Aide humanitaire en Syrie : "Il faut que la France soit au rendez-vous"

Invitée de la matinale d'i>Télé, Marielle de Sarnez a déploré que l'on ne parle pas assez du drame humanitaire existant aujourd’hui en Syrie. La vice-présidente du MoDem demande que la France aide davantage les Nations Unies présentes sur place pour l’aide humanitaire.

Bonjour Marielle de Sarnez.

Bonjour.

Merci d’être avec nous ce matin. Députée européenne, vice-présidente du MoDem, on va parler politique évidemment, on va parler de l’actualité internationale avec la progression de l’État islamique. Mais d’abord un mot sur l’actualité heureuse, ce matin, le triomphe des films français à Cannes : trois films couronnés dont celui de Vincent Lindon, « La Loi du Marché », vous l’avez vu ? Vous irez le voir ?

Je vais le voir aujourd’hui, et je trouve cela super. C’est super pour le cinéma français, cela veut dire que l’on a un cinéma qui est vivant, ouvert à la vie, qui est engagé en même temps. Je trouve que c’est une bonne nouvelle. Quand on est un créateur, un artiste, un comédien, on ressent, on exprime des émotions qui sont absolument universelles et c’est cela qui se passe dans ces trois films.

Les chômeurs et les migrants, il y a vraiment un message politique derrière ce succès du cinéma français ?

On est dans un temps de difficulté économique - le chômage -, dans un temps de crise - les migrants on va parler de la Syrie dans quelques secondes -. Donc oui, le cinéma est en prise avec le réel, je trouve cela beau et en même temps c’est un art. Et puis j’aime beaucoup Vincent Lindon, c’est son premier prix et vraiment ce n’est que justifié. C’est super.

Il y a un autre homme que vous aimez beaucoup, c’est Alain Juppé. Alain Juppé est devant Nicolas Sarkozy selon un sondage Odoxa pour les primaires à l’UMP. Est-ce que vous souhaitez la victoire d’Alain Juppé à la primaire et à la présidentielle en 2017 ?

Je vais vous dire ce que je souhaite. Je souhaite que la prochaine présidentielle soit utile pour le pays c’est-à-dire que l’on puisse élire quelqu’un – Alain Juppé, de ce point de vue là c’est bien – qui va changer les choses, qui va structurer la politique différemment, qui fait qu’on va sortir de ce que l’on a depuis 30 ans – gauche contre droite, droite contre gauche – avec une impossibilité totale, au fond,  de gouverner et de réformer le pays. Le pays a besoin de réforme.

C’est vraiment Alain Juppé qui peut nous sortir de ce que l’on a depuis 30 ans ?

Écoutez, je pense que, grosso modo, on a de l’autre côté le Président de la République sortant et le président de l’UMP qui est l’ancien Président de la République qui veut redevenir président, ça ce sont des forces politiques dites traditionnelles. Si on peut aller au delà de cela, si on peut gouverner large et penser large, je pense qu’Alain Juppé peut le faire parce qu’il a, au fond, une forme d’engagement pour l’intérêt public, donc un désintéressement personnel je veux dire. Et donc je crois que oui, il pourra être l’homme de la situation. Après, il faut qu’il gagne les primaires, il faut qu’il prenne en compte les changements notamment institutionnels dont le pays, la France, aura besoin.

Mais vous le soutiendrez. Les Espagnols ont adressé un avertissement, hier, aux partis traditionnels, les mouvements citoyens des indignés ont réalisé une percée. C’est la fin du bipartisme en Espagne, pourquoi cela change ailleurs et pas en France ?

À cause du mode de scrutin. En France, on est le seul pays de l’Europe continentale qui a ce que l’on appelle le « scrutin majoritaire » qui fait que les deux partis – Parti socialiste et UMP – ont, vont avoir ou auraient la plupart des sièges à chaque fois qu’il y a une élection et à chaque fois qu’il y a le coup de balancier. Ceci ne peut plus marcher comme cela, ceci ne peut plus fonctionner, il y a une envie de la société française de faire bouger les choses et de toutes les sociétés européennes, on le voit en Espagne. Il va falloir que cela change en France, il va falloir que l’on réforme ce que l’on appelle le mode de scrutin. Aujourd’hui, on a deux partis principaux, c’est exactement comme en Espagne et qui représente près de la moitié des Français. Vous voyez bien que cela ne peut pas marcher, que l’on ne réforme pas et que l’on ne fait pas ce dont le pays a besoin.

Il y en a un troisième qui met peut-être fin au bipartisme, c’est le FN.

Oui. Je souhaite par exemple que le centre prenne cette place-là, que le centre prenne la place de l’alternative possible. Il faut qu’on libère un peu le monde politique de ce carcan. Les partis politiques traditionnels, je pense, doivent s’adapter à cette nouvelle donne.

Certains partis s’adaptent : l’UMP va changer de nom et de statuts cette semaine et va s’appeler « Les Républicains ». Vous, ce nom ne vous pose pas un problème pour ce parti ?

Je trouve que le mot « République » est un bien commun, le mot « Républicain » est un bien commun, quand on a quelque chose comme cela qui est un bien commun on ne s’en sert pas à des fins partisanes. Je suis militante, j’aime la politique, mais je n’aime pas l’esprit de parti et donc je n’aime pas quand on récupère, au fond, ce qui est le bien commun des Français. Je trouve que ce n’est pas très bien.

La réforme du collège, ça y est c’est fini, on ne va plus en parler beaucoup, c’est terminé elle a passé le cap Najat Vallaud-Belkacem. Il a fait une erreur, François Bayrou, en appelant à la mobilisation ?

Mais il a raison.

Il n’a pas été suivi.

Écoutez, on verra bien. Dire que c’est réglé et que c’est génial… Moi, j’entends tous vos « amis » éditorialistes qui commentent l’actualité, qui disent « Quand même, ils ont été très forts, ils ont passé un décret en pleine nuit donc, du coup, c’est réglé ». Je trouve que c’est exactement le contraire de la démocratie. Je trouve que cette réforme n’est pas bien inspirée. Quand vous dites qu’il y a 20 % de jeunes dans les classes bilingues et donc que l’on va les supprimer, il y a quand même quelque chose qui ne va pas. Si j’étais ministre, je voudrais faire en sorte qu’il y en ait 30-40-50-60-90 %, c’est-à-dire qu’il y ait l’excellence pour tous à l’école. C’est une réforme mal inspirée.

Vous y croyez encore à la mobilisation ?

Et la deuxième chose, on a une urgence, une seule urgence, c’est de faire en sorte que tous les élèves qui rentrent en sicième maitrisent l’écriture, la lecture, la compréhension, ce qui n’est pas le cas. Et c’est cela la question française de l’école.

Juste une question rapidement, avant de passer à la Syrie, sur le prélèvement de l’impôt sur le revenu à la source, Bruno le Roux dit que ce sera fait avant 2017, vous pensez que c’est une bonne idée ?

Moi, je suis pour depuis des années et des années et des années. Les Allemands le font, je trouve qu’au moins, on sait ce que l’on a sur la feuille de paie chaque mois, mais bon je suis prête à parier que l’on va nous expliquer que « Quand même, c’est plus compliqué que prévu et que l’on n’est pas sûr que… » Voilà. Donc j’ai quelques doutes.

L’État islamique contrôle désormais la moitié de la Syrie, à peu près toute la frontière irakienne. On parle ce matin de centaines de victimes civiles dans cette ville de Palmyre. Est-ce que la France a une part de responsabilité dans ce drame ? Est-ce qu’on a laissé faire ?

Je pense que l’on n’a pas tout à fait la bonne réponse dans la coalition internationale. Je pense que les frappes aériennes ne portent pas ses fruits, vous voyez bien ! Il y a quelque chose dont on ne parle pas assez – pour ne pas dire jamais - c’est qu’il y a un drame humanitaire complet en Syrie aujourd’hui. On a des millions de déplacés, on a des millions de réfugiés et il faut que – notamment la France – soit à ce rendez-vous là. Il faut aider les Nations Unies qui sont présentes sur place pour l’aide humanitaire. Je vous garantis qu’aujourd’hui nous ne faisons pas suffisamment, nous la France.

Concrètement qu’est-ce que cela veut dire ? Je vais vous poser une question simple : Est-ce que la France doit s’engager militairement au sol, avec pourquoi pas l’aide d’autres pays ?

Je vous réponds : premièrement, l’urgence humanitaire, dont on ne parle pas et dont il faut vraiment se saisir.

Cela ne va pas faire reculer l’État islamique.

Cela va peut-être faire reculer tous les Syriens qui auront envie de quitter leur pays. Je veux dire, aujourd’hui, on a près de deux millions de Syriens qui ne sont pas loin de la bande côtière. Deuxième extraordinaire préoccupation : l’armée islamique qui va arriver dans des terrains, dans des parties de Syrie où sont les minorités alaouites, chrétiennes. Troisième élément : je dis que la France a une chose à faire avec les grandes puissances occidentales, c’est de mettre la pression sur les acteurs régionaux – Arabie Saoudite et Iran, qui jouent un jeu avec la Turquie, c’est par ces trois puissances-là que l’on pourra peut-être arrêter le jeu à somme nulle qui est celui joué aujourd’hui.

Donc une action diplomatique.

Humanitaire d’abord.

Humanitaire et diplomatique. Pas d’intervention militaire sur place ? On laisse l’État islamique progresser par le Liban peut-être ? Vous êtes contre une intervention militaire au sol ?

Je ne suis pas contre parce que je ne parle pas de ces choses-là comme ça. Si l’on pouvait régler cela avec claquement de doigts, ça se saurait. L’intervention au sol, quand elle est gérée par les Kurdes, cela se passe bien. Si l’on n’avait pas détruit l’État irakien, si les Américains n’avaient pas contribué à la destruction  de l’État irakien, on n’en serait pas là non plus. On a mis Bachar el-Assad de côté, en même temps on n’a plus aucun levier ! On dit qu’il faut retrouver des leviers par ailleurs, qu’il faut continuer ce que l’on fait, probablement, il faut retrouver des leviers et mettre autour de la table la question des acteurs régionaux – Arabie Saoudite, Iran et Turquie –. Cette question est fondamentale aujourd’hui, car l’Arabie Saoudite et la Turquie arment l’opposition radicale en Syrie et donc on voit bien que l’on ne peut pas continuer comme cela, au moins faisons en sorte que ces puissance-là arrêtent ce jeu-là !

Merci beaucoup Marielle de Sarnez.

 

 

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