Brexit : "Nous avons besoin d'une renaissance européenne, d'un nouvel élan démocratique"

Invitée de la matinale d'Europe 1, Marielle de Sarnez a fait part de sa tristesse suite au meurtre de la parlementaire britannique Jo Cox. Elle a rappelé son souhait que la Grande-Bretagne demeure dans l'Union européenne et a appelé à des initiatives des pays fondateurs vers une Europe plus démocratique, plus politique.

David Abiker – Marielle de Sarnez, est-ce que vous connaissiez Jo Cox ?

Marielle de Sarnez – Non, je ne la connaissais pas personnellement.

Elle était travailliste, elle avait des convictions pro-européennes, pas très éloignées des vôtres.

Maintenant qu’on la découvre, je vois ses convictions européennes et, comme tout le monde, je suis choquée, en colère, très triste. Je trouve que ce qui est arrivé est abominable. Être assassinée pour ses idées, pour ses convictions européennes, c’est une abomination.

Il y avait un climat de campagne extrêmement violent, il faut que l’on s’arrête là-dessus. Quand vous donnez une part très importante à tout ce qui a à voir avec l’antagonisation, avec le  rejet des autres, que vous jouez sur les peurs des peuples, il peut se passer des choses abominables, et c’est ce qu’il s’est produit.

Vous qui êtes une femme, une parlementaire, qu’est-ce que cela vous inspire qu’un parlementaire aujourd’hui en Europe puisse être pris pour cible parce qu’il est parlementaire ?

Cela m’inspire une tristesse immense de voir quelqu’un qui, parce qu’elle a des idées et des convictions, est tuée pour cela. Cela me fait dire que tous les populistes qui font du bashing d’une manière quasi permanente contre les élus, les parlementaires doivent faire attention. Cela me persuade aussi que, quand vous êtes un responsable politique, votre responsabilité est toujours d’essayer de prendre les choses par le haut, d’essayer d’élever le débat, et de ne pas sombrer dans ce qu’il y a de pire.

Mais quand on élève le débat, certains de nos concitoyens ne le suivent plus, notamment le débat européen.

Non je crois que lorsqu’on élève le débat, tout le monde peut suivre, à condition que l’on apporte les bonnes réponses, à condition que l’Europe soit utile, efficace.  Elever par le haut, c’est absolument fondamental. Vous voyez bien tout ce qu’il se passe en ce moment, tous ces surgissements de nationalisme, de fanatisme, d’égoïsme, de rejet de l’autre ; c’est une abomination. On ne peut pas vivre dans un climat comme celui-là. Il faut que l’on sorte de tout cela mais on ne pourra en sortir qu’en élevant le débat par le haut et en apportant les réponses qui doivent être apportées aux peuples.

En attendant, en Angleterre, les sondages donnent le Brexit et le maintien dans l’Europe quasiment au coude-à-coude, à 50/50. Est-ce que vous pensez que la tendance peut s’inverser ?

Je crois que oui. Nous allons être dans un moment de campagne extrêmement différent. Lundi, le parlement britannique se réunit pour rendre un hommage. On va être dans un temps qui va, je crois, je l’espère, appeler davantage à la responsabilité qu’aux arguments de campagne de bas étage. Donc, je crois que ça peut aider à faire le bon choix.

Le 23 juin prochain, les Anglais vont voter. Si le Brexit l’emporte, vous qui êtes députée européenne, qui êtes à Bruxelles, vous connaissez très bien ces institutions, est-ce que l’Europe a un plan B ?

C’est tout à fait nécessaire. Mais, d’abord, je souhaite que la Grande-Bretagne reste dans l’Union européenne. Ce serait un mauvais signal pour elle, pour son unité – la question de l’indépendance de l’Ecosse se poserait dès le lendemain. C’est un grand peuple, je souhaite qu’il reste dans l’Union européenne.

Mais que vous disent vos collègues à Bruxelles ?

Ce n’est pas à Bruxelles de décider, c’est une Européenne qui vous le dit. Bruxelles c’est d’un côté les parlementaires européens, de l’autre la Commission. Moi, je dis une chose : le statu quo en Europe est impossible. Nous ne pourrons pas en rester là où nous en sommes aujourd’hui avec ce fossé qui se creuse de plus en plus entre les citoyens européens et le fonctionnement européen. On a besoin d’une renaissance européenne, d’un nouvel élan européen et d’un élan qui soit un élan démocratique.

Mais l’Europe est en crise depuis dix ans… On entend cela depuis dix ans, il y a les incantations mais il n’y a pas de transformation.

Alors transformons ! Transformons l’essai. La France et l’Allemagne ont une part de responsabilité extrêmement importante dans tout ça. Il va falloir que les pays fondateurs, enfin, se mettent autour de la table, prennent une initiative qui soit en faveur d’une Europe plus politique.

Qu’est-ce que fait la droite française là-dedans ? J’ai l’impression que la droite française a déserté les combats européens parce qu’elle a le Front national en ligne de mire sur sa droite.

Mais ils ont tous déserté le combat européen !

Bayrou a déserté ?

Le centre, heureusement, n’a pas déserté et nous sommes là pour ça.

Sauf que le centre est absent des grands débats politiques. François Bayrou n’est pas candidat.

Mais candidat à quoi ?

A l’élection présidentielle ! Il n’y a plus de candidat à l’élection présidentielle qui porte l’idée européenne.

On est en train de mélanger un peu tout. Vous savez que nous soutenons Alain Juppé, je pense que s’il était élu il pourrait prendre une initiative avec Angela Merkel.

Et s’il ne l’est pas ?

S’il ne l’est pas vous savez que François Bayrou sera candidat et que pour nous l’Europe est évidemment un point très important. Mais arrêtons-nous deux minutes sur la France aujourd’hui. C’est aussi à François Hollande, normalement, de prendre une initiative. Simplement, son manque de légitimité, sa faiblesse démocratique, son absence de vision, de volonté, font que la France est aux abonnés absents. Et, quand la France est aux abonnés absents, vous n’avez plus ce couple franco-allemand qui devrait être un couple moteur de cette Europe. C’est pourquoi je dis qu’il est absolument vital qu’il y ait de nouvelles initiatives franco-allemandes et des initiatives des pays fondateurs.

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