COP21 : "Je suis critique sur le principe de ces conférences internationales qui ne donnent rien"

Yann Wehrling n'est pas convaincu qu'un accord efficace puisse être trouvé à la COP21, afin de lutter contre le réchauffement climatique. S'exprimant hier soir au micro d'Europe 1, le porte-parole du MoDem a préconisé des mesures bien plus palpables et crédibles que celles qui engagent les chefs d’État à répondre de leurs actes uniquement en 2050...

Europe 1 - Bonsoir Yann Wehrling.

Yann Wehrling - Bonsoir.

Un nouveau sondage indique que le Front national pourrait enlever trois régions le 6 et le 13 décembre prochains. En plus de Nord-Pas-de-Calais-Picardie et PACA, le Grand Est semble aussi désormais à portée de main de l'extrême droite où Florian Philippot arriverait devant les listes du parti Les Républicains et les listes de la gauche emmenées par le PS. Cela vous inquiète-t-il ?

Évidemment, la montée du Front national est un sujet inquiétant. Mais d'abord une petite remarque au passage. Je dois souligner que si le mode de scrutin était resté intégralement proportionnel, cette question ne se poserait pas. On construirait des coalitions, de larges coalitions, et il n'y aurait pas de question de régions qui pourraient être emportées par le Front national sans être majoritaire. Parce que c'est les cas de figure : le FN pourrait remporter des régions dans des triangulaires le 13 décembre prochain, en n'étant pas majoritaire, en ne faisant pas 50 %. C'est quand même une question démocratique qu'on peut se poser : est-ce que comme ça, naturellement, sans se poser de questions, on peut se dire qu'en ne faisant pas 50 %, on peut remporter une élection qui est celle importante d'une élection régionale ?

En même temps la proportionnelle avec prime au vainqueur donne toujours un avantage à celui qui arrive en tête.

Oui mais c'est un artifice, cette prime, qui fait qu'en faisant moins de 50 % on peut être majoritaire dans l'assemblée après. Cela étant, le sujet est quand même de débattre de cette question du FN et de l'intérêt de beaucoup trop d'électeurs pour cette formation politique. Et on ne débat pas assez, à mon avis, du programme de ce parti. On est toujours sur une stigmatisation un peu facile, mais il faut débattre du programme de ce parti. Je note que le MEDEF aujourd'hui a fait une sortie - par la voix de Pierre Gattaz - sur la question du programme économique du FN. Je crois que c'est important d'aller dans le détail de ce que propose le FN. En l'occurrence sur les questions économiques, oui, la proposition du FN est un danger pour le pays.

Encore un mot en terme de stratégie électorale. Est-ce qu'à votre avis, au vu de ces chiffres, de ces tendances, de ce climat que l'on connait actuellement, il faut revoir la stratégie anti-FN et peut-être envisager un front républicain droite-gauche entre les deux tous dans plusieurs régions ?

Cela, je n'en sais rien. Je pense qu'il ne faut pas non plus que les électeurs aient le sentiment qui alimenterait d'ailleurs le discours du FN "ils sont tous ensemble en réalité". Il faut que ce soit basé sur un accord de fond. Il faut que l'on construise quelque chose qui soit crédible sur la durée vis-à-vis des électeurs. On ne peut pas s'affronter pendant des mois et des mois et tout à coup s'entendre au dernier moment. C'est compliqué. Peut-être que ce sera nécessaire, je n'en sais rien, mais ce sera compliqué. Je pense qu'il faut que l'on construise une offre politique nouvelle dans ce pays, qui soit réformiste, responsable, et aujourd'hui ce n'est pas tout à fait le cas, honnêtement. Il va falloir que l'on avance sur cette idée-là mais en transparence vis-à-vis des électeurs.

Le contexte des attentats ne rend pas très audible le message des différents partis dans cette campagne, si campagne il y a d'ailleurs. Est-ce que pour vous, MoDem, vous pouvez faire passer un message particulier dans cette période qui est marquée avant tout par la préoccupation sécuritaire et par le souci de cohésion nationale ?

Je crois que bien sûr les élections régionales de dimanche prochain n'auront pas tout à fait la même allure que s'il n'y avait pas eu les attentats du 13 novembre. Pour autant, je crois qu'un des messages à adresser aux Français, c'est de leur dire : "Ce que les terroristes ont cherché à viser c'est un pays, une démocratie, une République avec des valeurs. Parmi ces valeurs, il y a la démocratie justement. Et la démocratie c'est les urnes, c'est aller aux élections." Ce que je veux dire par là, c'est que le 6 et le 13 décembre, il faut que les électeurs aillent aux urnes, il ne faut pas qu'ils aient peur, il faut qu'ils envoient un message à ces gens pour qui le mot démocratie ne veut rien dire, voire qui le combattent : "nous, on est une démocratie, on va voter".

Donc un message civique ?

Un message civique, un message d'engagement, qui montre que les électeurs vont aller aux urnes et envoyer un message totalement contraire à ce que les terroristes veulent entendre, c'est-à-dire un message de peur. Nous n'avons pas peur !

Mais Pourquoi le MoDem plus que les autres partis ?

Tous les partis doivent adresser ce message. Mais je l'adresse particulièrement ici au nom de mon parti.

Yann Wehrling, je n'oublie pas et vous non plus que vous avez été membre des Verts, même porte-parole national des écologistes il y a une dizaine d'années. Est-ce que vous pensez que la COP21 est bien embarquée malgré les divergences que l'on voit persister entre les uns et les autres, le nord et le sud notamment, et une certaine rigidité des États-Unis ?

Moi je souhaite qu'il y ait un accord, je souhaite que l'on avance. Mais vous voyez le problème, COP21 veut dire que c'est la 21ème fois qu'on se retrouve pour discuter de ces questions là. Et honnêtement, on n'a pas beaucoup avancé en 21 ans. Je vous donne un chiffre : depuis ces 21 années passées, on émet à peu près 2,5 % de plus de gaz à effet de serre par an à l'échelle planétaire. C'est pour vous dire que les efforts ne sont pas au rendez-vous. Je crois que l'un des éléments que je note, malheureusement dans cette COP21, c'est que les États et la France en particulier et les pouvoirs publics en particulier, n'ont pas suscité d'intérêt chez les Français. Quand vous en parlez autour de vous, ce n'est pas le sujet numéro 1 dont parlent les Français aujourd'hui, alors que ça se déroule en ce moment même à Paris. Il faut aussi qu'il y ait une envie de faire et il n'y a pas cette envie aujourd'hui.

Donc un manque de pression sur les dirigeants et gouvernements ?

Oui, parce que les dirigeants sont issus des urnes, donc ils ont besoin d'une pression populaire pour agir. Et quelle pression ont-ils ? Elle est assez faible. J'ajouterai que c'est difficile d'arriver à un accord puisque l'intérêt de la planète aujourd'hui n'est pas défendu dans cette COP21. La somme des intérêts de chaque État, la somme des égoïsmes de chaque État, ne fera pas un intérêt planétaire donc je suis un peu sceptique sur l'issue. Je suis critique sur le principe même de ces conférences internationales qui ne donnent rien. Il faut qu'on passe à des actions plus concrètes, plus palpables : lutter contre le gaspillage alimentaire, arrêter les subventions aux énergies fossiles... Ce sont des mesures simples, concrètes, et aujourd'hui c'est peut-être plus crédible que de s'engager pour quelque chose qui aura lieu en 2050, avec des chefs d'État qui s'engagent aujourd'hui, et qui ne seront évidemment plus là pour répondre de ces engagements quand on arrivera à l'échéance de 2050.

Un dernier mot. Nous sommes aujourd'hui le jour de la journée mondiale de lutte contre le sida, comme chaque 1er décembre. On a entendu tout à l'heure Mélanie Gomez dans le journal qui nous rappelait, qu'aujourd'hui encore, en France, les séropositifs sont interdits d'un certain nombre de professions comme celle de magistrat. Est-ce que cela vous choque ?

Oui, je pense que c'est un anachronisme et que c'est un point sur lequel il faut revenir rapidement parce que cela ne se justifie aucunement qu'il y ait ce type discrimination à l'égard des personnes atteintes du Sida. On découvre régulièrement ce genre de choses et c'est bien que vous, média, pointiez ces problèmes pour que, rapidement, l'on corrige ces situations.

Je vous remercie d'être venu dans Europe nuit.

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