Maud Gatel : "La reconnaissance de l'Holodomor comme génocide éclaire tristement ce que vivent nos amis Ukrainiens"

Maud Gatel, Députée de Paris et Secrétaire Générale du Mouvement Démocrate, est intervenue lors du vote de la reconnaissance et de la condamnation de l'Holodomor, génocide perpétré en Ukraine par l'URSS. Retrouvez son intervention.

Monsieur le Président de la Commission des Affaires étrangères, Monsieur l'Ambassadeur, mes chers collègues,

Le passé rejoint aujourd'hui le présent. Oui, le passé rejoint aujourd'hui le présent car nous étudions une proposition de résolution transpartisane à l'initiative de ma collègue Anne Genetet, sur la reconnaissance de l'Holodomor comme génocide, qui éclaire si tristement ce que vivent depuis le 24 février dernier nos amis ukrainiens.

C'est aussi face aux atrocités du présent que l'on prend conscience de l'importance de se confronter et de reconnaître les faits du passé.

L'Holodomor, littéralement l'extermination par la faim, qui a frappé l'Ukraine il y a 90 ans et l'histoire méconnue d'une tragédie orchestrée par le régime totalitaire soviétique. Ce crime de masse a délibérément ciblé les paysans ukrainiens et, à travers eux, l'ensemble de la nation ukrainienne dans la volonté de l'anéantir.

L'Holodomor est longtemps demeuré tu, dissimulé par le pouvoir stalinien, mais également par les populations victimes durablement traumatisées. Il a également fait l'objet d'arbitrages géopolitiques, d'aucuns privilégiant la construction d'une paix inachevée aux dépens de la reconnaissance des crimes passés.

Cette famine organisée par le totalitarisme stalinien pourraient avoir causé plusieurs millions de morts en Ukraine, jusqu'à 10 millions si l'on tient compte des victimes hors du territoire ukrainien, notamment au Kazakhstan.

Des millions de victimes mortes de faim, résultat de l'échec de la politique de collectivisation forcée lancée par Staline au début des années 30 pour moderniser l'URSS. Les résultats également de mesures délibérées visant à affamer le peuple ukrainien.

Le régime soviétique a ainsi prélevé dans le grenier à blé de l'Europe d'énormes quantités de grains et, face à la résistance des Ukrainiens, Staline et son entourage ont décidé d'accentuer la répression interdisant l'exode des familles ukrainiennes qui tentaient de fuir vers les villes pour trouver de quoi se nourrir.

Alors que Vladimir Poutine n'hésite jamais à instrumentaliser l'Histoire pour justifier sa guerre et renforcer son pouvoir, la reconnaissance et la condamnation de l'Holodomor en tant que génocide revêtent une importance toute particulière, sans instrumentaliser, avec toutes les arrière-pensées possibles, le droit international.

Si la réalité de la famine est reconnue désormais, la question de sa qualification peut demeurer. Pas pour nous qui assumons de parler de génocide dans la lignée des historiens comme Andrea Graziosi, Barbara Martin, Nicolas Werth ou Roman Serbyn.

Bien sûr, tous les génocides ne sont pas identiques, mais ils ont bien des caractéristiques communes. Outre les faits, des millions de morts par la famine, l'intentionnalité des actions menées par Moscou suffisamment et indiscutablement documenté démontre le caractère génocidaire de la Grande famine.

Ces actions savamment orchestrées constituent une volonté délibérée du pouvoir soviétique de punir et d'exterminer la nation ukrainienne en tant qu'ensemble politique, parce que son opposition à sa politique menaçait l'unité et l'existence de l'URSS.

Raphael Lemkin, l'inventeur du terme génocide, comme l'a rappelé à Anne Genetet, parlait de trois génocides : le génocide arménien, la Shoah et l'Holodomor. Il considère que l'intention de Staline était bien l'anéantissement de la nation ukrainienne, à travers d'abord la destruction de l'intelligentsia ukrainienne, de l'Église, puis des paysans à travers la famine organisée.

Comme le Parlement européen et presque 30 parlements nationaux avant nous, j'aurais aimé que notre Assemblée reconnaisse et condamne unanimement cette tragique page de l'Histoire pour ce qu'elle est : un génocide, car ce devoir nous incombe pour honorer la mémoire des victimes de ce crime de masse.

Cette reconnaissance doit s'accompagner également d'une ouverture des archives. Les Historiens doivent pouvoir continuer de documenter les faits pour que l'Holodomor ne soit plus un angle mort de l'Histoire.

Le moment où intervient l'examen de cette proposition de résolution n'est évidemment pas anodin et nous l'assumons.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, reconnaître et condamner le génocide de l'Holodomor constitue un soutien au peuple ukrainien dans la reconnaissance des crimes de masse perpétrés à son endroit par le régime soviétique, mais c'est aussi un puissant message politique que nous envoyons à l'Ukraine pour la soutenir dans sa résistance face à l'agresseur russe.

Pour toutes ces raisons, le Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants) mvotera en faveur de cette résolution.
 

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