"Ceux qui gouvernent ne sentent pas la réalité de la vie des Français dont ils ont la charge"

Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV et RMC ce matin, le président du MoDem a déploré qu'il y ait au sein du gouvernement "un amateurisme, une ambiance de panique électorale".

Jean-Jacques Bourdin : Je suis avec François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau. Bonjour.

Bonjour.

Merci d’être avec nous, François Bayrou. Regardons un peu les dernières décisions gouvernementales et notamment l’allocation adulte handicapé : recul ; les dotations aux collectivités : recul. Qu’est-ce qu’il y a encore ? Les veufs ou veuves : recul - cette imposition qui, tout d’un coup, est tombée sur ces hommes et ces femmes qui ont peu pour vivre -. François Bayrou, pourquoi tous ces reculs ? Est-ce parce que les élections approchent ?

Ce qui est fascinant c’est l’ambiance d’improvisation. On a l’impression – et pourtant ils sont au pouvoir depuis des années et les administrations fonctionnent depuis des décennies – qu’il y a un amateurisme, une ambiance de panique électorale qui est en train de se créer, dans lequel le gouvernement abandonne des mesures qui pour un grand nombre d’entre elles étaient mauvaises. Mais pourquoi les a-t-il prises ou pourquoi ne les a-t-il pas changées ? Je vous rappelle qu’un certain nombre de ces mesures ont été adoptées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, par le gouvernement précédent. On a l’impression – c’est le plus frappant pour moi – que, au fond, ceux qui gouvernent n’ont pas le sens ou ne sentent pas la réalité de la vie des gens dont ils ont la charge, de la vie des Français dont ils ont la charge. C’est cela qui est, pour moi, le plus frappant. Ils savaient bien qu’en augmentant des seuils d’imposition, en raison du fait que l’on franchit une limite, on devient soumis à de nouveaux impôts.

L’État s’isole, l’État recule ?

L’État s’isole, l’État est faible.

Mais Nicolas Sarkozy dit : « Il n’y a plus d’autorité de l’État ».

Je viens après Nicolas Sarkozy. Je voudrais vous dire ce que moi je pense. La fonction principale de l'État devrait être la prévision. Vous connaissez ce proverbe : « Gouverner c’est prévoir ». On a l’impression que le gouvernement, non seulement ne prévoit plus, mais qu’il ne voit rien venir avant d’être immédiatement sur l’obstacle et il y a là quelque chose qui est – à mon avis – symptomatique non seulement de ce que la majorité actuelle fait, mais de la manière dont on gouverne en France depuis des années et des années. Parce que ceux qui nous écoutent savent très bien que ce n’est pas la première fois que l’on fait « j’avance et je recule ».

On va me dire : « François Bayrou commente, très bien, il avance les idées, très bien, mais ce n’est pas un homme d’action », vous l’entendez cela ou vous l’avez entendu.

Ceci est totalement faux, vous êtes venu à Pau, vous avez vu ce qu’il en était, ce que l’on est capable de faire dans une ville en changeant les choses concrètement en quelques semaines ou en quelques mois.

Je reviendrai à Pau pour voir les résultats.

Venez pour voir les résultats.

Enfin, une ville n’est pas un pays.

Une ville n’est pas un pays, en effet. Je ne suis pas au pouvoir et c’est peut-être ce qu’il faudra un jour changer.

Vous voulez toujours être au pouvoir donc.

C’est le but d’un homme politique que d’influencer le destin de son pays et d’avoir un poids.

Si vous étiez au pouvoir, est-ce que vous auriez engagé – si vous aviez été élu Président de la République – une vaste réforme fiscale ? Je vous dis cela parce que tous les candidats à la présidentielle ont promis cette réforme fiscale.

Et ils ne l’ont pas faite. Personne ne l’a faite.

Alors ?

Oui, je pense qu’une reconstruction fiscale – je ne dis même pas une réforme, parce que vous voyez bien que là on bricole, on met des rustines dans tous les coins – est nécessaire. Cette reconstruction passe par, au fond, deux certitudes. La première : à partir d’un certain seuil, l’impôt devient contre-productif, il empêche la vie du pays, empêche l’initiative et le Parti socialiste a fini par s’en apercevoir. Peut-être que vous vous souviendrez que c’est à votre micro que j’avais utilisé une formule un peu leste quand les membres du PS avaient annoncé les 75%. J’avais dit : « Le déconomètre fonctionne à plein tube ».

Il continue à fonctionner à plein tube ?

Ils ont un peu changé, il faut bien dire les choses.

Contre les fraudes fiscales, sans vouloir défendre le gouvernement ou le Président de la République.

Vous vous souvenez, on a entendu le Président de la République et le gouvernement dire « Plus jamais un impôt nouveau à partir de maintenant ». De quoi s’aperçoit-on, dans leurs reculs successifs ? C’est que, bien sûr, ces impôts nouveaux étaient prévus avant.

C’est la principale erreur de François Hollande, selon vous, de ne pas avoir engagé une vaste réforme fiscale ?

C’est une erreur de François Hollande mais on ne peut pas dire que ce soit la principale parce qu’il a additionné les erreurs. Lorsque l’on fera le bilan, à mon avis, il sera sévère.

On approche d’ailleurs des régionales et bientôt de la présidentielle. Pour lui, est-ce perdu ?

Je ne vois pas de quelle manière il pourrait rétablir une situation qu’il a lui-même si profondément dégradée.

Pour lui, est-ce perdu ? La présidentielle est perdue ?

Je trouve que sa situation est compromise. Il y a toujours des accidents politiques, on ne peut pas utiliser des formules définitives, mais oui, elle me semble très compromise.

Je vais revenir sur la présidentielle. La réforme du Code du travail a été annoncée aujourd’hui. Je me souviens de cette image sur France 2 – vous êtes d'ailleurs bientôt l’invité de l’émission "Des paroles et des actes" – où vous aviez balancé – pardonnez-moi l’expression – sur la table le Code du travail français avec le Code du travail suisse.

Les deux kgs du Code du travail français.

Exactement. Il est possible que le Code du travail soit remplacé, c’est ce qui se murmure.

Je voudrais que ce soit le cas, parce que quand j’ai fait cette démonstration que vous évoquez, toute la gauche et tous les – entre guillemets – « intellectuels de gauche » se sont dressés comme si j’avais porté atteinte à quelque chose de très tabou ou précieux. J’aimerais bien que ce soit simplifié. On traite généralement le thème du Code du travail en une seule question, or, il y en a deux. La première question, c’est sa lisibilité. On devrait, à droit égal, sans changer le droit, écrire un Code du travail qui soit lisible par tous ceux qui ont à l’utiliser – les salariés et les entreprises – comme celui que j’ai apporté ce jour-là sur la Suisse, qui fasse 100 ou 120 pages. Actuellement il y en a 2000, en tout petits caractères, il faut une loupe pour les lire. Je suis persuadé que l'on pourrait, et Robert Badinter l'a montré, écrire un Code du travail lisible en gardant les mêmes principes et dans un format accessible à tous. Parce que nul n’est sensé ignorer la loi, vous le savez.

On réécrit un Code du travail, on le simplifie.

On simplifie sa rédaction, première orientation.

Et la deuxième ?

Il y a une deuxième question, c’est qu’est-ce qu’il y a dans le code du travail ? Alors François Hollande dit « on ne touche pas aux 35h, on ne touche pas au SMIC et on ne touche pas au contrat de travail ». Alors à quoi touche-t-on ? C’est une interrogation que tout le monde se pose. Je suis d’accord avec l’orientation annoncée par le gouvernement qui a dit « on va donner davantage de latitudes à la négociation de branche d’entreprise ». Si c’est le cas, je l’approuverai. Mais, pour revenir aux trois piliers, aux trois tabous, il y en a un auxquels, en effet, je pense qu’il ne faut pas toucher : c’est le SMIC. Je ne crois pas que le travail soit trop payé en France, je crois qu’il ne l’est pas assez. Alors ce n’est pas facile, je ne vais pas d’un claquement de doigts augmenter. Vous preniez l’exemple de la Suisse, c’est un pays où les salaires doivent être 30 % peut-être, 40 % au moins, supérieurs aux salaires de la France. La preuve : c’est que plusieurs centaines de milliers de travailleurs français, tous les jours, franchissent la frontière. La Suisse n’est pas un pays sous-développé, ce n’est pas un pays où l’on exploite les gens et c’est un des pays les plus exportateurs de tout notre espace. La preuve : c’est qu’il a fallu des trésors d’ingéniosité pour empêcher le franc suisse de crever les plafonds. Donc regardons des modèles comme ceux qui sont autour de nous. Je ne dis pas que la Suisse a raison sur tout, je n’ai pas envie que la France - évidemment c’est absurde - devienne la Suisse pour mille raisons que nous savons. Mais est-ce que l’on peut réfléchir une seconde au SMIC, au travail dans ce qu’il rapporte aux salariés ? Je pense que le salaire doit être défendu. Après, est-ce que l’on peut réfléchir aux horaires de travail ? Je suis persuadé que oui. Est-ce que l’on peut réfléchir aux contrats de travail ? Je suis persuadé qu’il faut.

Les 35h, c’est la loi. Est-ce qu’il faut modifier la loi, sur les 35h ?

Je suis persuadé que l’on peut modifier la pratique. Je ferai des propositions sur ce sujet parce que je pense qu’il y a des propositions pratiques.

C’est-à-dire ? Votre idée principale ?

Je vous la dirai une autre fois.

Mais non, vous pouvez le dire.

Pas aujourd’hui.

Mais pourquoi ?

Parce que je suis en train de vérifier avec des experts si c’est jouable, si c’est possible, dans quels délais c’est possible, tout cela est à voir.

Les migrants : 800 000 entrées illégales dans l’Union européenne depuis le début de l’année, c’est ce que vient d’annoncer le patron de FRONTEX. Nicolas Sarkozy, qui était sur RTL – je l’attends  au passage – a dit : « au sein de la civilisation européenne, on se demande si nous allons pouvoir continuer de vivre avec nos modes de vie et nos valeurs ? » Est-ce que nous allons pouvoir continuer de vivre avec nos modes de vie et nos valeurs selon vous ?

L’inquiétude sur la déstabilisation des sociétés qui sont les nôtres, sur le fait qu’elles pourraient être menacées dans leur équilibre, est réelle, très répandue et légitime. Il est normal que dans une société, des parents pensent à leurs enfants, des grands-parents pensent à leurs petits-enfants, des frères pensent aux leurs et se posent cette question-là. Parce que la France est un mode de vie, une manière de vivre.

Alors je vous repose la question autrement : est-ce que nos modes de vie et nos valeurs sont menacés aujourd’hui ?

Nos modes de vie et nos valeurs, en tout cas l’équilibre de la société, peuvent être menacés si le nombre de ceux qui arrivent sur notre sol n'est pas voulu ou souhaité, ou si nous n'avons pas réfléchi à la manière dont nous pouvons les intégrer, Oui, en effet, cela constitue une menace et un trouble. Il n’existe pas – je voudrais peser mes mots – de société humaine – où qu’elle se trouve sur la planète, quelle que soit sa civilisation, sa religion, ses croyances – qui ne soit pas déstabilisée par des apports massifs de population. Cela n’existe pas, même un pays d’immigration comme les États-Unis, fondé uniquement à partir de l’immigration traite perpétuellement de la question de créer des murs à la frontière du Mexique... D’ailleurs, les murs n’empêcheront de passer personne, tout le monde le sait bien. Donc cette affirmation selon laquelle, oui, une société a le droit, et peut-être même le devoir de penser à la manière dont elle va s’établir dans le futur, dont elle va faire durer sa manière d’être – on dit ses valeurs comme si c’était uniquement moral, mais c’est une manière d’être, de penser le statut de la femme, les institutions familiales, les enfants, l’éducation des enfants - doit être protégée, garantie, dans le futur. Est-ce que cela peut se faire avec l’illusion que plus jamais personne ne franchira les frontières et que l’on va se refermer sur nous ? Évidemment c’est là qu’est le mensonge. Et donc cette réflexion, qui est une réflexion sereine à avoir, profonde, qui touche à des choses auxquelles nous aspirons comme père de famille, mère de famille, enfant quand on est enfant, plus âgé lorsqu’on l’est, est légitime et c’est une crainte justifiée.

Une crainte justifiée. Quelques mots sur les propositions des Républicains en matière de sécurité. J’en prends quelques-unes : présomption de légitime défense pour la police et la gendarmerie, davantage de pouvoirs à la police municipale, afin qu’elle puisse avoir accès à des fichiers de la police et procéder à des contrôles d’identité y compris avec palpation. Y seriez-vous favorable ? 

Alors, premièrement, une réflexion : on est entré dans les primaires et la loi de la primaire est la surenchère.

Est-ce que l'on est dans la surenchère, là ?

On est dans la primaire qui entraîne des surenchères.

Comme donner aux sociétés d’autoroutes le pouvoir de relever les infractions ?

Il y a un certain nombre de mesures de bon sens : par exemple que la police municipale puisse avoir les moyens de son action y compris avec des armes défensives ou de dissuasion – des flashball, tazer –. Chez moi, j’ai créé une brigade de nuit et j’ai autorisé à ce qu’elle ait ces armes-là, qui sont des armes de dissuasion, qui ne sont pas des armes mortelles. Que les sociétés d’autoroutes aient la possibilité ou l’autorisation de chronométrer des gens qui vont trop vite, cela ne me gêne en aucune manière.

Cela ne vous gêne-t-il pas ?

Franchement, cela ne me gêne pas. J’ai souvent pensé que si l’on avait mis un chronomètre à chaque péage avec le temps, cela ne m'aurait absolument pas dérangé. En revanche, que Nicolas Sarkozy dise, comme il l’a fait hier, « il n’y aura plus aucun aménagement de peines », alors je peux vous dire vous ne rencontrerez pas un directeur de prison, un gardien de prison, ou une seule personne qui se soit approchée d’une prison en tant que professionnel qui soit favorable à cela. Parce que si un détenu a une bonne conduite – alors il faut que ce soit réel, en liaison avec les peines prononcées et la gravité des crimes – le fait que l’on puisse - en se rachetant d’une certaine manière - obtenir une réduction de peine, est nécessaire pour l’équilibre des prisons et c’est même nécessaire pour la vie en commun dans ces endroits dont nul ne peut dire qu’ils sont agréables.

À propos de justice et de police et le regroupement des ministères justice/police, François Fillon dit que c’est une ligne rouge qu’aucun républicain ne peut franchir.

Il a raison. Vous ne pouvez pas mettre sous la même autorité ministérielle la police et la justice, parce que cela veut dire autrement que la justice n’a plus son indépendance et qu’elle n’a plus – comment dirais-je – sa manière de voir les choses, appuyée sur la loi. Alors c’est vrai que les policiers sont très en colère : très souvent, ils arrêtent des gens, ils ont dépensé beaucoup d’énergie pour les arrêter, et puis en raison de telle ou telle astuce du droit, ces gens-là sortent. Tout cela doit être réformé. Mais la séparation, la ligne rouge entre police et justice, évidemment il faut la défendre parce que l’on a besoin de sauver l’équilibre des sociétés qui sont les nôtres.

François Bayrou, je voudrais terminer avec l’honnêteté intellectuelle en politique. Pourquoi ? Parce qu’il y a une distance terrible entre le citoyen et la politique.

C’est ce que l’on a dit au départ.

Écoutez cet extrait ou regardez-le. Je le diffuse sans cesse parce que, pour moi, il est symptomatique.

Jean-Jacques Bourdin : « Si vous perdez cette élection présidentielle, est-ce que vous arrêtez la politique ?

Nicolas Sarkozy : Oui.

Jean-Jacques Bourdin : Vous arrêtez la politique ? Si vous perdez le 7 mai, vous abandonnez la politique ?

Nicolas Sarkozy : Vous pouvez me poser la question une troisième fois, je vous le dis, oui. Je ferai autre chose. Quoi ? Je ne sais pas. Mais si les Français devaient ne pas me faire confiance, est-ce que vous croyez vraiment que je devrais continuer dans la vie politique ? La réponse est non. »

Est-ce de la malhonnêteté intellectuelle ?

Non, je pense qu’il le croyait au moment où il le disait. C’était son sentiment profond, le sentiment un peu plus délicat c’est que les Français l’ont cru. Mais sur ce plan là, ce n’est pas la pire des fautes de Nicolas Sarkozy.

Je vais vous dire ce qu’un auditeur m’a dit aussi, à propos de vous :

Auditeur : « Merci de rappeler à François Bayrou qu’il déclarait sur tous les médias avec des sanglots dans la voix que, s’il était élu maire de Pau, il ne briguerait aucun mandat national ».

Et bien cet auditeur, qui  apparemment est une auditrice – Muriel de Pau – doit vérifier la totalité des déclarations que j’ai prononcées.

J’ai dit que je ne briguerai pas de poste dans une élection départementale, régionale, parlementaire. Je l’ai dit ! Quant à l’élection présidentielle, j’ai toujours dit que ce n’était pas mon objectif et encore aujourd’hui je vous le redis. 

Est-ce que vous ne rêvez pas franchement qu’Alain Juppé soit battu par Nicolas Sarkozy pour pouvoir vous présenter ?

Non Monsieur Bourdin ! Je souhaite qu’une démarche politique nouvelle - qu’Alain Juppé peut porter parce qu’il n’est pas prisonnier de son appareil - puisse s’imposer en France et que l’on puisse faire avec lui des rassemblements. Je l’ai dit et je l’affirme devant vous. C’est simple ! Vous ne trouverez pas beaucoup de responsables politiques ayant la chance d’avoir un socle électoral constitué, assez fort, qui disent « écoutez, moi je suis prêt à travailler avec un autre ». Si vous en trouvez, vous m’appellerez ! Donc je prétends que oui, d’une certaine manière, c’est une affirmation désintéressée et peut-être un tout petit peu exemplaire dans le monde politique où nous sommes. Cela dit, l’élection présidentielle est l’élection majeure - c’est le destin du pays qui se joue - et j’ai toujours dit à toutes les élections locales que je conservais mes droits de citoyen. S’il y a une situation qui est créée, que je considère intolérable pour mon pays, alors j’aurai la liberté de prendre mes responsabilités. Ce n’est pas mon voeu, mais je suis quelqu’un qui ne se défile pas.

 

Merci François Bayrou.

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