Parité : "Toutes les femmes et tous les hommes politiques doivent agir ensemble"

Image n°199

Marielle de Sarnez, députée européenne, a exposé sa vision de la parité, dans une contribution à l'ouvrage "Femmes Hommes, Enfin l’égalité ?", publié début février.

Quelques chiffres...

Egalité hommes-femmes, ou plutôt, encore et toujours, inégalités flagrantes… Avec toujours les mêmes statistiques : la France au 60ème rang dans la représentation des femmes à l’Assemblée Nationale, derrière le Pakistan et les Emirats arabes unis, et au 18ème rang européen ; avec à peine 15% de femmes au sein des entreprises du CAC 40, et, cerise sur le gâteau, Anne Lauvergeon, unique femme patronne d’une multinationale française, unique patronne du CAC 40, débarquée en juin 2011…

Détournement de la loi

Illustration supplémentaire, comme une nouvelle désillusion, les élections sénatoriales de septembre dernier, avec 76 femmes élues, contre 75 auparavant. Une sénatrice de plus en trois ans, malgré la loi constitutionnelle, celle de la réforme du 23 juillet 2008, qui dit pourtant en toutes lettres : " la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales ". C’est à désespérer de la force de la loi, de cet esprit de la loi l’on contourne aussi facilement.

Le sommet de l'Etat donne le plus mauvais exemple 

Autre exemple, pris au sommet de l’Etat ; après des remaniements ministériels successifs, le gouvernement de François Fillon, qui comptait - et c’était déjà insuffisant – 34 ,4 % de femmes en 2007, n’en compte plus que 26,5 %. Désespérant que ce premier constat sur la non-parité politique, domaine ou l’on peut faire, sans rencontrer d’obstacle ; il suffit juste de le vouloir et de le décider ! Rien d’anodin dans tout cela, car la politique porte des symboles, passe des messages. En l’occurrence, les plus mauvais messages. Pas seulement en direction des Français, car l’image que nous donnons de la France est une image tristement rétrograde.

A qualifications et compétences egales, statuts et salaires égaux 

La France dans les plus mauvais classements mondiaux. Mais le plus grave, c’est la société Française elle-même, avec des chiffres qui disent les quelques mètres parcoururent en un peu plus de deux siècles, depuis la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791, premier grand symbole du combat pour l’égalité, et la distance qui nous sépare du jours où l’on pourra dire " mission accomplie ".

Deux fois plus de CDD que les hommes ; 80 % de temps partiel 20 % des emplois de direction de la fonction publique d’Etat, 18% d’emploi de direction dans la territoriale ; un écart de salaire de 20 % dans le secteur privé et , dans la fonction publique d’Etat, le salaire moyen des femmes qui reste inférieur de 14% à celui des hommes … Et pourtant, l’Etat peut donner, doit donner l’exemple. Voilà pourquoi et comment, avec de si médiocre résultat le World Economic Forum place la France 5ème puissance économique mondiale, au 127 ème rang mondial pour les écarts salariaux entre hommes et femmes, pratiquement en fin de classement ! Alors même qu’en 25 ans, les femmes ont creusées l’écart en ce qui concerne le niveau d’étude, avec 51 % disposant d’un diplôme de l’enseignement supérieur contre 37 % pour les hommes.

Femmes et jeunes : cumul des handicaps 

Et il y a le plus choquant, car tout se tient : la pauvreté qui frappe les femmes plus que les hommes, avec 2,3 millions de femmes pauvres et 32 % de familles monoparentales ; la violence sexuelle, physique, verbale, car pour reprendre la très juste expression de l’étude de l’INSEE de février 2008, " être une femme expose, être femme et jeune surexpose ", les femmes étant deux fois plus souvent agressées physiquement au sein du ménage, et trois fois plus souvent victime d’attouchements ou de rapports sexuels forcés à l’extérieur comme à l’intérieur du ménage. Et pour ce référé une fois encore à cette étude : " les injures proférées contre les femmes ont la particularité d’être de nature sexiste une fois sur trois, contre moins d’un fois sur vingt pour les hommes ".

Renforcer et faire réellement appliquer les lois sur l'égalité salariale et contre les violences faites aux femmes 

Davantage sanctionner les abus :

Il faudra renforcer les lois ou les changer si cela s’avère nécessaire. Je pense évidemment à l’égalité salariale, qui doit désormais s’imposer, quitte à pénaliser les entreprises coupables de discriminations. Je pense au contrat de travail à durée déterminée qui ne devrait plus exister et au contrat à durée indéterminé qui devrait être la règle. Je pense à l’abus du temps partiel, en particulier dans certaines branches comme la grande distribution, qui ne devrait plus être toléré.

Une loi cadre pour les violences conjugales :

Dans la lutte contre la violence, notamment l’enfer de la violence conjugale, il faudra aller plus loin encore, que le plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes 2011-2013, avec l’adoption d’une loi cadre, pour marquer les esprits et signifier l’implication de tous les pouvoirs – exécutif législatif - judiciaire - , inspiré de ce qui s’est fait en Espagne : amélioration de la formation des acteurs sociaux, médicaux et judiciaires à l’accueil et au soutient des femmes victimes de violences conjugales ; sensibilisation des jeunes toutes les formes de violence ; création d’appartements refuges ; facilités accordées au juge pour écarter le conjoint violent des lieux fréquentés par la victime, et l’astreindre à un suivi médical.

La "clause de l'Européenne la plus favorisée" 

Le 23 février 2010 l’Assemblé Nationale a adoptée, à la quasi-unanimité, la proposition de résolution européenne visant à promouvoir l’harmonisation des législations européennes applicables au droit des femmes, dites " clause de l’Européenne la plus favorisée ". Un pas symbolique, une impulsion qu’il nous appartiendra de décliner, dossier après dossier. Une manière incontournable et efficace de faire avancer avec un coup d’accélérateur, l’égalité hommes-femmes.

Respecter la parité en politique 

Féminiser les grandes institutions et le sommet de l’administration :

Enfin, dernier point qui est, pour nous, femmes et hommes politiques, une obligation morale, s’il en est, il faudra désormais respecter la parité dans la représentation politique comme dans les nominations qui relève de l’exécutif et bien sur au delà. Dans les postes de responsabilité de l’administration, dans les grands organismes. Quand on voit que les trois dernières nominations au conseil constitutionnel, en Février 2010, n’ont été que masculine, comme si il n’y avait pas, en France, à qualité égale, à compétence égale, des femmes susceptible d’être nommées…

Modifier les modes de scrutin :

Dans la représentation politique, il n’y a qu’un moyen efficace d’organiser la parité, c’est de mettre une dose de proportionnelle à l’assemblé nationale, pour en faire un parlement qui ressemble enfin au pays. Changer la loi électorale, se sera la seule façon d’arriver un jour à la parité réelle à l’Assemblé. Tout le reste, y compris les lois qui, à juste titre, pénalisent les partis ne respectant pas la parité, ne règlera en rien cette question, tant l’UMP comme le PS préféreront toujours payer des amendes plutôt que de sortir leur sortants!

La responsabilité des femmes politiques, quelle que soit leur opinion, leur sensibilité politique, ou leur parcours personnel, c’est d’agir ensemble pour que cette évidence qu’est légalité entre les hommes et les femmes devienne enfin réalité. C’est en tout cas l’engagement que je prends ici. Voilà ce que nous avons à faire. Voilà les engagements qui seront les nôtres pour 2012.

Mes propositions 

Pour l’égalité salariale :

1. Renforcer les lois sur l’égalité salariale, quitte à pénaliser financièrement les entreprises coupables de discrimination

2. Supprimer les contrats à durée déterminés et faire des contrats à durées indéterminées la règle

3. Lutter contre l’abus du temps partiel, en particulier dans certaines branches comme la grande distribution

Contre les violences faites aux femmes :

1. Adopter une loi cadre pour lutter contre la violence conjugale, inspirée de ce qui s’est fait en Espagne

2. Améliorer la formation des acteurs sociaux, médicaux et judiciaire à l’accueil et au soutient des femmes victimes de violences conjugales. - Sensibiliser les jeunes à toutes les formes de violence

3. Créer des appartements refuges

4. Accorder des facilités au juge pour éloigner le conjoint violent des lieux fréquentés par la victime et l’astreindre à un suivi médical

5. Respecter la parité dans les nominations qui relèvent de l’exécutif et dans les postes de responsabilités de l’administration et des grands organismes

6. Introduire une dose de proportionnelle pour l’élection des députés

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par