"Ce qui était frappant chez Jacques Chancel, c’était le goût des autres"

"À la minute où je vous parle, j’ai les Pyrénées sous les yeux et Jacques Chancel était un homme des Pyrénées. Il y était né, il y a grandi, il a été à l’école juste à côté de Pau où je me trouve. Et puis ensuite il a eu cette vie aventureuse que vous connaissez. Il n’a jamais rompu le lien avec les Pyrénées, avec au fond la mémoire de son père, qui était un artisan des Pyrénées.

En même temps Jacques Chancel était cette incroyable carrière de promoteur d’émissions radio ou télévisées, qui a fait pour chacun d’entre nous une légende. 

Ce qui était frappant chez Jacques Chancel, c’était le goût des autres à la fois dans ses relations humaines, professionnelles et dans ses émissions. C’est quelqu'un qui aimait découvrir, aimait admirer, aimait aimer les gens. Il avait pour eux une espèce de bienveillance, d’indulgence avec un tout petit peu de distance en même temps. Il avait une très grande qualité d’écoute, de respect, de découverte et qui amenait les gens à ouvrir la porte de leur plus intime."

BFM TV - Est ce qu’il a des héritiers dans les médias ?

"À ce point de réussite, je ne le sens pas. Il y en a sûrement parce que chaque génération porte les siens, mais à ce point de réussite, à ce point d’empathie - vous savez ce sentiment qui fait que vous partagez avec les autres, qui vous porte vers les autres - à ce point de chaleur humaine et de reconnaissance du public, je ne vois pas pour l’instant qui a cette bienveillance là. Très souvent, on a l’impression que les interview sont faites pour mettre en danger ou pour caricaturer ceux que l’on rencontre. C’était pas du tout la vision de Jacques Chancel. Lui, il était généreux, attentif et il voulait que ceux qu’il rencontrait et qu’il interrogeait, comme le public, donnent le meilleur de ce qu’ils avaient. Et pour cela, il faut les aimer, les respecter et pas les détester, les mépriser ou les caricaturer."

BFM TV - Est-ce qu’on pouvait se laisser piéger par la bonhommie et l’empathie de Jacques Chancel ?

"Je ne crois pas que c’était un piège. Je pense que chez Jacques Chancel, il y avait cette volonté profonde de faire découvrir ce qu’il sentait de meilleur chez ceux qu’il recevait et ce n'est pas fréquent, ce n'est pas habituel. Je n'ai jamais ressenti dans les interview de Jacques Chancel qu’il y avait des pièges. Il y avait au contraire le partage. L’idée que s’il recevait quelqu'un, c’est que ça valait la peine de le recevoir. Et il faisait découvrir les aspects de la personne, les facettes les plus intimes, parfois les plus chaleureuses, les plus généreuses et les plus intelligentes. C’était ça qui attachait « Radioscopie » au « Grand Échiquier ». Mais « Radioscopie » en particulier, parce que la radio a ce miracle qui fait que l'on est tout prêt de celui qui parle, même si on fait autre chose en même temps, qu’on conduit une voiture ou qu’on est dans sa cuisine…"