François Bayrou : "Je suis persuadé que la haine ne triomphera pas"

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A quelques jours de l’ouverture de la 9e édition des Idées mènent le monde (du 1 au 3 décembre) à Pau, avec pour thème “Nos raisons d’espérer”, le maire de Pau et Président du Mouvement Démocrate François Bayrou explique pourquoi il est important de rester optimiste au coeur des tourmentes pour La République des Pyrénées.

Avant d’aborder les raisons d’espérer, l’état du monde ne donne-t-il pas d’abord de solides raisons de désespérer ?

Le sujet que nous avons choisi est un sujet volontairement à contretemps. Mais ce sont toujours ceux qui refusent le désespoir et la résignation qui, au bout du compte, ont raison. L’histoire des hommes, au féminin comme au masculin, c’est l’histoire d’une révolte contre la fatalité, contre des forces qui paraissent incontrôlables et irrésistibles et qui nous obligent constamment à nous dépasser dans un mouvement profond de confiance. Jean Monnet a dit : « Je ne suis pas optimiste, je suis déterminé ». Et nous, nous sommes déterminés à croire que, même aujourd’hui, l’espoir doit avoir toute sa place.

Mais le danger n’est-il pas de se bercer d’illusion ?

Je déteste les illusions. Mais je crois que l’on peut avoir une volonté, et même des rêves. Si l’on suivait les pessimistes, il n’y aurait plus, aujourd’hui, qu’à s’asseoir au bord de la route et pleurer. Mais il se trouve que ce n’est pas en pleurant qu’on élève les enfants. Ce n’est pas non plus en pleurant qu’on les fait naître, qu’on les fait grandir, qu’on les éduque. La seule attitude humaine possible, c’est de prendre son sac sur le dos et d’avancer. Et d’avancer en riant, tant que possible. Il y a dans cette attitude un défi, mais un défi bienfaisant.

L’idée qu’on renonce à vivre, à faire des enfants (ce qui est fréquent aujourd’hui), pour moi, c’est une démission. Nous sommes dépositaires d’un certain nombre d’idéaux. L’égalité, c’est une construction. La fraternité, c’est une conquête. Je refuse de baisser les bras. Je l’ai toujours refusé et je le refuserai toujours.

Quelles sont, en ce qui vous concerne, vos propres raisons d’espérer ?

Je crois que l’amour est plus fort que la haine. Je pense que la détestation et la rancœur sont des sentiments empoisonnants, comme un poison qui coule dans vos veines, un poison dans lequel on se noie sans la moindre chance de s’en sortir. Mes raisons d’espérer, ce sont les enfants que nous mettons au monde, ceux que nous éduquons, ceux qui nous tiennent la main quand ils sont tout petits et qu’ils ont leurs menottes autour de nos doigts. Ils sont tous porteurs d’un potentiel incroyable si nous savons leur accorder ce qu’ils méritent d’attention, d’éducation et d’amour. Et puis, au fond de moi, je suis persuadé que la haine ne triomphera pas… Elle connaît des victoires qui paraissent éclatantes, mais au bout du compte, un jour, elle finit par perdre.

L’Espoir, c’est le titre d’un roman de Malraux sur le début de la guerre d’Espagne. C’est aussi une chanson de Léo Ferré avec cette sorte de définition : « Un habit de lumière à l’ombre du chagrin ». Vous souscrivez ?

C’est quelque chose de profondément juste. Espérer, cela ne veut pas dire ne pas éprouver le chagrin de l’absence, l’arrachement de la mort, et les innombrables défaites que subissent les défenseurs des idéaux. L’espoir ne veut pas dire que l’on ferme les yeux. C’est au contraire voir tout le noir du monde et choisir de regarder la lumière au bout du tunnel. Et pas seulement la regarder, mais faire ce qu’il faut pour qu’elle triomphe.

Beaucoup de craintes émergent avec l’avènement de l’intelligence artificielle. Est-elle pour vous un motif d’espoir ?

Oui. Quand l’humanité a découvert l’écriture, puis l’imprimerie, la transmission électrique puis électronique de la voix et de l’image, à chaque fois, cela a été un défi et cela a provoqué d’incroyables pas en avant. Et dans cette technique qui réside dans la capacité à analyser un nombre incroyable d’informations et de les rassembler pour que soient générés des textes et des signaux sonores ou visuels, il y a d’incroyables progrès en gestation. L’IA, par exemple en médecine, en immunothérapie, va jouer un rôle inimaginable dans les 10 ans qui viennent. Et ce sera la même chose au niveau écologique avec la maîtrise d’énergies plus abondantes et plus propres. Cela va changer le monde, et à nous d’être dans ce monde nouveau des porteurs d’humanité. C’est dire l’immense responsabilité qui va reposer sur les générations à venir.

Après Claude Lelouch l’année dernière, Costa-Gavras est une des têtes d’affiche de ce cette nouvelle édition des Idées mènent le monde. Que représente-t-il pour vous ?

Écrire avec de la lumière en mouvement, ce qui est le sens du mot cinématographie, cela a apporté pour moi une nouvelle dimension chez les êtres humains. On dit du cinéma que c’est le septième art, mais probablement qu’il est aujourd’hui un des tout premiers dans la perception de nos contemporains. J’admire beaucoup la capacité de création de ceux qui n’en font pas seulement une expression artistique, mais aussi un combat humaniste, ce qui est le cas de Costa-Gavras.

Pour finir, qu’espérez-vous de cette 9e édition des Idées mènent le monde ?

Cette œuvre magnifique qui dure depuis bientôt 10 ans et place notre ville et ses concitoyens de Pau et du Béarn au cœur des grands débats, c’est pour tout le monde encourageant, un booster comme in dit. Cela veut dire que nous pouvons être au cœur des échanges, que nous pouvons être un lieu de reconnaissance. Et chaque fois que des femmes et des hommes, qui ont des expériences de vie et de création incroyables, se rencontrent et nous rencontrent, alors tout le monde y gagne.

Retrouvez l'entretien complet sur La République des Pyrénées

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