"À Bruxelles, nous avons disparu du champ agricole, c'est un crève-cœur"
"Les principaux responsables de la crise agricole, ce sont les dirigeants français qui ne se sont pas battus là où se préparent les décisions. Moi, je suis pour que l'on livre la bataille", a affirmé le président du MoDem lors de sa visite, jeudi, au Salon de l'agriculture.
Par Julien Chabrout (Le Figaro)
Le hasard fait parfois bien les choses. En visite au Salon de l'agriculture jeudi, François Bayrou a croisé le chemin d'Alain Juppé. Devant une nuée de caméras et de photographes, le président du MoDem et le candidat des Républicains à la primaire se sont chaleureusement salués et ont échangé quelques mots. « On s'est dit que l'on était content de se voir et que l'on allait s'appeler pour discuter de deux ou trois sujets » , raconte François Bayrou.
Depuis septembre 2014, le maire de Pau affirme qu'il est prêt à aider Alain Juppé pour la présidentielle, mais qu'il sera « libre » de se présenter en 2017 si le maire de Bordeaux échouait à la primaire. « Quand j'ai une position, je n'en change pas » , rappelle François Bayrou, alors que le député MoDem Jean Lassalle dit lui aussi réfléchir à une candidature à la présidentielle. Pour François Bayrou, une élection d'Alain Juppé serait « l'occasion de changer la vie politique française » .
En attendant de prendre sa décision pour 2017, le patron du MoDem a de nouveau pris plaisir à parcourir pendant plus de cinq heures les stands du célèbre événement annuel de la Porte de Versailles, dont il est un habitué. François Bayrou a commencé sa visite par un entretien avec le président de la toute-puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Xavier Beulin. L'occasion de délivrer un message qu'il martèlera devant chaque interlocuteur, notamment la Confédération paysanne : c'est à l'échelle européenne que se joue la bataille. Et c'est à Bruxelles que la France a perdu le combat, estime le maire de Pau. « Nous sommes devenus totalement absents du champ de définition de la PAC (politique agricole commune) » , a regretté Bayrou devant Beulin. Il déplore la perte d'influence de l'agriculture française. « Il y a encore une quinzaine d'années, la France était le pays le plus influent de la PAC. À Bruxelles, nous avons disparu du champ agricole, c'est un crève-coeur » , a-t-il ajouté. Il poursuit : « Ils (l'exécutif français) se sont battus pour nommer Pierre Moscovici commissaire européen, ils ont lâché tout le reste. »
« Le vrai peuple »
Comme il l'avait indiqué dimanche dans une interview au Parisien , Bayrou a déploré qu'aucun Français ne fasse partie du cabinet du commissaire européen chargé de l'Agriculture, l'Irlandais Phil Hogan.
« Les principaux responsables de la crise agricole, ce sont les dirigeants français, qui ne se sont pas battus là où se préparent les décisions. Moi, je suis pour que l'on livre la bataille » , a expliqué l'ancien candidat à la présidentielle, accompagné par plusieurs élus de son parti, dont les députés européens Marielle de Sarnez et Robert Rochefort, ainsi que la sénatrice Jacqueline Gourault.
Multipliant poignées de main, embrassades et photos avec les passants, particulièrement avec les enfants, Bayrou a reçu un bon accueil. « Ici, au Salon de l'agriculture, c'est le vrai peuple » , a-t-il lancé. « C'est l'un des rares lieux où l'on trouve les Français dans leur diversité » , a-t-il estimé, non sans rappeler ses origines familiales. « Je suis issu du milieu agricole. Cela crée un lien de sincérité » , a estimé ce fils de paysans, lui-même éleveur. Et permet, aussi, d'éviter broncas, huées et autres remarques désobligeantes d'agriculteurs inquiets pour leur avenir, comme l'a vécu François Hollande samedi dernier.