaux, ce sont des choses simples sur lesquels on peut unir toute la société française en réalité, et très au-delà des clivages politiques, même au-delà des clivages philosophiques. Pour cela,  il faut sortir des clivages artificiels qui ont été rappelés par François Bayrou, et qui ont provoqué beaucoup de mauvaises décisions dans le passé. Et c’est donc ce que nous faisons. Nous devons le faire dans un état d’esprit de confiance, dans un état d’esprit de rassemblement et c’est pourquoi, pour moi, le mot clé est le mot de confiance.

Le deuxième élément du contrat social c’est évidemment l’attention aux plus fragiles. L’école va contribuer au contrat social, au renouvellement du contrat social français, au rassemblement de tous les Français si elle réussit à porter attention aux plus fragiles et donc à ramener tous ceux que, aujourd’hui, elle n’inclut pas suffisamment. Les plus fragiles, cela regroupe malheureusement beaucoup de monde puisque, en effet, plus de 20% des élèves sortent de l’école primaire en sachant ni lire ni écrire ni compter. Aujourd’hui le premier des objectifs que je me fixe – que je nous fixe – c’est que tous les élèves de France sachent sortir de l’école primaire en sachant lire, écrire, compter et respecter autrui. J’ai rajouté ce « respecter autrui » parce que c’est évidemment essentiel et que l’on transmet des savoirs mais aussi des valeurs. Et cet objectif de l’école primaire - priorité à l’école primaire - il est partagé par tous les professeurs de France c’est un point absolument essentiel. Je sais bien que, quand François Bayrou me donne ainsi son soutien auquel je suis si sensible, ce n’est pas seulement en tant que responsable politique, pas seulement en tant qu’ancien Ministre de l’Education nationale, c’est aussi en tant que professeur de français, c’est en tant que personne qui, ayant eu une expérience dans l’enseignement secondaire, sait parfaitement qu’on a envie de voir arriver des élèves qui savent déjà ce qu’ils doivent savoir pour pouvoir aller de l’avant. Et donc c’est un amour de notre langue, c’est un amour de notre pays mais c’est aussi évidemment un amour de nos enfants qui nous mène à cet objectif. Et cet objectif il est évidemment à partager avec tout le monde. Et c’est possible. Il est à notre portée, et il est à notre portée grâce à des mesures de nature pratique, sociale, grâce à des mesures de nature pédagogique. Des mesures de nature pratique et de nature sociale, nous en avons prises et nous allons en prendre, celle qui est la plus emblématique, celle qui est la plus significative c’est celle que nous avons déjà mise en œuvre à partir de cette rentrée avec le dédoublement des classes préparatoires en réseau d’éducation prioritaire renforcé.

Si vous lisez les journaux des 3 mois - qui ont précédé le 4 septembre - vous pouvez vous convaincre que le scepticisme a encore belle allure dans notre pays et que le doute est encore, en effet, très cultivé et que cela nous dit encore quelque chose de ce non-événement de la société de confiance. Ceci étant, ceux qui écrivent des choses qui sont démenties n’ont pas peur de dire des choses qui vont continuer à être démenties. Et j’en ai encore un exemple aujourd’hui. Mais ce n’est pas cela qui nous empêche d’avancer. Dès la fin du mois de mai, et nous en avions parlé avec François et Marielle, nous nous sommes mis au travail pour dédoubler les classes de cours préparatoires. On nous disait « C’est mission impossible », nous l’avons fait, nous l’avons fait non seulement parce que nous avons beaucoup travaillé avec l’ensemble des acteurs de l’éducation nationale mais aussi parce que l’ensemble des maires de France – toute tendance politique confondue – ce sont mobilisés pour trouver des solutions pratiques et ont réussi ainsi à créer ces nouvelles classes. Et je crois que c’est à souligner car c’est une des illustrations magnifiques du point précédent.  C’est que, par delà les clivages politiques, par delà même des protestations qui ont pu exister, les maires, à partir du moment où il y avait l’intérêt général en cause, à partir du moment où ils ont vu l’intérêt de cette mesure ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour que cette mesure puisse s’appliquer.

Et donc, ensemble, on a pu mettre en œuvre tout ce qu’il fallait, non seulement la mesure physique – grâce aux maires , c’était le fait d’avoir des classes supplémentaires, des classes physiques supplémentaires – la mesure humaine – grâce à l’Education nationale qui affecté des professeurs expérimentés dans ces classes et en nombre suffisant – mais aussi des mesures pédagogiques c’est à dire les mesures immatérielles c’est à dire l’essentiel puisque nous avons fait tout un travail de formation continue qui a commencé et qui doit permettre de réussir à ce que dans toutes les classes de cours préparatoires de France – pas seulement celles qui sont dédoublées – la qualité pédagogique dans la lecture, l’écriture, le calcul soit au rendez-vous parce que c’est évidemment essentiel et que cette classe est essentielle.

Je viens de dire une évidence, je viens de dire « Le cours préparatoire est une classe essentielle », il m’arrive souvent de dire des choses que je considère comme des évidences et que probablement - je l’espère - vous considérez aussi comme une évidence. Et bien ce n’en est pas une. J’ai dans les petites polémiques que l’on me cherche de temps en temps comme celle qu’il y a eu cette semaine, il y a eu des gens assez fous pour dire que la classe de cours préparatoire était une classe pas très importante. Et bien quand il y a encore – même si ça représente très peu de gens et très peu de choses – des gens qui sont capables d’affirmer des choses pareilles, indépendamment de toute expérience et indépendamment de toute preuve scientifique - je dirai même à l’encontre de toute expérience et de toute preuve scientifique -  c’est que l’on a encore beaucoup de travail à faire pour les réformes pour lesquelles je suis en train de vous parler. Pour autant nous l’avons fait et c’est aujourd’hui une réalité. Vous savez, dans 85% des cas, la classe dédoublée en réseau d’éducation prioritaire renforcé et dans 15% des cas 2 maitres pour une classe de 24 élèves et nous commençons – même s’il est évidemment bien trop tôt pour dresser le moindre bilan – à voir les vertus de tout cela sur le terrain.

Il y a donc une mesure qui est emblématique. D’abord parce qu’elle est très concrète. Elle touche des milliers d’élèves. Ensuite, parce qu’elle est en continu puisque nous allons continuer cela au cours des prochaines années, à la rentrée prochaine en 2018. Cela concernera les classes de cours préparatoire de réseaux prioritaires, cela concernera les classes de CE1 de réseaux d’éducation prioritaire renforcé, et l’année suivante, les classes de CE1 de réseaux d’éducation prioritaire. Cela concerne les 15 à 20% d’élèves de France à qui nous voulons faire prendre un excellent départ dans la vie scolaire pour qu’ils soient au même niveau que tous les élèves de France et ainsi que ce soit 100% des élèves de France qui prennent un bon départ dans leur vie scolaire. Nous l’avons fait encore une fois, à la lumière de l’expérience et de la science. Nous l’avons fait parce que de plus en plus, il est prouvé que c’est au cours des premières années de la vie que se jouent bien des enjeux cognitifs et bien des enjeux sociaux. Et si l’on veut être réellement pour le projet social, alors c’est à ce moment-là, de la petite enfance, au moment où la première des inégalités surgit, c’est à dire l’inégalité devant le langage, l’inégalité devant le vocabulaire. Si nous prenons à la racine ce problème, alors cela signifie qu’on ne se paye pas de mots, qu’on est pas simplement sur des estrades à crier : « Egalité, égalité ! ». Parce que cela, tout le monde peut le faire. Et je connais bien des gens qui le font très bien, en voulant des mesures  qui aboutissent exactement au contraire de ce qu’ils disent.

J’essaie de faire le contraire. De ne pas trop me payer de mots, j’essaie de prendre des mesures qui parfois suscitent bien des oppositions parce que ça n’est pas si simple, mais qui pourtant visent l’égalité réelle, visent le progrès social réel, visent cette reconstitution du contrat social dont nous avons besoin.

C’est pourquoi, ce qui se passe pour l’Ecole, est en effet au cœur des enjeux d’équité, des enjeux de renaissance du contrat social dont nous avons besoin. C’est pour cela qu’Emmanuel Macron m’a dit dès le début, que c’était le premier de ses chantiers, c’est pour cela qu’Edouard Philippe m’a dit dès le début, que l’école était synonyme de République, que le thème de la République devait être au cœur de l’Ecole, et évidemment, c’est une conviction profondément partagée entre nous tous. C’est pour cela que nous y sommes attelés et que je sens aujourd’hui une adhésion profonde à ces objectifs, parce que ce sont des objectifs de la société française, et je tiens à le souligner aussi des objectifs des professeurs de France. Nous devons avoir là aussi une claire conscience de ce que pensent les professeurs de France aujourd’hui. Ils sont 850 000 aujourd’hui. Il y en a sûrement dans cette salle aujourd’hui. Ces professeurs de France, ils attendent cela. Ils veulent cette qualité pédagogique. Ils veulent que nous tirions le système vers le haut. Ils veulent que l’école primaire produise de l’égalité. Ils veulent aussi qu’elle produise cette diversité des excellences dont nous avons besoin.

C’est le troisième point auquel je voulais arriver. Nous arriverons à cela, c’est à dire à la société de confiance par l’Ecole de la confiance, à l’égalité sociale réelle par des mesures  concrètes. J’en ai donné une mais il y en aura bien d’autres tout au long de ce quinquennat. Nous y arriverons en tirant l’ensemble du système vers le haut. Nous avons besoin d’excellence. Nous avons besoin de trouver l’excellence de chacun. C’est parce que nous sommes profondément optimistes sur la nature humaine, sur le fait que tout enfant a un avenir, tout enfant, grâce à l’éducation peut se réaliser en tant que personne humaine. Mais que chaque enfant va le faire à sa façon, avec son chemin, avec son excellence, qu’il va trouver par tâtonnements, qu’il ou elle va trouver grâce à l’Ecole, et bien entendu aussi grâce à toutes les interactions sociales que nous pouvons provoquer. C’est parce que nous sommes convaincus de cela, que nous croyons en l’Ecole de la République. Si nous croyons en l’Ecole de la République, nous devons évidemment développer cette excellence pour la République. Et c’est cela qui doit se voir à l’Ecole, et encore plus au collège, et encore plus au lycée. Au fur et à mesure que l’élève déploie son parcours, il doit vivre des expériences, connaître des choses qui lui permettent de différencier son parcours. Et c’est ce que nous allons faire.

C’est ce que nous avons fait par les premières mesures de rentrée aussi - François Bayrou l’a rappelé tout à l’heure. Dans le rétablissement des classes bi-langues, le rétablissement du latin et grec, le rétablissement – je sais qu’ici ce mot est particulièrement sensible – des sections européennes,  parce que nous sommes cohérents, parce que nous voulons évidemment que nos enfants parlent plusieurs langues parce que nous voulons évidemment qu’ils aient l’amour de leur pays et l’amour de l’Europe. C’est parce que nous voulons tout cela que nous avons pris ces mesures. Et nous ne sommes pas dans l’abstraction parce que ce sont des choses qui viennent d’être faites, qui sont de la rentrée qui vient de passer. Et donc là où il y avait le scepticisme, on a mis des graines de confiance, on a montré qu’on pouvait avancer.

Bien entendu, rien ne se fait en un jour, et certainement pas l’évolution d’un système scolaire. L’Education est toujours affaire de long terme. Mais il y a des sujets qui peuvent avancer plus vite que d’autres. Nous venons de le montrer lors de cette rentrée. Nous allons maintenant creuser d’autres sillons, notamment lors de la rentrée suivante, pour l’évolution de toute une série de choses de notre système scolaire. Il serait trop long d’exposer l’ensemble de ces éléments, et puis en plus, je crois qu’il va y avoir un moment d’échange maintenant où je pourrais répondre à vos questions. Mais ce que je veux partager avec vous aujourd’hui, c’est cette idée que nous allons favoriser cette excellence pour tous, qui permet d’aller vers la véritable égalité. Et nous le ferons dans un esprit de pragmatisme qui permet de trouver des solutions adéquates pour chacun.

Je voudrais prendre un exemple qui rassemble à mon deuxième et troisième point, et qui bien entendu sert mon premier point. Autrement dit,  si vous m’avez bien suivi, une attention plus fragile aux situations les plus difficiles, le faire par l’excellence, au service de l’Ecole de la confiance. Et je ne prendrai qu’un seul exemple, celui des internats.

Les internats ont accompagné l’Ecole de la République tout au long de son histoire. Il n’y aurait pas eu ces magnifiques histoires d’ascension sociale, notamment de petits paysans, s’il n’y avait pas eu les internats pour accompagner l’Ecole de la République, pour permettre à des enfants d’aller plus loin, un peu loin de leur domicile. La question de l’internat a pu être vue  dans les décennies précédentes comme une question archaïque, relevant du passé. Eh bien, c’est tout le contraire. Aujourd’hui nous voyons la modernité de l’enjeu de l’internat. Pour des raisons sociales, qui sont un peu les mêmes qu’autrefois, mais aussi pour des raisons sociétales, qui sont beaucoup plus nouvelles. C’est le problème du temps de sommeil, c’est le problèmes des différents problèmes familiaux que connaissent  parfois nos enfants. C’est le problème de l’usage excessif des écrans, ou de la vie de quartier qui amène parfois à la déscolarisation. Tous ces problèmes qui sont nos problèmes de société d’aujourd’hui, peuvent trouver une réponse assez forte et assez nette au travers de l’internat. Nous aurons donc une politique volontariste de l’internat sur la base des internats existants. Là aussi c’est important de souligner quelque chose, parce que quand on parle de ça, on a souvent à l’esprit des enjeux physiques, des enjeux matériels. Il faut quatre murs, un toit, un lit pour faire un internat. Mais en réalité si les internats sont tombés en désuétude dans certaines parties du territoire, si nous avons beaucoup de places vacantes au moment où je vous parle, dans les internats, c’est tout simplement parce qu’avec le matériel n’est pas venu l’immatériel, qu’un internat, ce n’est pas seulement un lieu. Un internat, c’est un projet éducatif. C’est le fait qu’on propose quelque chose. Ce quelque chose est d’ordre pédagogique, éducatif, c’est d’ordre culturel, c’est d’ordre sportif, c’est ce qui fait la différence, c’est ce qui fait tout simplement qu’on a envie d’y aller. Et aujourd’hui, vous avez beaucoup d’élèves en France qui ont envie d’aller dans les internats. Ce que je viens de dire sur les internats qui, soit dit en passant,  vont  contribuer à notre politique de revitalisation des zones rurales parce que très souvent, c’est là qu’on pourra soit les renforcer, soit les implanter. Ce que je viens de dire sur les internats, c’est valable pour l’Ecole dans son ensemble. L’Ecole, ce n’est pas quatre urs, des chaises et des tables. L’Ecole c’est un lieu symbolique, c’est un lieu particulier dans la cité. C’est un lieu où le contrat social se joue de façon fondamentale. Et cela nous avons non seulement à le préserver, mais nous avons aussi à l’inventer, le réinventer pour les années futures, pour les décennies futures, parce qu’en effet, nous entrons dans une civilisation nouvelle, que cela nous plaise ou non. Cette civilisation a de nombreux atouts, de multiples opportunités, et pour y rentrer, nous avons besoin de racines et nous avons besoin d’ailes, nous avons besoin de la comprendre, de la maîtriser, et pour cela nous avons besoin d’un lieu spécifique.

Cela s’appelle l’Ecole, et cela s’appelle la République.

Merci beaucoup.

 

 

 

 Seul le prononcé fait foi. 

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