"Ce que je regarde, c’est l’avenir et pas le passé"

Dans un entretien accordé à l'Opinion, Marielle de Sarnez soutient que le centre doit s’atteler désormais à une seule chose : créer les conditions pour que la prochaine présidentielle soit utile pour le pays.

Manuel Valls regrette qu’en 2012, le PS « ait commis l’erreur de ne pas tendre la main à François Bayrou ». Pour vous, ce sont des larmes de crocodile ?

Je ne sais pas. En tout cas, je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu dire en 2012. Mais je pense qu’en exprimant un tel regret, Manuel Valls voit d’abord là une occasion d’affirmer un peu plus sa ligne sociale-démocrate. Il veut s’afficher comme un réformateur qui aimerait faire bouger les lignes. Sur ce point, je lui reconnais d’être cohérent avec lui-même. Déjà pendant les primaires socialistes, en 2011, il tenait le même discours. Aujourd’hui, il prend date. Est-ce pour un avenir proche ou lointain ? On verra bien.

Vous n’êtes pas séduite par son projet de « maison commune » ?

Non. Manuel Valls mène d’abord un combat interne au Parti socialiste. Il veut changer celui-ci, faire que définitivement le PS se tourne vers le réel et la modernité. Je lui souhaite bien du courage ! Ce qui est sûr, c’est qu’aucune orientation politique nouvelle ne peut voir le jour sans une clarification qui passerait par le peuple français.

Pourtant ce que dit un Manuel Valls ou un Emmanuel Macron n’est pas très éloigné de ce que des centristes comme vous peuvent penser…

Certaines paroles, certains morceaux de phrases peuvent, oui, correspondre à ce que l’on défend au centre. Le contrat de travail unique dont parle aujourd’hui Manuel Valls, par exemple, François Bayrou l’a proposé dès 2012. Mais Manuel Valls n’a pas de majorité pour transformer ses mots en actes. Son parti ne le soutient pas.

Prédisez-vous, comme Jean-Luc Mélenchon, une dissolution inéluctable ?

La dégradation de la situation du gouvernement et de la majorité est si grave et si rapide qu’on ne voit pas comment cela pourrait tenir encore deux ans et demi. Le parti socialiste est fracturé comme jamais. Chaque jour ses divergences idéologiques s’affichent un peu plus au vu de tous.

En 2012, il n’y a donc eu selon vous aucune occasion manquée d’écrire une nouvelle page de l’histoire politique française, grâce à une alliance inédite de la gauche et du centre ?

Il y a eu une immense occasion manquée. Parce que dans cette période de crise, une large union nationale aurait peut-être permis d’offrir à une politique différente et courageuse le socle qui lui manque aujourd’hui. Mais ce que je regarde, c’est l’avenir et pas le passé. Le centre doit s’atteler désormais à une seule chose : créer les conditions pour que la prochaine présidentielle soit utile pour le pays. Celle-ci doit être une réussite. Au-delà de l’élection d’un homme, il faudra que son mandat permette enfin de réformer le pays. Pour cela, il faut créer les conditions d’un rassemblement et d’un socle le plus large possible.

Que répondez-vous à Jean-Christophe Cambadélis, qui, rejetant le regret de Manuel Valls, affirme qu’il y a « un Bayrou des villes » et « un Bayrou des champs, très à droite » ?

Qu’il ne connaît pas François Bayrou. Je ne crois pas qu’il y ait dans la vie politique française beaucoup d’hommes et de femmes aussi cohérents et tenaces dans leur choix. Mais que ce soit un homme du centre, avec des convictions propres, il va falloir que Cambadélis s’y habitue.

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