"Ce qui est passionnant c’est que nos idées ont toutes vocation à entrer dans le réel."

Découvrez le discours de Yann Wehrling à l'occasion de la clôture de l’Université de rentrée 2017 du Mouvement Démocrate à Guidel.

 

Chers amis,

Vendredi, en ouverture de nos travaux, je sentais ici comme un parfum de « nouveau départ ». La salle était plus remplie que les années précédentes. Les visages plus confiants. Les esprits plus désireux que jamais d’être au travail.

Je ne vous cacherai pas que les équipes qui ont préparé ces Universités de rentrée ont connu tous les stress que vous pouvez deviner. Ils se sont dépensé sans compter et je voudrais ici tous les remercier pour leur investissement, qu’ils aient été salarié du siège ou bénévoles : Alexandra, Alexandre, Agnès, Anna, Anne-Caroline, Antoine, Carole, Caroline, Charles, Delphine, Dorian, Erwan, Evelyne, Gina, Isabelle, Jean-Baptiste, Julien, Lova, Lilia, Matthieu, Martin, Philippine, Ruben, Thiebaud, Sophie, Thomas, Virginie, et Yaelle.

Merci à eux car sans eux, nous n’aurions pas pu vivre ces trois jours de la manière dont nous les avons vécu, avec, encore une fois, des moments forts où nous ressortons tous plus informés, plus formés, plus nourris de tous les arguments, analyses et informations que nous ont apportés tous les intervenants de qualité qui nous ont fait le plaisir de venir jusqu’ici. Il faut dire que le cadre demeure attrayant, mais je dois aussi penser que le cadre ne fait pas tout, il y a peut-être un peu, aussi, les invitants.

Car au fond, oui, disons-le nous, nous n’avons aujourd’hui plus tout à fait le même statut que celui que nous avions il y a un an encore.

Etre un parti de gouvernement, doté de ministres et de parlementaires en grand nombre, cela fait de nous un parti qui compte. J’ai pu noter dans ces deux jours de travaux que pour bien des cadres et des militants de notre mouvement, cette nouvelle situation n’était pas encore totalement intégrée. Il faut dire que personne, il y a encore quelques mois, ne l’aurait cru. Mais c’est pourtant bien à cette réalité que nous devons dorénavant nous faire.

François Bayrou m’a confiée une importante mission en me nommant secrétaire général, en remplacement de Marc fesneau que je veux ici saluer pour tout le travail qu’il a fait à ce poste au cours des dernières années du Mouvement.

Cette mission est précisément de faire en sorte que notre mouvement, dorénavant parti de gouvernement, soit, dans les mois et années à venir, pleinement en ordre de bataille pour répondre au défi qui est le sien : celui d’être une force tant d’appui à l’action du gouvernement qu’une force de proposition.

Le chantier est important et c’est avec vous toutes et tous, militants, élus locaux et parlementaires, que nous relèveront.

Les échéances internes de renouvellement de nos instances que nous démarreront mi octobre pour le conclure par un Congrès les 16 et 17 décembre nous permettront de remettre en place, partout en France, des équipes prête à l’action pour les 3 prochaines années. Je ferai dans les prochaines semaines la tournées de tous les mouvements départementaux, avec vos parlementaires, pour vous appuyer, vous aider, et surtout prendre le pouls de la vie de vos territoires. Je crois profondément à l’idée que les choses se passent dans les territoires. Gérard Collomb le rappelait hier, le temps d’un Etat central qui calquerait d’en haut, ses vues sur des territoires qui n’auraient rien à dire, ce temps là est révolu. Bien des solutions au problème du pays sont testées ici ou là, dans le réel. Les élus locaux que nous sommes nombreux à être ici, le savons bien. Ces signaux faibles, ces essais, parfois ratés, mais aussi parfois réussis, notre rôle de parti, et plus encore en étant un parti de gouvernement, est de le valoriser, de le faire connaître, de le faire remonter pour qu’ils deviennent les solutions de demain. Ce seront les ajustements sociaux, sociétaux, économiques, écologiques qui rendront les grandes politiques nationales plus aisées à mettre en œuvre.  Ce sont les kits de dialogues parents-professeurs, évoqués par Jean-Michel Blanquer hier, ce sont, dans des domaines de la transition énergétique que je connais mieux , des travaux de rénovations énergétiques de bâtiments en centre ville financés par la création et la vente de nouveaux logements crées par ajout d’un étage supplémentaire sur ces mêmes bâtiments, ce sont des fonds participatifs citoyens qui sont crées localement pour aider au financement d’installations d’énergies renouvelables, ce sont tant et tant d’idées que je vous invite tous à recenser, à évaluer, et à nous faire remonter pour que nous les transformions, si elles sont efficaces, en solutions pour tous.

Car je veux insister sur un point auprès de vous : ce qui change aussi pour nous aujourd’hui par rapport à hier. C’est que dorénavant, et cela durera au moins pendant les 5 prochaines années, c’est que lorsque vous avez un projet, que vous détectez une idées ingénieuses ou une initiative qui mérite qu’on la soutienne, tout cela a une chance réelle d’aboutir, de devenir du réel, car nous tenons, au sommet de l’Etat, le levier de commande. Ne négligez pas cette nouvelle force qui est la notre. Elle est nouvelle, elle est puissante, elle sera ce que nous en ferons.

Je disais tout au début de mon propos que je sentais ici des esprits plus que jamais désireux d’être au travail. Ce travail, comme je viens de le dire, nous aurons à le faire en allant sur le terrain, à la rencontre des associations et des chefs d’entreprises pour les écouter et nourrir notre propre réflexion et alimenter ce qui me semble être le rôle principal d’un parti  comme le notre : être une machine à propositions nouvelles. Et encore une fois, produire des idées et des propositions est un acte décuplé dans son impact quand ont est un parti de gouvernement.

Ce travail, nous devons le faire car nous avons la coresponsabilité de la réussite de ce gouvernement.

Et pour cela réussisse, il faut, certes, que les comptes publics retrouvent l’équilibre et de la sincérité. Qu’on cesse de croire qu’on peut se contenter d’ « engagement budgétaire » sans jamais se soucier des crédits de paiement, à savoir de l’argent réel dont on dispose pour financer les choses que l’on décide. Il faut cette rigueur budgétaire, oui, nous le disons depuis tant et tant d’années, mais il faut pour autant, nous l’avons dit hier, préserver l’essentiel, à savoir notre modèle social, ce modèle qui nous fait traverser les crises financières sans mettre dans la misère des millions de personnes, ce modèle qui, bon gré mal gré, a su créer cet esprit de solidarité générale, sorte de contrat social auquel nous tenons tous. C’était le sens de notre échange hier sur le modèle social. Il était utile, et nous aurons à réfléchir ensemble aux idées qui ont été évoquées pour en faire des points d’appuis aux projets actuels du gouvernement. Je pense notamment à cette idée du « travailler moins pour sauver l’emploi » qui a été mise en œuvre en Allemagne et au Canada et qui est une mesure intéressante pour à la fois répondre aux besoins de souplesse dans les entreprises qui peuvent connaître des difficultés passagères, et à la fois réussir l’impératif absolu auquel nous croyons tous depuis longtemps qui est celui de maintenir à tout prix les gens dans une activité et dans l’emploi. Je crois aussi qu’au titre du chantier qui s’annonce tout prochainement sur la baisse des charges sociales dans les entreprises, nous avons à réfléchir à l’assiette sur laquelle nous imaginons que notre système de santé doit être financé demain. Doit-il rester financé essentiellement par une taxation du travail ou ne peut-on imaginer d’autres assiettes. Certains ont réfléchi à l’idée de chercher le financement sur l’énergie ou les machines. A l’heure de la transition énergétique et numérique, ce sont des questions modernes que nous devrions explorer.

Pour l’action gouvernementale réussisse, il faudra aussi remettre en route, comme l’a brillamment développé hier Guy Verofschtat, la machine européenne. C’est une évidence de le dire et le redire dans notre famille politique, mais encore une fois, la différence est que maintenant, nous sommes au pouvoir. Nous y avons accédé sur la base d’un programme pro européen. Et oui, le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, ses propositions, font de notre pays la nouvelle locomotive du nouveau départ d’une Union européenne à la peine. Liste transnationale, politique de défense et migratoire, commune, politique énergétique commune, gouvernement de la zone euros, et politique fiscale et sociale commune… tout cela, ce sont enfin des chantiers qui peuvent redémarrer. Et ne nous y trompons, pas, le temps est compté. Nous devons aller vite, car si, en juin 2019, au moment des européennes, nous n’arrivons pas à redonner espoir aux citoyens européens, leur donner entre les mains un nouveau projet européen, alors, les élections européennes redeviendront, comme elles l’ont été lors des derniers scrutins, au mieux, un scrutin boudé dans les urnes, au pire, le lit des conservatismes, des replis identitaires, et des solutions dangereuses pour tous les peuples.

Pour que l’action gouvernementale réussisse, il nous faut aller au bout des réformes institutionnelles. Avec la loi de confiance, nous avons porté, nous, un impératif d’éthique retrouvée dans l’action politique. Oui, comme le disait Patrick Mignola, il y aurait un acte 2 à envisager qui serait celui de moraliser aussi la vie syndicale et consulaire de notre pays. Il y a aussi la question de la réforme du mode de scrutin et du nombre de parlementaire. Là encore, dans le programme de nos Univesités de rentrée, vous avez noté que le sujet nous tenait à cœur. Olivier Duhamel, vendredi soir, l’a démontré avec force : le mode de scrutin proportionnel pour les élections législatives est le nouveau souffle qu’il faut donner à la cinquième république. Elle transformera les lendemains législatifs en temps d’élaboration de coalition politique et donc de programme de gouvernement. Elle incitera à la clarification des familles poltiques qui pourront enfin être elles-mêmes et cesser de chercher l’absolu unité en mastodontes sans forme, traversées de lignes contradictoires entre réformisme et radicalité, au seul motif que la bipolarité les contraignait à de tels mariages forcés. La proportionnel est la garantie d’inscrire dans la durée la construction de majorité d’idée, de majorité de programme, de majorité centrale. C’est la garantie que ce que nous avons bouleversé en mai et juin dernier vive bien au delà de cette mandature de 5 ans. Mais si je puis me permettre, soyons vigilant sur un point : le calendrier. Au fond, cette réforme du mode de scrutin et de la réduction du nombre de parlementaire, nous aurions du la faire avant l’été. Il n’est pas trop tard, mais ne tardons pas, l’échéance du premier semestre 2018 a été annoncé… début 2018 serait déjà mieux que juin. L’histoire a montré que si ce type de réforme tarde à venir à l’agenda du parlement, il s’enlise et ne se fait jamais.

Enfin, pour que nous réussissions dans l’action gouvernementale, soyons au rendez-vous des enjeux du développement durable. Si le mouvement démocrate a assurément une fibre sociale qu’il fera vivre dans cette mandature, je sais, qu’il a aussi une fibre environnementale. La nomination de Nicolas Hulot est un atout considérable de confiance que nous pouvons avoir dans l’action qu’aura ce gouvernement dans son action environnementale. Mais il a besoin de soutien car contrairement à une idée reçue, le développement durable ne fait pas consensus, c’est un combat politique majeur qui est loin d’être gagné. Les rapports annuels sur l’état de la planète ne cessent de nous alerter. La prise de conscience est là, l’action qui serait à la mesure des enjeux, non. En France comme ailleurs, les énergies renouvelables progressent, les émissions de CO2 baissent mais les voyants restent au rouge : le changement climatique s’accélère, le nombre d’espèces animales qui disparaissent ne diminue pas. A titre d’exemple, mesure-t-on réellement l’impact psychologique que cela produira le jour où, en 2050 selon les dernières projections, les derniers grands singes, nos plus proches cousins, auront disparu de la planète ? Et je ne crois pas que parce que nous ne serions pas exemplaires chez nous, nous ne pourrions conduire une action internationale de sauvetage d’urgence de ces grandes espèces animales hautement symbolique qui n’appartiennent pas aux pays où elles vivent mais constituent un patrimoine mondial de l’humanité. Je proposerai d’ailleurs volontiers que nous adoptions symboliquement au parlement une loi qui doterait les grands singes d’un statut spécial de protection.

Nous ne pouvons pas échouer, ce n’est pas une option. Les réfugiés climatiques, les personnes malades du fait d’un air pollué dans les grandes villes, la question des substances chimiques dangereuses dans nos produits de consommations alimentaires et cosmétiques… cela se chiffre en centaines de millions d’individus. J’insistais hier soir lors de notre forum d’échanges que la question de la fiscalité. C’est un outil de régulation puissant. Nous décidons, au travers de notre politique fiscale, ce que nous voulons privilégier et ce que nous voulons empêcher. Baisser la tva sur les produits les plus vertueux, l’augmenter sur les produits dangereux, ce la change les productions et les consommations. Faciliter les investissements verts, empêcher ceux qui détruisent les milieux naturels, c’est l’idée du bonus malus que nous pouvons étendre à bien d’autres domaines que la voiture, pourquoi pas demain dans la gestion du foncier. Vous le voyez bien,  au regard des enjeux et d’une réelle urgence à réagir, il y a besoin d’un coup d’accélérateur.

Ce qui est passionnant, voyez-vous, dans la période qui s’ouvre, c’est que toutes nos idées, et je vous invite à ne pas vous retenir, ont toutes vocation à entrer dans le réel.

Et comme je l’entendais hier dans un débat, et je le partage totalement, pour aider le gouvernement et le Président de la république, soyons avant toute chose et pleinement, nous-mêmes.

Merci.


 


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