"A. Tsipras a été au rendez-vous des attentes de son peuple"

Les ministres des finances de la zone euro se réunissent aujourd'hui pour discuter des nouvelles mesures mises sur la table par Alexis Tsipras. Invitée de la matinale d'Europe 1, Marielle de Sarnez "ne voit aucun élément qui pourrait pousser l'Eurogroupe à donner une réponse négative au plan proposé".

Bonjour Marielle de Sarnez.

Bonjour.

La nouvelle de la nuit c’est le Parlement grec qui a donné son feu vert aux propositions de réformes de M. Tsipras. La balle est maintenant dans le camp de l’Eurogroupe qui doit se prononcer dans la journée. Cette crise grecque est-elle derrière nous ?

Attendez, ce n’est pas complètement fini, ce n’est pas complètement réglé. On attend aujourd’hui l’Eurogroupe, je ne vois franchement pas l'élément qui pourrait le pousser à ne pas donner une réponse positive au plan qu’a proposé Alexis Tsipras. Je veux dire d’ailleurs en passant,que ce qu’a fait Alexis Tsipras il y a maintenant deux jours, de proposer un vrai plan de réformes, c’est au fond le choix pour lui d’un chemin difficile mais d’un chemin de responsabilités et je lui en suis vraiment gré. 

S’est-il renié pour rester dans l’euro ?

Est-ce qu’il a mis de côté un certain nombre de ses engagements ? Oui. Vous savez, il y a eu cinq années très difficiles en Grèce, mais je lui donne acte de deux choses : il n’est pas responsable de la situation très dégradée de la Grèce – c’est 30 années de responsabilité conjointe de la droite et de la gauche qui l’a amenée là où elle est – et deuxièmement oui, il a choisi un chemin difficile mais très responsable.

N'a-t-il pas trahi les électeurs qui ont voté "non" au référendum ?

Non, il aurait trahi les électeurs s’il avait favorisé la sortie de la Grèce de la zone euro. Les électeurs, au fond, avaient envie de dire "non" dans un référendum parce qu’ils avaient, depuis cinq années, des choses à exprimer. En même temps, les Grecs avaient envie d’un bon accord, d’un bon deal avec les Européens, ils ne se voyaient pas sortir de la zone euro et de l’Europe et c’est eux qui avaient raison sur ce point-là.

Mais finalement à quoi a servi cette consultation ? Avec l’Europe souvent on consulte mais on ne tient pas compte des résultats. Les résultats des référendums sont souvent enjambés. Cela a été le cas en France, en Irlande, maintenant en Grèce. Est-ce que cela n’explique pas la montée des partis populistes finalement ?

On ne peut pas dire tout à fait cela, parce que le succès électoral qu’il a eu cette nuit au Parlement grec est très notable, il a eu une majorité extrêmement large.

251 députés sur 300 députés ont voté oui. 

Il a eu l’honnêteté de dire – ce serait bien que d’autres hommes politiques le fassent – que, oui, c’est vrai, il laissait de côté un certain nombre de ses engagements mais qu’en même temps, c’était cela le seul chemin possible pour la Grèce. Donc oui je trouve que c’est une attitude responsable. C’est un plan qui n’est pas similaire à ce qui s’est passé depuis cinq années. Bien sûr qu’il y a des mesures, en particulier fiscales, qui ne sont pas des mesures faciles, elles vont sans doute peser davantage sur ceux qui ont plus de moyens, qui sont plus aisés, que ceux qui ont moins de moyens. Mais, en même temps, il y a des réformes structurelles, par exemple la réforme de l’Etat et de la fonction publique et c’est extrêmement important. Il faut que ce plan soit durable, c’est-à-dire que l’on n’y revienne pas dans six mois ou dans deux ans. Et donc on a besoin d’investissements sérieux pour que la Grèce se dote d’une industrie qui soit productive, qu’elle cesse de tout importer y compris d’ailleurs ses tomates des Pays-Bas. La Grèce a des atouts solaires, éoliens, des gens qui savent travailler, elle peut faire beaucoup, il faudra l'aider.

Est-ce qu’Alexis Tsipras est l’homme qu’il faut pour mener ces réformes ? Est-ce qu’il est suffisamment fiable ?

Ecoutez, moi je vois qu’il fait face à la situation. Oui, il y a eu cinq premiers mois compliqués, il ne faut pas se le cacher.

Et un coup de théâtre avec ce référendum quand même il y a huit jours.

Il n'a pas été aidé d’ailleurs par M. Varoufakis. Souvenez vous que les Grecs voulaient organiser un référendum il y a de cela quelques années, que les Européens leur ont dit « on vous interdit de l'organiser ». Il a organisé le référendum, les Grecs avaient envie de dire « non » au fait qu'ils ont le sentiment qu'on leur donne des ordres depuis cinq ans, et en même temps – c'est comme cela, c'est complexe la vie – ils voulaient rester dans la zone euro et attendaient un accord. M. Tsipras a été au rendez-vous, je trouve, des attentes de son peuple, et c'est plutôt courageux de sa part. 

Marielle de Sarnez, question à présent sur le rôle de François Hollande dans cette crise. Il s'est positionné en conciliateur, a t-il été habile ? 

J'entends François Hollande dire depuis le début qu'il veut que la Grèce reste dans la zone euro et de ce point de vue là, je partage cet engagement qu'était le sien.

Cependant, je l'ai trouvé très absent de la scène politique française. Il n'est pas venu expliquer aux Français ce qu'il se passait depuis maintenant cinq mois, il aurait dû franchement au moins une fois ou deux fois par mois, tenir au courant l'opinion publique de ce qu'il se passait. Je pense qu'il y a eu de très nombreux rendez-vous ratés depuis cinq mois, avec le sentiment qu'ils avaient tous des arrières-pensées, les Européens d'un côté et les Grecs de l'autre. Il y a eu une opacité terrible dans ces négociations pendant les cinq derniers mois, ce qui n'a pas du tout été utile pour la Grèce et pour l'Europe. 

Mais on ne pouvait pas tout mettre sur la place publique ?

C'est très bien de mettre les choses sur la place publique. Quand vous voulez arriver à un accord, c'est intéressant de prendre les opinions publiques européennes à témoin et de leur dire « voilà les points sur lesquels nous convergeons, voilà les points sur lesquels nous divergeons ». Ainsi les choses sont dites et les choses sont claires.

Le plan qu'a posé Tsipras sur la table a eu au moins le mérite d'être public dans les minutes qui suivaient. Vous avez pu le lire, j'ai pu le lire, on le connait, on voit ce qui a été ajouté. C'est extrêmement important pour le débat démocratique.

Qu'avez-vous pensé des prises de parole diverses de la droite à l'occasion de cette crise ?

J'ai pensé que la classe politique était dans une grande confusion à l'occasion de cette crise, mais, qu'au fond, on voyait les arrières-pensées des uns et des autres : c'est-à-dire, une droite très raide à l'égard de M. Tsipras qui, à un moment s'est réjouie de ce qu'on appelle le Grexit – expression d'ailleurs que je n'aime pas – parce que ce qu'ils disaient c'était « ras le bol de payer pour les Grecs, ras le bol de la solidarité », c'est-à-dire, pour moi, l'inverse de ce qu'est ou devrait être l'idée européenne. L'idée européenne s'est d'abord l'idée de solidarité.

Mais on a déjà beaucoup donné aux Grecs, non ?

D'abord on n’a pas donné, on a prêté. Ce n'est pas un argent que l'on sort de notre poche, c'est un argent que l'on emprunte - moins cher que les Grecs s'ils devaient l'emprunter - sur les marchés.

Mais qu'on ne reverra pas forcement à l'arrivée.

Vous n'en savez rien. Moi, j'espère qu'on le reverra. J'espère que l'on va enfin regarder la question d'une manière pas seulement comptable, il faut la regarder avec des règles parce que, bien sûr, l'argent que l'on prête doit être remboursé, même si l'on peut rééchelonner la dette.

Mais qu'est-ce qui est important au fond ? C'est de redresser durablement la Grèce, d'aider ce pays à se doter d'une industrie qui produise enfin de la croissance chez elle et d'arrêter de tout importer. C'est cette question qui est sur la table et qui n'a pas été traitée depuis les cinq dernières années par les plans et depuis les trente dernières années par la droite et la gauche qui se sont succédées au pouvoir en Grèce.

Mais pour le temps à venir, vous êtes relativement optimiste. L’Eurogroupe n'a plus le droit de dire « non » ?

Je trouve que les conditions sont vraiment remplies pour un bon accord.

Marielle de Sarnez merci beaucoup. Bonne journée.

Merci à vous.  

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