"Attaquons-nous aux causes de la dette et du déficit !"

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Marielle de Sarnez, eurodéputée, était l'invitée de la matinale de Canal Plus, mercredi 21 septembre. La vice-présidente du Mouvement Démocrate a souligné que la France est "dans une situation extrêmement grave, dont il faut prendre conscience", estimant qu'il est "possible d'agir contre les causes de ces difficultés".

Caroline Roux : On a besoin que vous précisiez les propos de François Bayrou. On a envie de vous dire, ce matin, qu’il en a un peu "trop dit ou pas assez". Alors qui lui a proposé des valises de billets ? 

Marielle de Sarnez : Je ne peux évidemment pas vous dire cela, d’ailleurs je ne sais même pas si je le sais moi-même. Ce que François Bayrou a dit très simplement en répondant, au fond, à une question que l’un de vos confrères lui posait, c’est "oui, j’ai eu des propositions et évidemment je les ai refusées". Voilà. Et donc, contrairement à ce que tous ceux qui disent que ces affaires n’existaient pas, ou n’existaient plus dans la République française, on voit qu’elles existent. Mais je voudrais dire quelque chose de très simple ;l a meilleure façon de ne plus faire exister ce type d’affaires, c’est que les hommes politiques disent non. Et au fond, je trouve que la réponse de François Bayrou est intéressante. 

Peut-être que la meilleure façon est de s’en remettre à la Justice ? Est-ce que François Bayrou est prêt à aller témoigner devant la Justice sur une affaire qu’il considère, j’imagine, comme très grave ? 

Vous avez besoin de matérialité, vous avez besoin de preuves. Alors on peut toujours, bien sûr, parler. Mais le boulot des hommes politiques ou des femmes politiques, des gens engagés en politique, ce n’est pas la dénonciation. Leur travail, c'est de combattre tout ça. Ce n’est pas la délation. Et François Bayrou combat tout cela depuis de très nombreuses années et a voté la censure au moment de l’affaire Clearstream. Il a écrit tout un livre sur ces questions-là, autour de réseaux, de pouvoirs dans la République française, livre qui s’appelle "Abus de Pouvoir", donc je crois que de ce point de vue-là, on a fait nos preuves. 

Et c’est justement parce que c’est lui qu’on ne comprend pas où il veut en venir avec cette phrase sur les "porteurs de valises". Il dit : "Cet argent-là est pris aux plus pauvres de la planète et c’est dégueulasse. Ce sont des gens qui sont dans la pire des précarités et à qui on va détourner de l’argent pour vivre". Si c’est si dégueulasse, pourquoi en rester là ? 

Vous ne pouvez pas dire des choses comme ça. La matérialité des preuves, c’est quelque chose qui, en Justice, existe. Quand on vous fait des allusions verbales, quand on vous fait des propositions verbales et que vous les refusez, vous n’avez aucune preuve. Il faut en revanche les combattre sur le plan politique. Et c’est ce que François Bayrou ne cesse de faire, il a raison. 

Vous savez qui vous a fait cette proposition et vous pouvez trouver cela pas convenable et le dire à la Justice, non ? 

Mais, évidemment, ce sont des choses qui ne sont pas convenables. Il y a eu plein d’affaires de financements occultes de partis politiques en France et je suis bien heureuse que nous n'en soyons jamais été. C’est très important. En même temps, vous n’avez pas de preuves, vous avez des propositions, je le répète, verbales. Quand vous dites "non" tout de suite, c’est la meilleure des réponses. 

C’est souvent "parole contre parole"... 

C’est exactement ça, c’est "parole contre parole". 

Cela peut se défendre, "parole contre parole". 

Cela peut se défendre, notamment dans le combat politique, notamment en disant les choses. Je serais bien curieuse de savoir si, quand vous recevez des hommes politiques, vous posez ce genre de questions et s'ils répondent. François, il a répondu et je trouve que c’est bien. 

Il aurait confié qu'il s'agit d'une période de 1998 à 2007, c'est ce matin dans Le Parisien. Il était ministre à l'époque ? Il y a une loi qui oblige les représentants de l'Etat à dénoncer ce genre d'affaire, c'est l'article 40 du Code de procédure pénale. 

Je ne crois pas qu’il ait été ministre à l’époque. Mais vous lui poserez la question si vous le recevez un jour. Maintenant, tout citoyen est tenu de dénoncer les choses et c’est ce qu’il faut faire quand il y a une matérialité de preuves. Quand vous n’en avez pas, il faut les dénoncer sur le plan politique. Et c’est ce que François Bayrou n’a cessé de faire. Je vous le répète ; si tous les hommes politiques français, quand ils ont eu ce type de propositions, lors des 10, 15, 20 ou 30 dernières années avaient dit "non", ce type de pratiques n’existerait plus. 

Qu’est ce qui certifie aux gens qui vous regardent qu’il a dit "non" ? C’est "parole contre parole" ? 

Exactement, c’est l’honnêteté, l’intégrité, qui fait que l’on est crédible sur ce genre de choses. 

Sur le sujet de la crise ; plus on avance, plus on s’enfonce. Le problème, c’est qu’il y a deux discours : il y a un discours qui se veut rassurant, de la part notamment de François Baroin et de François Fillon, et de l’autre côté un discours qui se veut inquiétant, notamment de la part du FMI et même d’ailleurs de la BCE. A qui faites-vous le plus confiance ? 

Je fais confiance à notre analyse et au livre de François Bayrou : "2012, Etat d’urgence". Nous sommes dans une situation extrêmement grave. Et imaginer, comme le dit le gouvernement que nous serions le pays dans lequel il y aurait le moins de difficultés actuelles ou à venir, c’est raconter des histoires aux Français. On a fait un plan d’économies, soi-disant, de 12 milliards, et les Italiens ont fait un plan d’économies de 50 milliards. Ce qu’il faudrait, c’est économiser une somme considérable cette année, de 100 milliards, et cela veut dire que cela ne se gère pas comme ça. Cela veut dire baisser les dépenses, de façon extrêmement importante, et cela veut dire probablement de nouveaux prélèvements et donc plutôt une augmentation des impôts. Et donc bien sûr 2012, l’élection présidentielle, sera un tournant. Soit on va prendre conscience de l’Etat de crise dans lequel nous sommes et on va se dire : "on va pouvoir y remédier en mobilisant les énergies", soit on va laisser faire et ça ne se finira pas bien pour la France. 

Donc c’est "rigueur à tous les étages" au risque de casser la croissance ? 

C’est très important de préserver la croissance et c’est très important de dire : "Oui, on peut avoir une gestion sérieuse et en même temps, on a besoin de perspectives". C’est tout l’objet du livre de François Bayrou, c’est de dire "on peut régler la question de la dette et du déficit si on combat la cause de la dette et du déficit". Et la cause de la dette, c’est notamment notre incapacité à produire, notre déficit du commerce extérieur et on doit se concentrer sur ce que nous appelons "le produire" et "l’instruire" de l’autre côté qui sont les deux points forts que nous devrions avoir nous en France. 

La faillite de la Grèce, c’est pour vous une hypothèse sérieuse ? 

Non, cela n’est pas une hypothèse, je n’arrive pas à comprendre comment tout le monde en parle comme quelque chose de possible. La faillite d’un seul Etat membre de l’Union Européenne serait la faillite de toute l’Europe. Parce que d’abord, ce serait un crédit qui assècherait tout le monde et donc des problèmes de chômage et de récession supplémentaires et ce serait montrer à tous les prêteurs, qui prêtent de l’argent, dans le monde, à l’Union Européenne, que quand un pays à des difficultés chez nous, on le laisse tomber. Et donc, qu’est ce qu’il se passerait ? Les taux d’intérêts exploseraient. Et donc ça n’est pas une réponse. Il faut donner plus de temps aux Grecs. Il faut pouvoir restructurer leur dette, leur prêter à des taux d’intérêts moindres. Laisser plus de temps et en même temps les aider à faire les réformes structurelles dont ils ont besoin, par exemple, la collecte de l’impôt. 

J’aime/j’aime pas : vous allez nous dire si vous aimez ou si vous n’aimez pas. L’UMP qui propose d’instaurer un serment d’allégeance aux armes pour les jeunes ? 

Vraiment pas la priorité du moment. 

Parce que ? 

Parce que la priorité c’est la crise, la priorité c’est de mobiliser le pays pour s’en sortir, sur le plan économique, sur le plan social et sur le plan de sa démocratie. 

Vous y voyez une arrière-pensée ? Sur le débat autour des binationaux, par exemple ? 

Je vois bien qu’il y a une partie de la droite qui va toujours chercher à gagner quelques voix à l’extrême droite. Toutes ces questions de défense, elles sont importantes, je suis pour une défense européenne de cette façon-là et puis pour un service civique, aussi, universel, je trouve que ce serait intéressant. 

J’aime/j’aime pas Dominique de Villepin qui veut rester "au-dessus des partis" et qui quitterait République Solidaire ? 

C'est son choix. Je ne connais pas République Solidaire, je ne sais pas ce qu’il s’est passé. J’ai noté, la semaine dernière, qu’il avait dans une interview à Libération noté beaucoup de convergences avec le livre de François Bayrou et son diagnostic. 

Vous lui tendez la main, ce matin, à Dominique de Villepin ? 

Ce n’est pas une question de "tendre la main", mais je trouve ça intéressant, qu’il y ait des hommes politiques qui disent : "le diagnostic de François Bayrou sur la crise, cela nécessite de se rassembler", puisque c'est un diagnostic que nous partageons. Il en a aussi à gauche, Gérard Collomb hier, Hubert Védrine avant-hier, Dominique de Villepin ; c’est intéressant. 

Vous n’aimez pas le silence Barack Obama sur Troy Davis ? 

Je n’aime pas le silence de Barack Obama, je n’aime pas la peine de mort. Tous les jours, on met en cause la Chine avec le nombre de morts et de peines de mort extrêmement important et au fond, les Etats-Unis en sont toujours à ce point-là. Et donc je crois qu’il serait vraiment temps de déclarer ce moratoire sur la question de la peine de mort, aux Etats-Unis. 

J’aime/j’aime pas la campagne des sénatoriales dans l’indifférence générale ? 

Je reconnais que c’est une campagne difficile qui a lieu dans l’indifférence générale. On élit des représentants des collectivités locales, ce sont les grands électeurs qui les élisent, donc ça concerne les grands électeurs. Mais c’est important d’avoir un Sénat qui soit le moins partisan possible, qui soit peut-être une Assemblée plus sage et puis, c’est une Assemblée dans laquelle il y a plus de femmes qu’à l’Assemblée Nationale. Alors ça, j’aime.

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