"C'est la victoire d'une démarche politique nouvelle"

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En duplex depuis Pau, François Bayrou était l'invité du 7/9 de France Inter présenté par Patrick Cohen. Le président du MoDem est revenu sur sa victoire à Pau et a pu nous faire part des enseignements à tirer de ces élections municipales.

Patrick Cohen : Bonjour François Bayrou, vous êtes en ligne de Pau depuis les studios de France bleu Béarn, vous êtes élu maire de Pau avec plus de 62% des voix dans une ville tenue par gauche depuis plus de 40 ans. C’est un vieux rêve ?

François Bayrou : Je ne dirais pas ça, c’est une fonction, ce n’est pas un rêve. Le travail qu’on a à faire pour une communauté humaine, pour des habitants, pour des familles, pour des femmes et des hommes quels que soient leurs âges, ce travail n’est pas un rêve individuel. C’est l’idée qu’on se fait des responsabilités qui sont les siennes et cette idée est aujourd’hui devant nous.

P.C : Au niveau national, quelle est votre lecture du second tour des élections municipales ? 

F.B : Il y a incontestablement une vague de rejet du gouvernement et de son action. En même temps il y a dans bien des villes, une usure des équipes en place sauf évidemment quand le maire fait bien son travail. Ce rejet de la politique nationale est quelque chose de très marquant. 

P.C : Quelque chose qui manque, quelque chose qui ne va pas, faut il plus de gauche, moins de gauche, plus de résultats ? 

F.B : Depuis des années, la gauche, au sens traditionnel du terme, n’existe plus. Il y a eu une ambiguïté, pour ne pas dire plus, autour de l’idée qu’il serait facile de redresser le pays, qu’il suffisait de dépenser de l’argent de ne pas toucher à ce qui existait. Il y a 15 ans, j’avais averti qu’au contraire, si il n’y avait pas une refonte profonde de la société française, de l’Etat, des collectivités locales et des systèmes de solidarité, on allait avoir de très graves ennuis et aujourd’hui nous y sommes.

Depuis longtemps, mais plus particulièrement depuis ces derniers mois, la gauche française est à un moment de rupture dont elle ne peut pas faire l’économie. 

P.C : Pas assez de réformes donc si je vous entends bien. En 2012, vous vous étiez prononcé à titre personnel pour François Hollande, deux ans plus tard vous voilà de fait associé à cette vague bleue nationale. Vous êtes désormais ancré dans l’opposition ? 

F.B : Soyons précis, lorsque que j’ai voté pour l’alternance en 2012, j’ai bien dit que sans un profond changement de vision de la part de François Hollande, je serai dans l’opposition. Ce changement n’ayant pas eu lieu, je suis donc naturellement dans l’opposition. C’est le premier point. 

Dans un deuxième temps, je dois dire que ce qu’il s’est passé à Pau, ne ressemble pas à ce que vous dites. Ce n’est en rien la victoire d’un camp contre un autre. Pau est une ville qui vote historiquement à 60% à gauche. Il y a 55 bureaux de vote à Pau, et j’ai remporté la victoire dans les 55 bureaux de vote. Il y a en particulier un bureau de vote, situé dans un quartier populaire de la ville, la gauche en 2012 a fait près de 85% des voix. J’ai réalisé près de 60% dans ce même bureau de vote. 

Ce que vous lisez comme gauche contre droite, ce n’est absolument pas ce que les palois ont vécu. Mon objectif dans cette campagne a été de montrer qu’on pouvait travailler ensemble, vivre ensemble et s’apprécier alors même que nous avons des sensibilités différentes. Des sensibilités républicaines prêtes donc à franchir ce pas et à sortir des affrontements stériles pour entrer dans une bienveillance réciproque et une ambition partagée. Cette réalité est donc en grande partie loin de la lecture que vous en faites. 

L’impopularité du gouvernement a très certainement joué aussi, je ne le nie aucunement. Mais pour l’essentiel, c’est le succès d’une démarche politique nouvelle qui a été proposée, pour preuve le Front National a réalisé que 6% des voix à Pau.   

P.C : Il y a deux ans, vous espériez que François Hollande forme une autre majorité avec vous ? 

F.B : Il a choisi de ne pas le faire et au fond c’est mieux ainsi. Il y aurait eu trop d’ambiguïtés et de quiproquos. 

P.C : On va vous revoir à Paris, François Bayrou ? 

F.B : Vous me croiserez sûrement même si j’irai très peu, probablement un jour par semaine pas plus car j’estime que l’action publique doit s’ancrer dans le local. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de me présenter à Pau. La ville avait des problèmes exceptionnels, tout le monde l’a entendu, mais il y a une deuxième raison. J’ai passé 20 ans à tenter de résoudre la crise de la société française par le haut, par la proposition nationale, par l’élection présidentielle, par les débats de politique nationale. J’ai dû faire le constat que ces débats étaient stériles car la société française était bloquée autour d’un affrontement partisan qui n’a aucune raison d’être et dont on n’arrivait pas à sortir même si on s’en est approché de très près, en 2007 où nous avons failli changer profondément la politique nationale. 

J’en ai tiré la conclusion qu’il fallait la changer par le bas, par la réalité humaine des quartiers, des villes et par les solutions innovantes que l’on peut proposer. 

 

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