Affaire Tapie : "Cette spoliation du contribuable n'a pu se faire sans que l'Élysée soit informé"

François Bayrou était l'invité de la matinale de LCI, mercredi 30 janvier. Alors que le Parisien a fait sa Une sur "la nouvelle affaire Tapie", le président du Mouvement Démocrate a jugé que "ce détournement de centaines de millions d'euros" n'avait pu se faire "sans qu'il y ait eu une organisation".

Julien Arnaud – Bonjour François Bayrou. Des perquisitions ont été menées hier chez les trois juges de l'arbitrage rendu pour Bernard Tapie, procédure qui avait coûté plus de 400 millions d'euros au contribuable. Ce rebondissement vous étonne ?

François Bayrou - Je pense, depuis le premier jour de cette affaire, qu'il y a là un scandale d'État. Nous parlons de l'affaire Tapie, mais ce n'est pas Bernard Tapie la question. Il a toujours utilisé tous les moyens disponibles pour bâtir une fortune industrielle, par des démantèlements, etc. La question, c'est l'État. Normalement, il est fait pour défendre les contribuables, les citoyens et le droit. Or, depuis le premiers jours, dans cette affaire, c'est l'État qui a organisé en son sein une spoliation de l'argent des contribuables pour une somme absolument astronomique, trois fois l’Euromillions ! Tout cela n'a pu se faire sans que les plus hautes autorités de l'État – c'est-à-dire l'Élysée – n'aient été informées. Vous savez ce qu'est l'Élysée en France, surtout à cette époque là où il décidait de la moindre nomination.

Sauf que Christine Lagarde dit que ce n'est pas l'Élysée, ni Matignon, mais elle toute seule. Elle ment quand elle dit cela ?

Christine Lagarde dit qu'elle n'a jamais parlé de cela avec Nicolas Sarkozy. Je ne sais pas si c'est vrai, il est tout à fait possible que cela soit passé par d'autres canaux, que des conseillers et des cabinets aient reçu des instructions, tandis que le ministre a eu soin de ne pas être associé directement à cette affaire. Je ne sais pas qu'elle fut la contrepartie pour l'Élysée, mais je suis persuadé qu'on trouvera la réponse. Rendez-vous compte : il y a eu quarante-cinq millions d'euros de préjudice moral... pour quelque chose d'indéfendable !

Quelle est la responsabilité de Jean-Louis Borloo dans cette affaire ? Il a été ministre des Finances éphémère en 2007. On dit qu'il a poussé à cette formule de l'arbitrage et que Christine Lagarde n'a eu qu'à poser sa signature en bas du papier, à son arrivée.

En tout cas, cela a été très vite dans ces semaines là. Il est d'ailleurs impensable que l'État et le gouvernement, à cette époque, n'aient rien eu de plus urgent à faire que de mettre en place cet arbitrage. Pour le reste, je n'ai pas d'information précise, la Justice dira les choses. Il faut comprendre qu'on ne peut pas détourner des centaines de millions d'euros, sans qu'il y ait eu une organisation.

Pour vous, c'est un détournement ?

C'est une spoliation. On a pris l'argent du contribuable et on l'a donné de manière contraire au droit et au jugement de justice, selon moi et selon les juges. Comme vous le savez, il y a maintenant un réquisitoire supplétif : la Justice cherche dans la direction du faux et du détournement d'argent public. S'il y a eu une falsification ou une fraude, cela veut dire qu'il faudra que l'on rembourse le contribuable.

C'est pour cette raison, au fond, que vous n'avez pas voté Nicolas Sarkozy en 2012, plus que pour des raisons idéologiques ?

J'ai écrit en 2009 un livre qui s'appelle Abus de Pouvoir. Il disait qu'il y avait un certain nombre de manquements, que l'État et le pouvoir avaient organisé des entorses aux principes républicains et à la loi. J'ai fait en 2012 ma campagne électorale sur le thème de la moralisation de la vie publique. Je pense qu'il n'y avait pas de moralisation de la vie publique possible, s'il n'y avait pas d'alternance.

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