"Cette idée européenne, c'est le bien le plus précieux qui soit !"

"Mes premiers mots seront pour remercier Yves Jégo parce que la qualité de cette équipe, que nous avons entendue à l'instant, te doit beaucoup. C'est toi qui en as facilité l'émergence, la naissance. Que l'hommage t'en soit rendu.

J'ai été extrêmement fière et heureuse d'entendre parler mes collègues et futurs collègues du Parlement européen. Je trouve qu'ils ont tous un engagement, des convictions, une sincérité. C'est le contraire de la langue de bois. Vraiment bravo! Je trouve ça formidable! Je pensais à Jean-Louis. Je pense que cette équipe, rassemblée ce matin, avec ces femmes et ces hommes vraiment formidables, est le plus beau des messages qu'on peut envoyer à Jean Louis auquel nous pensons tous.

Le choix du centre, que nous avons fait avec Jean-Louis Borloo et François Bayrou, est le seul choix possible pour régénérer la vie politique française et apporter des réponses nouvelles qui permettront le redressement durable de notre pays. Dans ces réponses nouvelles, la première d'entre elles - et c'est pour moi la plus importante - est de redonner au projet européen, de redonner à l'Europe, sa place centrale dans le projet national français, dans l'histoire nationale française. Place centrale qu'elle n'aurait jamais dû perdre. C'est pour moi le premier enjeu de cette élection. 

Nous, femmes et hommes qui sommes engagés au centre, nous pensons que l'Europe, c'est d'abord notre affaire. Ce n'est pas une affaire de politique étrangère. L'Europe ce n'est pas un bouc-émissaire responsable de toutes nos difficultés. Je note au passage qu'il y avait un mot qui manquait dans le dernier gouvernement: le mot Europe. Pas prononcé une seule fois, pas un seul ministère.

Il faut redonner à l'Europe sa place dans la vie politique française. L'Europe doit redevenir l'affaire de tous, l'affaire de tous les Français, de tous ceux qui veulent redonner du sens à notre action publique et politique. Pour nous le choix européen c'est d'abord un choix de souveraineté. Et il n'y a pas d'autre hypothèse. Nous ne pourrons préserver notre mode de vie, nos valeurs, notre modèle de société, notre modèle de développement qui est unique au monde qu'en faisant une Europe plus unie et plus forte.

Mais, cette Europe, on doit la rendre plus efficace et plus démocratique.

Plus efficace, ça veut dire que l'Europe doit se recentrer sur l'essentiel, s'occuper du plus précieux, du plus urgent, du plus important. Elle doit en particulier se doter de nouveaux outils au service de la croissance, permettre des investissements massifs, permettre une mobilisation de l'épargne européenne pour de grands projets par exemple d'infrastructure, permettre d'avoir une politique européenne industrielle digne de ce nom, permettre de faire émerger - demain - de nouveaux géants européens comme on l'a fait dans le passé avec Airbus, permettre d'être aux côtés des petites et moyennes entreprises dans toute l'Europe, permettre de défendre, oui de défendre, nos intérêts, à nous, Européens, dans les négociations de commerce internationales.

Cette Europe, il faut aussi qu'elle devienne plus démocratique. C'est la condition de son efficacité future. Alors, vous le savez, nous disons depuis longtemps que nous voulons qu'il y ait - le plus rapidement possible - un président qui soit élu par tous les citoyens de l'Europe. Citoyens qui pourront, le même jour où nous voterons pour choisir les députés européens, avoir une deuxième urne dans laquelle nous mettrons le nom du président de l'Europe, grâce laquelle les citoyens auront enfin le moyen de peser sur les orientations politiques pour les cinq années  qui viennent après chaque élection.

Je pense que trop souvent, trop longtemps, l'Europe s'est faite sans les peuples. Vous savez les pères fondateurs avaient l'habitude de dire que l'Europe c'était tellement compliqué qu'il ne fallait pas que les peuples s'en mêlent. Ca ne peut plus durer comme ça. L'Europe appartient au peuple, aux citoyens et là aussi nous avons besoin d'un changement vital. Nous avons besoin que soient associés à toutes les orientations politiques et économiques, l'ensemble des représentants des parlements nationaux avec le Parlement européen. Il faut redonner une légitimité à l'action européenne. Il faut que les citoyens puissent se réapproprier leur avenir et leur destin européens.

Nous vivons dans un monde secoué par des crises, par des guerres, par des conflits. Nous le voyons aujourd'hui dans la tension avec la Russie. Nous l'avons vu hier au Sahel. Nous le voyons en Syrie et nous le voyons dans de nombreux pays du monde. Là aussi, et c'est vital, nous avons besoin d'une Europe plus forte et plus unie qui parle d'une seule voix quand l'intérêt général est concerné. Selon si cette Europe existera ou non, l'équilibre du monde ne sera pas le même. Nous voulons peser sur l'équilibre du monde. Nous voulons accélérer la mise en œuvre d'une diplomatie, enfin, commune et d'une défense, enfin, commune. Là aussi, il  n'y a pas d'autre alternative.

Je veux vous dire une chose. Nous sommes dans cette élection les seuls Européens parce que nous sommes tous - nous ici au centre - unis, cohérents, légitimes. Nous sommes le vote utile européen.

Un mot pour conclure. Je suis allée à plusieurs reprises au nom de mes collègues européens, et une fois avec Nathalie, en Ukraine ces derniers mois et ces dernières semaines. Nous nous sommes retrouvés sur Maïdan, la place de l'indépendance, et nous avons vu ces dizaines de milliers d'Ukrainiens qui brandissaient, mêlés, le drapeau ukrainien et le drapeau européen. Je veux que nous pensions à eux parce qu'au fond, qu'est-ce qu'ils nous ont dit? Et qu'est-ce qu'ils continuent de nous dire? Ils nous ont dit: nous regardons vers vous, nous regardons vers l'Europe parce que nous sommes privés de toutes les valeurs que nous avez, vous, dans votre vie quotidienne: l'état de droit, la justice indépendante, des médias libres, le respect des libertés publiques, le respect des libertés individuelles. Toutes ces valeurs, ils ne les ont pas, ils les ont perdues.

Je veux conclure là-dessus. Les valeurs européennes, c'est un bien extrêmement précieux. L'Europe est souvent décriée, mais je vous demande une chose, c'est de considérer que ces valeurs, cette idée européenne, c'est le bien le plus précieux qui soit. Et que nous devons le chérir. Et que nous devons le protéger. Et que nous devons le faire grandir. C'est comme cela que nous aurons demain la force d'une Europe rayonnante et d'un monde plus équilibré et plus juste.

Merci à vous."