Couples homosexuels : "Pour une union qui permet l'égalité des droits et des devoirs !"

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Dans une interview à paraître dans le numéro de novembre de TÊTU, François Bayrou est revenu sur l'union pour les personnes de même sexe, l'égalité des droits et l'homoparentalité. "Tous les couples qui ont un projet stable, à long terme, doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Mais pour moi il s'agit d'une union, pas d'un mariage," a-t-il déclaré.

TÊTU - En juin dernier, lors du vote à l'Assemblée de la proposition de loi socialiste concernant l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, vous vous êtes abstenu. Pour quelles raisons ? 

François Bayrou - Tous les couples qui ont un projet stable, à long terme, de vie en commun et qui veulent que ce projet soit reconnu par la société doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cet engagement doit être contracté dans les mêmes conditions de solennité, y compris par l'état civil de la nation, devant le maire. Mais pour moi, il s'agit d'une union, pas d'un mariage. Un mariage, c'est l'union d'un homme et d'une femme. C'est sur cette dénomination que je me suis abstenu. Bien des pays qui ont avancé en ce sens ont choisi des noms différents. En Angleterre, par exemple, c'est le "civil partnership". Il est juste de nommer exactement les choses. 

Vous n'avez donc pas évolué sur cette question de vocabulaire... 

C'est une question symbolique importante... 

Ah, vous le reconnaissez ? 

Évidemment. 

En 2007, vous proposiez la mise en place d'une union civile... 

L'adjectif "civil" était superflu. Car civil s'oppose à quoi ? A religieux, par exemple ? Il s'agit d'octroyer ici les mêmes droits, exactement les mêmes, comme la dissolution par divorce devant le juge, les mêmes droits fiscaux, sociaux... Ce droit aux droits est légitime. Il est pour moi sans réserves. Mais le nom juste est "union". 

Dans TÊTU en 2007, vous évoquiez un "mouvement de compréhension réciproque"... 

Oui, un mouvement de compréhension et de reconnaissance, et, au fond, d'attention réciproque. L'action des responsables politiques doit susciter la compréhension entre Français, entre citoyens. Parmi nos concitoyens, il y a bien des différences de sensibilité, parfois venues d'autres traditions culturelles, parfois plus traditionnelles. Ceux-là souvent se sentent déracinés, désespérés, simplement parce qu'ils ne voient pas le monde de la même manière et qu'ils ont l'impression que dans ce monde il n'y a plus de place pour eux. Ceux-là aussi ont un droit à la compréhension. Pendant très longtemps, le combat de la communauté homosexuelle était "accepter la différence". Accepter la différence, au fond, ça vaut dans les deux sens. Évidemment, je sais très bien ce que ma position a de minoritaire aujourd'hui ! 

Vous vous dites donc minoritaire sur la question... 

Je sais bien qu'aujourd'hui tous les responsables politiques, à l'approche des présidentielles, viennent défiler devant vous : "Mes chers amis, je suis pour le mariage..." (Sourires.) 

"DIRE 'L'HOMOPARENTALITÉ C'EST AFFREUX'... EXCUSEZ-MOI, MAIS C'EST LA VIE DE TOUS LES JOURS !" 

Concernant l'homoparentalité, en restez-vous à l'adoption simple ? 

A la vérité, je ne comprends pas le débat sur cette question. Car l'homoparentalité, elle existe. Il y a des centaines de milliers d'enfants, nés de pères ou de mères qui se sont, au cours de leur vie, découverts homosexuels, après avoir vécu en tant qu'hétérosexuels. Alors, dire "l'homoparentalité, c'est affreux"... Excusez-moi, mais c'est la vie de tous les jours ! Ensuite, l'adoption homosexuelle, elle existe, puisque j'ai été président de conseil général, et je suis moi-même intervenu pour qu'il n'y ait pas de distinction sur le sujet... 

Mais ce n'est pas le cas de tous les conseils généraux... 

C'est mon expérience. On peut selon la loi en vigueur adopter individuellement, que l'on soit hétérosexuel ou homosexuel. Ne reste donc qu'une question : la partage de la parentalité. Le fait que deux personnes, notamment dans le cadre de l'union que je propose, élevant des enfants ensemble, les ayant adoptés ensemble, soient reconnues toutes les deux comme parents me paraît un droit logique et de bon sens. 

Quelle est votre position sur l'ouverture de la PMA aux couples de femmes ? Que pensez-vous des "mères porteuses" ? 

Les couples de femmes homosexuelles ont-ils accès à l'insémination artificielle ? Oui, il suffit d’aller en Belgique. Alors l’idée qu’une chose serait autorisée et légale là et interdite en France n’est plus de ce temps. Reste la gestation pour autrui (GPA). C’est très compliqué. J'ai des amis, des couples d’hommes, militants au Modem, qui y ont eu recours. Cela pose d’abord la question du rapport marchand. Alors, j’adopte une ligne de conduite : essayons de faciliter une chose qui, pour moi, est précieuse, la vie des enfants. Des gens, que je respecte, sont très révulsés par la gestation pour autrui, et en même temps, il y a des enfants qui naissent de cette manière. Respectons leur vie, et donnons-leur des droits. 

Donc, pour les enfants conçus à l’étranger en GPA, vous êtes pour leur reconnaissance juridique ? 

Oui, bien sûr. 

Que proposez-vous pour les droits des transsexuels ? 

Le chemin qui mène à la transsexualité est celui d’une mise en cause intérieure violente, douloureuse. Peut-on imaginer plus violent qu’un tel passage ? Il est donc normal de faciliter le changement d’état civil. Après tout, ça gêne qui ? 

Jean-Yves de Chaisemartin, ancien dirigeant des jeunes UDF, a fait son coming out, il y a deux mois dans TÊTU. Comment expliquez-vous qu’en France, il y ait si peu de visibilité parmi les responsables politiques ? 

On ne devient pas homosexuel, on découvre qu’on l’est. C’est dans le tréfonds de l’enfance que ce genre de situations se noue. Ce n’est pas que de l’acquis, c’est du réel, ce n’est pas qu’une préférence, c’est du vécu. C’est un chemin qui ne se fait pas sans y laisser beaucoup d’émotions, de culpabilité parfois, de difficultés avec ceux que vous aimez. Pour beaucoup de responsables politiques, l’homosexualité reste une "transgression" qu’ils n’osent affronter par rapport à leurs concitoyens, aux électeurs. J’en ai souvent discuté avec André Labarrère (l’ancien maire de Pau, ouvertement homo, mort en 2006). Il m’a raconté son adolescence, son trouble d’alors. Pendant longtemps, il n’a rien dit, et puis, un jour, il a assumé. Je respecte également ceux qui ont réglé la question pour eux-mêmes et ceux qui ont du mal à le faire, car ce chemin est difficile. 

Il n’y a que vous au Centre ? 

Il n’y a de centre qu’indépendant. Ceux qui affirment sans cesse que "la Droite et le Centre c’est la même famille politique" disent en fait que le Centre n’existe pas. Or, toute ma vie, j’ai voulu que le Centre s’affirme, qu’il soit le fondateur d’une majorité nouvelle.

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