"Ces pratiques appellent une orientation d’assainissement du pouvoir"

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Pour retrouver la confiance du peuple français, François Bayrou appelle de ses voeux à ce que cessent toutes les pratiques de manipulation au sein du pouvoir.

Bonjour à tous, bonjour François Bayrou. Avec l’Européen convaincu que vous êtes, on va commencer par Philaé. Même si il y a des petits problèmes, participez-vous à l’enthousiasme général ?

Imaginez ce que c’est d’aller poser un objet aussi petit sur une surface aussi lointaine et avec un succès pour l’instant confirmé ! Après est-ce qu’on s’accroche facilement sur le sol d’une comète dont on ne sait pas exactement comment il est fait ? En tout cas, on voit à quel point peut-être bienfaisante l’action de pays et de peuples qui décident de travailler ensemble. À mon avis, c’est un très bon signe pour l’avenir.

Alors à propos d’Europe, il y a une décision importante qui a été prise par la Cour européenne de justice sur ce qu’on appelle le "tourisme social", c’est-à-dire des citoyens européens qui passent d’un pays à l’autre à la recherche des meilleures allocations. Cela ne sera désormais plus possible s’ils ne cherchent pas un travail. Est-ce une bonne mesure ?

En tout cas, c’est une décision de bon sens et juste. Et cela montre à quel point la caricature de l’Europe qui a si souvent été faite, l’Europe passoire, l’Europe qui ne contrôle rien, qui choisit le laxisme absolu, cette caricature est fausse. Et les règles que les pays européens se donnent et que la Cour de justice applique, sont des règles qui sont absolument de bon sens parce qu’elles disent au fond une chose très simple : pour être admis dans un pays, il faut subvenir à ses propres besoins, il faut être capable de travailler, de chercher du travail, de le prouver et c’est ce qui est tout le temps oublié dans les caricatures qui sont faites. Est-ce que cela change quelque chose ? Oui ! Parce qu’il est évident que les règles qui sont faites à l’égard des citoyens européens sont d’évidence les mêmes qui doivent s’appliquer au moins à tous ceux qui souhaitent entrer dans les pays européens.

Cela veut dire que l’AME, Aide Médicale d’État, réservée aux clandestins, devrait être révisée ?

Depuis plusieurs semaines on voit bien que cette idée progresse et s’impose. Cela a même été répété hier par le ministre à l’Assemblée : évidemment, il faut pouvoir subvenir à ses besoins lorsqu’on bénéficie de la solidarité d’un pays.

Sujet très différent : on revient à l’affaire "Fillon-Jouyet". M. Jouyet finalement ne démissionnera pas. Pour vous, est-ce une erreur ?

Je pense qu’on ne voit pas bien ce que cette affaire entraine. Au début c’était une toute petite affaire. Et puis ce qu’on découvre au fur et à mesure que les choses avancent, c’est qu’il s’agit du retour à des pratiques de manipulation et des pratiques d’entourloupe.

Une justice instrument de la politique ?

Non je veux dire exactement ce que c’est.

Je me suis battu toute ma vie et ces vingt dernières années avec acharnement contre toutes les pratiques qui faisaient que le pouvoir au sommet était un pouvoir qui organisait des manipulations.

Je veux vous rappeller que j’ai voté presque seul une motion de censure sur l’affaire Clearstream alors que j’appartenais en principe au camp du gouvernement de l’époque. Pourquoi ? Parce que la denrée la plus précieuse, l’élément le plus précieux pour une démocratie c’est la confiance : confiance dans ceux qui gouvernent, confiance dans les institutions, que l’on sache que ce qu’ils disent est vrai, que leur parole est sincère, que leur parole est authentique.

Il faut que l'on puisse se dire « celui-là, celle-là, ce qu’il dit c’est au moins ce qu’il pense, c’est au moins la vérité ». À partir de là, on peut bâtir une relation de confiance avec les citoyens et les entrainer dans des voies courageuses, nécessaires à l’avenir du pays.

Si la confiance n’existe pas, si les citoyens pensent que tout cela est truqué et qu’il y a des manipulations derrière, dans les couloirs sombres, derrière le rideau, alors évidemment ils perdent toute confiance dans le système.

C’est ce qui est en train d’arriver. L’Élysée devrait être une maison où l’on ne manipule pas : pas seulement la justice, les médias et les journalistes aussi ! On n’organise pas des traquenards !

Jean-Pierre Jouyet qui reste, ça met François Hollande en première ligne selon vous ?

La conséquence évidente de ce choix, s’il est maintenu – et pour moi c’est un point d’interrogation – c’est que le Président de la République couvre, approuve, peut-être même a-t-il inspiré un certain nombre de ces manipulations.

Contre Nicolas Sarkozy ?

Contre l’opposition, en organisant des fuites à la presse. Ceci est un danger extraordinaire ou en tout cas extrême pour le Président de la République actuel et pour nos institutions. On ne se rend pas compte à quel point ce genre de pratiques déconsidèrent ceux qui ont le pouvoir et la responsabilité de l’avenir du pays. On a besoin d’assainir tout ça. Ces pratiques appellent une orientation d’assainissement du pouvoir. On ne peut pas continuer comme cela parce que l’on emporte vers le mur l’ensemble de nos institutions.

Nicolas Sarkozy justement veut faire un grand parti qui irait du centre aux écologistes. Vous pourriez en être ?

Vous savez, j’ai toujours refusé que le centre accepte d’être absorbé. Pourquoi ? Parce que c’est une famille politique à part entière, c’est une vision de l’avenir différente des autres, et c’est le seul espace de renouvellement que l’on puisse trouver pour la vie politique française. Et je l’ai dit pour un bord – vous vous souvenez, lors de la création de l’UMP, je continue aujourd’hui à la dire pour un grand parti qui serait la même chose et je l’ai dit pour l’autre bord. Le centre doit assumer son identité, son originalité et sa volonté. Autrement, il est instrumentalisé, c’est une poussière qui se fait évidemment soufflée par tous les vents.

L’UDI doit choisir un successeur à Jean-Louis Borloo aujourd’hui. Leur notoriété n’est pas très importante, est-ce que de ce fait vous ne devenez pas le leader naturel du centre ?

La question du centre n’est pas une question de personne. La question du centre est sa volonté d’exister. Et s’il veut exister – c’est une grande famille politique, qui a des choses essentielles à dire sur l’avenir du pays – s’il veut exister, il faut qu’il accepte de s’assumer et d’être uni.

Je ne cherche pas une affirmation personnelle au travers de ça. Je trouve que pour les Français, je suis quelqu’un qui n’a jamais changé de ligne sur ce point. On a pu être en accord ou en désaccord avec moi, je le comprends. Il y a eu des moments de tensions, de différences d’appréciation mais en tout cas je n’ai jamais abandonné l’idéal et le devoir d’originalité, d’affirmation ou de liberté ou d’indépendance qui est celui de cette famille politique et c’est la condition pour être utile au pays.

Pour l’instant, pour la présidentielle de 2017, vous soutenez Alain Juppé. Si les primaires désignaient Nicolas Sarkozy, est-ce que vous seriez candidat ?

Je suis très réservé à l’égard des primaires, pour les raisons que vous indiquez : les primaires sont un mécanismes qui font que souvent se sont les plus durs, les plus radicaux, les plus agressifs d’un camp qui réussissent.

Or je pense que ce qui est nécessaire à la France aujourd’hui, c’est une capacité de rassemblement. Je ne crois pas une seconde que le pays puisse se sortir de la crise où il est en continuant des affrontements stériles entre deux camps de plus en plus minoritaires chacun. Aujourd’hui, les camps sont coupés en deux et donc il faudra bien qu’un jour, un Président de la République différent réussisse à proposer au pays que ces sensibilités acceptent de travailler ensemble pour le sortir de la crise où il se trouve. Autrement, on manque au devoir élémentaire et même au devoir civique.

Ce sera vous ?

Je ne pose pas la question à la première personne. Ce n’est pas ma vision des choses. Ma vision est qu’il s’agit d’un pays égaré qui a besoin de retrouver un chemin et il ne peut le faire qu’avec des attitudes politiques et civiques qui soient estimées par les Français.

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